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Avec Rowayat, l'Egypte rayonne en français

Rasha Hanafy, Mardi, 17 mars 2015

Le premier numéro en français de la revue littéraire Rowayat, lancé samedi dernier en coopération avec l’Institut français d’Egypte, est maintenant disponible. Objectif : Donner une tribune aux talents égyptiens et répandre la culture égyptienne à l’étranger.

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C’est avec de la musique égyptienne et la danse Tannoura que la Grande Bibliothèque du Caire, à Zamalek, a lancé la semaine de la langue française et de la Fête de la francophonie, dans la soirée de samedi dernier. Le public francophone ainsi que la communauté française en Egypte ont vu également, lors de cette soirée, la sortie du numéro spécial en langue française de la première revue littéraire en langue étrangère publiée en Egypte. En présence de Jean-Luc Lavaud, conseiller de coopération et d’action culturelle auprès de l’ambassade de France en Egypte, du romancier Khaled Khamissi, d'Anouar Moghis, directeur du Centre national de la traduction relevant du ministère de la Culture, ainsi que des responsables du même ministère, la foule s’est félicitée de cette édition en langue française.

Fondée au début de l’année 2013, la revue littéraire Rowayat (romans) publie au Caire quatre numéros par an : trois en anglais, dont un destiné à la jeunesse, et un en français. « La culture et la littérature sont la force douce que l’Egypte doit exploiter pour faire connaître les jeunes romanciers, les poètes, les nouvellistes égyptiens qui écrivent en anglais et dans d’autres langues », explique Shérine El-Banhawy, fondatrice et directrice de publication de la revue Rowayat. Et d’ajouter : « Nous visons aussi à communiquer avec les Egyptiens qui vivent à l’étranger. Nous recevons actuellement les textes sur lesquels nous travaillerons à partir du mois de mai et jusqu’en octobre. On s’est accordé à lancer le numéro en français au mois de mars qui coïncide avec la Fête de la francophonie ».

Ce cinquième numéro a pour thème principal le surréalisme. Il met en valeur les liens entre la France et l’Egypte dans le domaine littéraire. Il rassemble des analyses des oeuvres de Georges Hénein et d’Albert Cossery, un cahier central consacré à l’oeuvre du peintre Ramsès Younan, des planches inédites des auteurs de bande dessinée Shennawy et Magdy Al-Shafei, des poèmes de Leïla El-Hakim extraits de son recueil L’Illusion de la mer, une réflexion autour de la traduction littéraire avec Sonallah Ibrahim et Richard Jacquemond, un dossier consacré aux écritures contemporaines tunisiennes, ainsi qu’une sélection de traductions d’écrivainvs égyptiens émergents. « Au début, on a choisi essentiellement Georges Hénein et Albert Cossery. Et puis, un collaborateur à ce numéro nous a permis de publier un cahier central autour de l’oeuvre du peintre Ramsès Younan. Le mouvement surréaliste égyptien est avant-gardiste par rapport au mouvement français. Et puisque nous avons pensé à mettre en valeur les relations culturelles entre la France et l’Egypte, c’était sur ce thème que nous avons aimé lancer le premier numéro en français », assure Isabelle Mayault, journaliste et auteure, rédactrice en chef du numéro français. Le comparant aux numéros rédigés en anglais, elle a déclaré que le numéro en français comprend une grande partie consacrée aux extraits de romans, de poèmes, de nouvelles et de pièces de théâtre traduits vers le français. Robert Solé et Gilbert Sinoué, qui ont passé une partie de leur vie en Egypte, s’expriment dans deux entretiens de ce numéro. Le lecteur y trouve aussi des mémoires de Jean Cocteau, venu en Egypte dans les années cinquante.

« 1 000 exemplaires en Egypte et à l’étranger »
La distribution de Rowayat a lieu en Egypte, aux Etats-Unis, en Angleterre, dans les pays du Golfe où il y a beaucoup d’Egyptiens (étudiants ou travailleurs). « Afin d’éviter les restrictions du statut d’Organisation Non Gouvernementale (ONG), avec mes cofondateurs, nous avons décidé de créer une société. Nous imprimons en Egypte et en Angleterre. Rowayat distribue quasiment 1 000 exemplaires en Egypte et la même quantité à l’étranger », indique El-Banhawy.

L’équipe de Rowayat est soucieuse de réussir son projet culturel fondé en 2013 par des jeunes Egyptiens qui tenaient alors des blogs et des pages personnelles sur la toile, surtout en anglais. « Après des études de droit international à l’Université américaine au Caire (AUC), j’ai suivi des cours d’écriture pour améliorer mon expression. Je lisais beaucoup d’écrits rédigés par des jeunes Egyptiens en langue étrangère. Je rêvais de publier ces oeuvres dans une revue littéraire pour que tous ces jeunes et leur production littéraire soient connus par tout le monde », affirme El-Banhawy qui a signé l’éditorial du premier numéro, dont le thème principal est le rêve : « Vous ne pouvez comprendre ni l’Egypte ni les Egyptiens à partir des grands titres de journaux, mais vous pouvez entrer dans leurs foyers et leurs coeurs grâce à leurs auteurs ».

Les numéros déjà publiés de Rowayat comprennent des pages rédigées par des habitants, jeunes et moins jeunes, d’Alexandrie, de Mansoura, de Minya, de Port-Saïd et du Caire. El-Banhawy espère que son projet continuera à exister en tant que revue littéraire indépendante, distribuée dans le monde avec des numéros en anglais, en français, en allemand et pourquoi pas en d’autres langues.

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