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Le mil à l’honneur

Racha Darwich , Samedi, 11 février 2023

L’Assemblée générale des Nations-Unies a proclamé 2023 « année internationale du mil », une céréale originaire d’Afrique qui constitue un aliment de base pour des centaines de millions d’Africains.

Le mil à l’honneur

« L’année internationale du mil sera l’occasion de sensibiliser et de porter l’attention des politiques sur les bienfaits du mil au regard de la nutrition et de la santé, ainsi que sur l’aptitude de cette plante à être cultivée dans des conditions difficiles et instables. Elle servira en outre à promouvoir la production de mil et à faire valoir que cette céréale pourrait ouvrir de nouveaux débouchés commerciaux durables non seulement au profit des producteurs, mais aussi des consommateurs », a écrit l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur son site à l’occasion du lancement officiel de cette année internationale. Le mil est une céréale très répandue dans le continent, notamment dans les régions arides d’Afrique subsaharienne. Le mot mil désigne en général la variété de millet appelée « millet perle » à cause de la taille des graines, petites et rondes, de cette céréale qui représente 50 % des surfaces consacrées au mil en Afrique. Il comprend également un large éventail de céréales comme le mil à chandelle, le millet commun, le millet des oiseaux, le millet à grappe, le petit millet, le millet indigène, le millet brun, le finger millet, le millet de Guinée, ainsi que le fonio, le sorgho (ou gros mil) et le teff. Selon les chiffres de la FAO, la production mondiale de mil a atteint 30,5 millions de tonnes (Mt) en 2020, dont 45 % en Afrique.

L’Inde est le premier producteur mondial avec 12,5 Mt, suivie du Niger (3,5 Mt), de la Chine (2,2 Mt), du Nigeria (2 Mt), du Mali (1,9 Mt), de l’Ethiopie (1,2 Mt) et du Sénégal (1,1 Mt). Globalement, l’Afrique de l’ouest a produit 10,2 Mt en 2020, soit 77 % de la production africaine et 33 % de celle mondiale.

Le mil et les ODD

Selon les Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l’Onu, il est possible en intégrant ou en développant la production de mil dans des systèmes agroalimentaires locaux de faciliter la transition vers des systèmes plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables. Ce qui permet d’améliorer la production, la nutrition et les conditions de vie tout en préservant et améliorant la vie terrestre locale.

En effet, le mil fournit un couvert végétal dans les zones arides et réduit ainsi la dégradation des sols, favorise la biodiversité et contribue à la restauration durable des sols. Le mil contribue grandement à la production d’aliments nutritifs dans des conditions climatiques défavorables. En accroissant durablement sa production et sa consommation, le mil peut donc jouer un rôle essentiel pour atteindre la sécurité alimentaire mondiale. Le mil est une céréale très nutritive. Il contient de 60 à 70 % d’amidon, de 4 à 6 % de lipides, la plus élevée parmi les céréales, ainsi que de 6 à 20 % de protéines, soit le même taux que le blé. Il est très riche en vitamines B, acide folique, calcium, fer, potassium, magnésium et zinc. Ses protéines contiennent aussi plus de lysine et de tryptophane (acides aminés essentiels) que dans les autres céréales. En outre, cette céréale ne contient pas de gluten. Elle est riche en fer et peu coûteuse. Elle peut donc contribuer à pallier les carences en fer. En Afrique, les consommations de millet varient selon les pays entre 20 et 50 kg/ personne/an, les plus élevées du monde. Au Sahel, le mil représente souvent la première céréale consommée. Au Niger, le mil et le sorgho constituent près de 3/4 de l’apport calorique quotidien. Au Mali et au Sénégal, le mil représente 40 % des céréales consommées ; au Burkina Faso, au Tchad et en Gambie, le mil compte pour 1/3 des céréales consommées. En effet, dans les zones arides, le mil est très souvent la seule culture qui puisse être récoltée pendant la saison sèche. Il peut pousser sur des sols très pauvres, ainsi que dans des conditions de forte aridité. De plus, cette plante pousse vite et peut être stockée pendant 5 ans.

Le mil est cultivé par de petits paysans, sans engrais, et selon des procédés entièrement manuels. Les rendements sont, par conséquent, très bas : entre 200 et 500 kg/ha. Mais une nouvelle variété de mil a été récemment créée par des agronomes, qui pousse en 70 jours au lieu de 140, et a été expérimentée au Burkina Faso. Les paysans récoltent les chandelles de mil à la main, puis les sèchent au soleil, avant de les stocker dans des greniers traditionnels souvent construits en banco, mélange de terre et de paille. Le mil est ensuite décortiqué au pilon, puis réduit en farine ou en semoule. « Le mil jouit d’une culture ancestrale incroyable et présente une valeur nutritionnelle élevée. Il peut jouer un rôle de taille et contribuer à nos efforts collectifs en faveur de l’autonomisation des petits exploitants, du développement durable, de l’élimination de la faim, de l’adaptation au changement climatique, de la promotion de la biodiversité et de la transformation des systèmes agroalimentaires », a souligné le directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, lors du lancement officiel de l’année internationale du mil.

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