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Khamissi : lisons, Point à la ligne

Dina Kabil, Lundi, 08 septembre 2014

Khamissi sort un nouvel essai : 2011, Point à la ligne. Un ouvrage publié par sa fondation culturelle, Doum, qui cherche à ce que la lecture se démocratise. Un pari difficile, mais qui semble sur la bonne voie.

Khamissi : lisons, Point à la ligne

« La nouvelle collection Bi Bassata (tout simplement) veut que la lecture soit un plaisir ». L’écrivain Khaled Al-Khamissi, à la tête de l’institution culturelle Doum, s’aventure progressivement dans le domaine de l’édition. Cette initiative a pour objectif de vulgariser les domaines de connaissance en offrant au lecteur une écriture simple, basée sur le dessin en accompagnement du texte. Le but : que la connaissance ne soit pas exclusivement dédiée aux spécialistes ou exposée d’une manière compliquée et rigide. Auteur d’un best-seller, Taxi, et de Safinet Nouh (l’arche de Noé), Al-Khamissi est surtout essayiste. Ses analyses politiques sont fréquemment publiées dans la presse. En lançant Bi Bassata, il affirmait : « Tout le monde se plaint du nombre limité de lecteurs en Egypte, et pourtant, personne ne fait l’effort de présenter des formes novatrices qui facilitent le procédé de lecture ».

Après un premier livre intitulé Quand les Egyptiens ont-ils habité l’Egypte ?, par Ahmad Fahim, un second livre vient de sortir, écrit par Khaled Al-Khamissi lui-même. Le titre est provocateur : 2011, Point à la ligne et laisse filtrer une certaine ambiguïté, entre le début d’une nouvelle phase à partir des aspirations de la révolution de 2011 et la rupture : aller à la ligne et tourner la page.

Questionnement

En quatrième de couverture, Al-Khamissi promet à son lecteur que ce livre ne traitera ni de la révolution égyptienne, ni du Printemps arabe, comme l’aiment à appeler les médias occidentaux. A travers des dessins qui ressemblent à la bande dessinée et à des notions simplifiées, le livre donne toute sa place au questionnement et à l’esprit critique. Un premier chapitre sur les causes du soulèvement, en les répertoriant toutes en dessins et en bulles, introduit un second chapitre qui creuse dans les sources socioéconomiques de la colère, en plaçant la révolution dans son contexte régional et international. Le 3e chapitre est une analyse sur les fins d’un monde et les débuts timides d’un monde nouveau.

Sans prendre de parti pris et en invitant le lecteur à réfléchir, ce livre, qui pourrait paraître simpliste ou trop généralisant, a l’atout d’envahir un monde nouveau, jusque-là inabordé. Le livre discute de concepts simplifiés au sein de toutes les disciplines en misant sur la méthodologie et le développement du questionnement.

Car, si cette vulgarisation est déjà adoptée dans les livres pour adolescents, elle est cependant, la plupart du temps, une simple traduction depuis le français ou l’anglais. L’intérêt de cet ouvrage est qu’il peut plaire à tout le monde, pas seulement aux adolescents ou aux jeunes qui restent sur leur faim d’informations historiques liées à la révolution du 25 janvier 2011. Ce livre devrait être une alternative au Web, à Facebook et aux videos Youtube, documentant cette période de l’histoire.

D’ailleurs, l’ouvrage reprend largement le langage de la toile. Dans le deuxième chapitre, Khamissi remonte aux dates-clès des protestations populaires du XXe siècle, et s’attarde sur 1968. La mouvance révolutionnaire bat alors son plein dans un grand nombre de pays de par le monde. Il passe en revue les émeutes qui ont eu lieu la même année en Egypte, au Tchad, en France, en Allemagne, aux Etats- Unis, en Espagne … Pour inciter le lecteur à comparer avec 2011, qui a témoigné de soulèvements dans 6 pays arabes.

S’agit-il d’un complot, comme l’a insinué Mohamad Kamal, professeur de sciences politiques et l’une des figures de l’ancien régime ? Khamissi laisse son lecteur décider — en passant en revue la diversité des motifs des protestations — si les millions de personnes descendues massivement en 2011 ont été dirigées par quelques commanditaires.

Le dernier chapitre est également prometteur : il tente de simplifier l’essentiel de la politique économique, de la fin d’un système mondial, du déséquilibre de la conception de l’Etat, mais surtout de l’idée de la représentation démocratique à travers les élections dont a souffert l’Egypte depuis la révolution. Des repères fondamentaux pour stimuler le lecteur néophyte à creuser davantage.

2011 Noëta We Men Awel Al-Satr, de Khaled Al-Khamissi, dessins de Effat et mise en page d'Ahmad Atef Mégahed, collection Bi Bassata, éditions de la fondation culturelle Doum, 2014.

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