Avant-janvier
Et si on l’avait senti
Le chaos en régnant sur ta terre
Les esclaves sont devenus tes maîtres
Sans préserver ton honneur ni ton espace sacré
Avec ingratitude, l’affection que tu as montrée souvent a été oubliée.
L’avidité a fait convoiter tes biens et ceux-là t’ont rendue facile,
Et pourtant, tu n’as jamais aimé la décadence de l’humiliation,
Et toi qui as connu tant de grandeurs
Aujourd’hui, tu commences à avoir peur de passer le cap.
Tu nous as privés de tes bienfaits
Mais, pour eux, aucune prohibition ou chose défendue.
Dans la détresse, tu nous appelles au secours en un instant,
Et eux, ils courent se cacher lâchement.
Nous avons vécu l’immersion dans ta mer,
Eux, ils semblaient innocents aux yeux du monde
Et tu es demeurée silencieuse, sans mot dire,
C’était peut-être banal, puisque tu vivais dans un grand vide.
Ces ghawazi, en une danse hypocrite,
Ces almées vulgaires nous ont assiégés,
Un piètre danseur qui trébuche sur de faux pas
Et prend un malin plaisir à être antipathique.
Avec nos droits légitimes perdus,
Des vauriens nous ont dominés
Nous avons tout mendié : le pain quotidien et autres nourritures matérielles,
Certains avaient troué le navire, malgré cela, nous avons embarqué.
7-9-2008
Après-janvier,
Arrêt sur image
A mi-chemin
La révolution s’élève très haut
Et les rires résonnent et réjouissent
De joie, l’Egypte dit :
Victoire, viens nous trouver !
Lavant la figure, c’est le réveil !
Les complaintes de ma poésie ont pris leur élan,
J’ai traversé des mers de ténèbres
Pour accoster auprès de mon croissant de lune
Malgré la faiblesse apparente
Malgré chaque pas franchi qui appelle une halte en chemin
Demain à la ville comme à la campagne
Tout le monde sera content, se réjouira, applaudira !
Une lune ailée apparaîtra
Ses yeux chanteront
Des échos de chants résonneront
Ô notre chère Egypte, exprime tous tes souhaits,
Que la pleine lune apparaisse sur la place,
Passez donc une nouvelle soirée agréable
Vous qui avez ouvert les portes,
Je donnerai mon coeur et mon âme pour vous,
Le monde s’est levé, le monde a souri.
Le monde a pleuré de joie
Les arbres ont dansé de joie
Et la brise est venue entourer la révolution
De ses bras de fraîcheur pour empêcher les pires feux.
Ceux qui restent d’anciens affidés persistent et se coalisent,
Soit ils vont barrer la route
Soit avec courage nous allons foncer droit au but à toute allure,
Et ce sera la dernière ligne droite.
La révolution s’élève très haut
Et les rires résonnent et réjouissent.
8-2011
Dans le sillage d’un renard,
Ils sont passés
Passés
Chacun a eu son tour,
Ils ont dit : une révolution ! C’est grandiose !
C’est magnifique !
Et tous les écrivains sont des révolutionnaires …
Des chiens : c’est le tréfonds des politiques
Tous ces cris de colère ou de joie pour arracher des moustaches viriles
Alors que leurs barbes guettent le moment d’attaquer
Dès demain, surprise,
Demain, le costume national sera-t-il la djellaba ?
Et au mois du pèlerinage à La Mecque, Dhû al-Hijja,
On jeûnera certainement encore ?
Mais puisque les intellectuels sont des révolutionnaires …
8-2011
Dommage
Nous étions jeunes et faibles
Le gendarme nous faisait peur
Tant de billets réservés pour le voyage
Car le refuge de la patrie était devenu impossible
Ici, il n’y avait plus de justice
Mais des ténèbres qui narguent.
Si on parlait, chaque mot prononcé
Valait exclusion ou se clochardiser …
L’équité était une étoile lointaine
Une lumière voilée invisible
Nous étions faibles avant de devenir forts
La place, notre abri libérateur,
La jeunesse a fait éclore la vitalité en chacun de nous
Apportant une perfection de qualités et attributs.
La place a entouré la révolution des jeunes affectueusement,
La jeunesse a donné libre cours à son chant
La justice a retrouvé son chemin
Pas d’oppression et plus d’écrasements
Le jour se lève et chante
Le jour nouveau, absolument, refermera les blessures
Pour la liberté, un martyr ne trouve aucun répit
Et le sang a été gaspillé pour rien
Celui qui est sorti gagnant
Est un lâche
Et celui qui avait mal récolté les fruits
Avait raflé la mise.
8-2011
Sans aucun doute
Demande à Dieu qu’il te montre la voie à choisir
Et le sang des martyrs, pour la liberté, ne sera pas perdu
Le sang de ces martyrs est aussi précieux que nos yeux
Quels que soient les jeux pervers du loup.
Langage et dialogue forment une relation utile.
Demande à Dieu qu’il te montre la bonne voie
Les assassins ont arboré le V de la victoire
Leurs espérances sont chimériques en croyant posséder le pouvoir en Egypte
Le pouvoir arbitraire c’est fini, finie l’ère où gouvernent les despotes des
palais
Egypte, pays qui ne se prosternera plus jamais devant quelqu’un,
Ne se mettra plus jamais à genoux !
Que Dieu te conduise vers la bonne voie !
L’Egyptien ne se prosterne que devant le Créateur !
C’est cela sa nature profonde …
Patience et longueur de temps viennent à bout un jour de ceux qui étranglent,
Et en un instant, l’Egypte peut décider de mourir pour la noble cause, au champ d’honneur,
Prie Dieu pour qu’il te guide dans la voie juste !
L’Egyptien, quand il le faut, sait demander à Dieu de recueillir son âme s’il meurt au combat,
Il sait être rebelle.
Le sang pur se révolte comme la colère du volcan,
La roue tourne et l’oppresseur connaîtra la douleur,
Le sang des martyrs de la liberté ne doit jamais connaître l’indifférence de l’oubli,
Et prie Dieu pour qu’il te guide dans tes choix !
8-2011
Faux témoignages
Comme le rêve ou comme l’arbre,
Comme l’été,
La pluie le rend heureux
Comme des choses qu’on aime évoquer
Ma mère aime mettre de l’ordre dans sa maison
Elle aime jeter un coup d’oeil
A une sépulture future
Elle accepte la sage volonté de Dieu
Comme le rêve et comme un arbre
Comme la jeunesse qui nous a libérés par sa révolution
Le parfum des roses
Et le parfum du jasmin sambac
Ma mère regarde par la fenêtre de sa maison
Elle prie pour vous compagnons bien-aimés
Pour la victoire de notre pays,
La clé des portes est à chaque seuil,
Demain est si proche
Comme un rêve et comme l’arbre
Ma mère souffre d’un mal,
Le mouvement ne connaît pas l’entrave de l’animosité
Et elle étend la bénédiction autour d’elle.
La révolution s’est débarrassée des valets à double face.
Allez, approche-toi !
Viens-y cueillir une idée
Comme un rêve et comme un arbre.
8-2011.
Youssri Hassân
Poète, dramaturge et critique de théâtre, Youssri Hassân est actuellement le rédacteur en chef de la revue Masrahna (notre théâtre) qui dépend du ministère de la Culture. Il a déjà publié 4 recueils de poèmes en prose, et a écrit de nombreux poèmes pour des pièces de théâtre montées sur les planches des théâtres d’Etat, notamment avec l’Organisme général des palais de la culture.
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