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L’Egypte, porte-drapeau de l’Afrique

Aliaa Al-Korachi , Mercredi, 21 septembre 2022

L’Egypte accueille en novembre la 27e Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique (COP27). Ce grand rendez-vous présente une opportunité particulière pour l’Afrique, afin de limiter les effets du réchauffement climatique.

L’Egypte, porte-drapeau de l’Afrique

Le soleil, symbole de la culture africaine, embrasse le disque solaire Aton aux rayons se terminant par des mains tendues. Tel est le logo officiel de la COP27 qui incarne la naissance d’un nouvel horizon. Cinq ans après la (COP22) de Marrakech, c’est à nouveau au tour de l’Afrique d’organiser la 27e Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique, qui aura lieu du 6 au 18 novembre à la station balnéaire de Charm Al-Cheikh, sur la mer Rouge.

Depuis sa désignation, l’Egypte s’active pour préparer ce grand rendez-vous du climat. Et ce, sur plusieurs niveaux : diplomatique, logistique et technique. La COP27 devra accueillir 120 chefs d’Etat et plus de 30000 experts et spécialistes de l’environnement. Portant la voix d’Afrique, l’Egypte cherche à développer une vision africaine unifiée. « L’Egypte ne ménagera aucun effort lors de sa présidence de la COP27 pour inciter les pays industrialisés à tenir leurs promesses de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre et d’indemniser les pays en développement déjà victimes du réchauffement climatique », a déclaré le premier ministre et président du Conseil national pour le changement climatique, Moustapha Madbouli, lors du lancement de la stratégie nationale pour les changements climatiques en Egypte 2050, la semaine dernière. Cette stratégie, lancée dans le cadre des préparatifs de la COP27, vise à établir un écosystème intégral et durable qui renforce les capacités de l’Etat à faire face aux différents dangers climatiques.

A l’approche de la COP27, l’Egypte a lancé d’autres initiatives. Elle a formé, en novembre 2021, un comité suprême pour la préparation de l’accueil de la conférence, dirigé par le premier ministre, Moustapha Madbouli. Ce comité est chargé de formuler des propositions qui seront lancées en marge de la conférence dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et de l’eau. En ce qui concerne la logistique, le comité s’apprête à lancer dans les jours à venir le site Web officiel de la conférence. Par ailleurs, le processus de transformation de Charm Al-Cheikh en ville verte bat son plein (voir page 5). 30 bus électriques seront mis en service dans la ville avant la tenue de la conférence. En même temps, les consultations se poursuivent entre la présidence britannique de la conférence sur le climat COP26 et la présidence égyptienne de la COP27 sur divers thèmes concernant la conférence.

Les effets de la crise en Afrique

Selon un rapport publié le 8 août par le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), l’activité humaine est responsable de l’accélération du réchauffement climatique à un rythme sans précédent depuis au moins 2000 ans. En conséquence, les Nations-Unies ont élaboré 5 scénarios d’émissions possibles de gaz à effet de serre jusqu’en 2050 : émissions très faibles, faibles, moyennes, élevées ou très élevées.

Les pertes économiques dues à ces émissions se sont chiffrées en moyenne à 3,7 milliards de dollars entre 1970 et 2019, tandis que les pertes annuelles sont estimées entre 140 et 300 milliards de dollars. Les pays en développement, en particulier les pays africains, sont les plus affectés, même si le continent est à l’origine de moins de 4 % des émissions de carbone. Le réchauffement coûte à l’Afrique entre 7 et 15 milliards de dollars par an. Selon le rapport annuel de la Banque mondiale en 2021, « en l’absence d’une action mondiale concertée pour maintenir le réchauffement à moins de 1,5oC, un soutien doit être apporté aux pays africains en termes d’outils et de capacités nécessaires pour intégrer la résilience climatique indépendamment des énormes investissements nécessaires pour combler les écarts de développement ».

Qu’attend l’Afrique de la COP27 ? Selon Amira Abdel-Halim, spécialiste des affaires africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, La COP27 présente une opportunité particulière pour l’Afrique. « Les pays africains attendent plus que jamais la matérialisation de l’engagement pris par les pays riches de financer à hauteur de 100 milliards de dollars par an leurs actions de lutte contre le changement climatique », dit-elle, et d’ajouter que « cette rencontre sera une occasion de présenter les menaces et les risques qu’encourent les pays africains, en particulier dans les régions les plus touchées par les répercussions du changement climatique et de présenter les visions africaines sur les mécanismes d’adaptation au changement climatique. Il est en outre une occasion pour rechercher des mécanismes africains, pour financer les efforts de lutte contre les effets du changement climatique et de rencontrer les bailleurs de fonds internationaux (Etats et entreprises), dont certains contribuent en grande partie au réchauffement climatique » (voir page Panorama).

Les priorités d’action

Selon Mahmoud Mohieldin, nouvellement nommé champion de haut niveau de l’Onu pour l’action climatique d’Egypte, « ignorer le changement climatique aura des conséquences dangereuses. La succession des crises récentes de la pandémie à l’inflation, la stagnation, l’endettement croissant et la guerre en Ukraine n’ont pas rendu le changement climatique moins périlleux. Lutter contre la crise climatique est plus urgent et essentiel que jamais. Les solutions sont toujours disponibles parce que l’argent, les connaissances et les technologies existent pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C. Mais la mise en oeuvre de telles solutions nécessite d’énormes financements, une politique intégrée capable de les mettre efficacement en oeuvre », a écrit Mohieldin dans un article publié à Al-Ahram. Et d’ajouter: « Le choix du lieu pour la tenue de la COP27 à Charm Al-Cheikh est excellent, compte tenu de la civilisation ancienne de ce pays, de sa culture arabe et de ses racines africaines, de son influence parmi les pays en développement, et son réseau de relations amicales à travers la Méditerranée et dans le monde ».

Mohieldin a expliqué dans son article les priorités d’action de la COP27: adopter une approche intégrée qui nécessite de trouver un équilibre entre les mesures d’atténuation du changement climatique (réduction des émissions nocives) et les mesures d’adaptation au changement climatique (modification des comportements et des systèmes), afin de garantir une application efficace et équitable des politiques et éliminer la pauvreté. La participation du secteur privé au financement des investissements dans l’action climatique est essentielle en raison des niveaux élevés d’endettement qui limitent les ressources que les gouvernements peuvent allouer à la recherche, à l’innovation et au développement. « Un seul pays, surtout avec une petite économie, n’a pas les ressources pour faire cavalier seul », conclut-il.

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