
Le 12e Forum du secteur privé de l’Union africaine propose une feuille de route pour
ce secteur sous l’ombrelle de la Zlecaf.
(Photo : Mohamed Mostafa)
Le continent africain tient son destin entre ses mains et avance à pas sûrs vers une intégration panafricaine et un avenir meilleur. Cette semaine, du 10 au 12 novembre, l’organisation de l’Union Africaine (UA), en coopération avec Africa Business Council, ont organisé au Caire le 12e Forum du secteur privé de l’UA. La rencontre, une plateforme interactive, a réuni, au cours de la première journée, décideurs politiques, académiciens, industriels et institutions financières.
Les deux autres journées ont été consacrées aux dialogues des ténors du business et des représentants des secteurs privés. Au cours de la deuxième journée, des start-up de jeunes Africains ont présenté des modèles de business réussis qui ont été évalués par un panel d’experts. Et au cours de la troisième journée, les représentants sectoriels (technologies alimentaires, matériel de construction, ameublement, entre autres) se sont engagés dans des sessions de dialogue B to B (Business To Business) et B to G (Business To Government) pour l’échange de visions.
Ce forum intervient au moment où l’Afrique est confrontée à deux défis majeurs. Il y a d’abord les retombées du Covid-19, qui ont aggravé la situation économique à moins d’une décennie de la date fixée pour les objectifs du développement durable, soit 2030. Le second défi est l’entrée en vigueur, début 2021, de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF), un pas vers la libéralisation du commerce africain et le déchaînement d’un continent qui compte 1,3 milliard d’habitants. Le rôle du secteur privé est central dans ce contexte.
Chérif Al-Gabali, président de la commission des affaires africaines au parlement, affirme que l’Afrique a besoin de 93 milliards de dollars pour réhabiliter les infrastructures. « Alors que le fossé de financement s’élève à 400 milliards de dollars. Si nous n’avons pas foi en le secteur privé, alors nous serons sur la mauvaise voie », explique-t-il. Dans ce contexte, Amani Asfour, présidente par intérim de l’Africa Business Forum, se félicite de la rencontre du Caire qu’elle considère comme « un pas crucial vers la régularisation et l’institutionnalisation des activités de la Zlecaf ». « Le forum cette fois-ci propose une feuille de route pour le secteur privé sous l’ombrelle de la Zlecaf qui devrait modifier la structure du marché africain et activer le commerce intra-africain en prélude à l’intégration des chaînes d’approvisionnement mondiales », explique-t-elle.
Un rôle pivot
Selon l’UA, la contribution du secteur privé africain est de 80% de la production totale. Il représente les deux tiers des investissements et 75% des crédits, procure 90% des emplois et contribue à 50% du PIB continental. « Mais, il y a grand besoin de promouvoir le secteur privé après le Covid-19 pour qu’il soit plus résilient face à la volatilité des marchés mondiaux. Nous voulons que la part du commerce africain dans le commerce mondial passe de moins de 3 % à 12%, pour réaliser l’agenda africain de développement économique durable de 2063 », affirme Albert Muchanga, commissaire de l’UA pour le développement économique.
Les représentants du secteur privé ont parlé durant les sessions du forum de maints problèmes comme le financement, les tarifs douaniers exorbitants et les problèmes logistiques et de transport.
« Les politiques publiques doivent encore évoluer si nous voulons promouvoir le secteur privé africain sur le marché mondial. Il faut faire valoir les avantages comparatifs de chaque Etat. Il faut créer des chaînes de valeurs régionales comme en Asie et en Europe et mettre en place dans chaque région une intégration entre les pays voisins basée sur les intérêts mutuels. Ces pays peuvent profiter chacun des avantages de l’autre. Si un pays est avantageux en matière de ressources, l’autre le sera dans le financement, le troisième dans l’infrastructure et ainsi de suite », explique Hussein Hassan, chargé du commerce et de l’industrie à la Commission de l’UA, en exclusif à Al-Ahram Hebdo. Certains problèmes comme les infrastructures dites « immatérielles », la technologie, le financement, les services de logistiques et la standardisation doivent être résolus.
« La concurrence n’est pas seulement dans la qualité des produits, mais dans leur diversification et leurs prix, dans les coûts de production et les critères de standardisation », ajoute-t-il. Les décideurs politiques doivent comprendre que s’il n’y a pas d’unification des critères de standardisation et de diversification de la production, l’intégration sera difficile. L’un des problèmes majeurs est que beaucoup de produits africains sont similaires et les structures économiques également. Les pays du continent dépendent essentiellement de l’exportation des produits agricoles et des matières brutes. Les exportations de produits manufacturés ne représentent que 3% de l’ensemble des exportations.
Le chemin est encore difficile et il faudra beaucoup de patience au continent pour réaliser ses objectifs .
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