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Lutte de Mamelouks au ministère de la Culture

Sayed Mahmoud, Mardi, 01 juillet 2014

La démission du secrétaire général du Conseil suprême de la culture, juste avant la remise des prix de l’Etat, reflète les conflits sous-jacents qui minent le secteur.

La réunion marathon qui était destinée au vote pour les lauréats des prix de l’Etat a commencé par un coup de théâtre avec la démission de Saïd Tewfiq, secrétaire général du Conseil suprême de la culture. Celui-ci a affiché sa réserve de coopérer avec le nouveau ministre de la Culture, Gaber Asfour, qui, à son tour, a prétendu avoir été surpris par la démission écrite de Tewfiq, distribuée à tous les membres qui ont signé pré­sent à la réunion : intellectuels et hommes de médias.

Dans sa lettre, Tewfiq a dit qu’il démissionnait pour des réserves que « n’importe quel intellec­tuel honnête, départi de partis pris et d’inté­rêt », devrait exprimer vis-à-vis de Asfour. Asfour faisait partie de l’ancienne garde du même ministère lors de la première transition post-révolution. Il a également affirmé que Asfour était déterminé à changer les prix de l’Etat, jusqu’à l’établissement d’un mécanisme plus objectif de sélection, digne « du nom de l’Etat égyptien ».

Dans cette même veine, Tewfiq confie que lorsque Asfour a su que son nom ne figurait pas parmi les sélectionnés, il lui a demandé de pré­senter tous les noms et non pas uniquement ceux qui étaient sélectionnés. Suite à la polémique, Asfour a finalement retiré sa candidature au prix Al-Nil pour les lettres, une candidature claire­ment en conflit avec son poste de ministre.

Abstraction faite de cet incident dramatique qui a provoqué l’ironie de tous les intellectuels et de la démission surprise de Saïd Tewfiq, la réunion s’est déroulée dans le calme. Asfour a parlé de la prochaine étape de travail sous son égide : celle de l’exécution de méga-politiques culturelles en coopération avec le ministère de l’Education, considéré comme étant la pierre angulaire de l’édifice culturel.

Il a d’ailleurs ajouté que prochainement, des rapports de performance seront établis en vue d’évaluer le travail de tous les secteurs du ministère. Quelques heures plus tard, Gaber Asfour a nommé Mohamad Afifi, directeur du département d’histoire à la faculté des lettres de l’Université du Caire, au poste de Saïd Tewfiq. Afifi avait accumulé les responsabilités avant ce poste, au centre Cedej et au Centre français de l’architecture orientale (Ifao). Cette décision dévoile l’intention de Asfour de former une deuxième ligne au ministère apte à exécuter ses nouvelles politiques.

Une semaine avant la fin du mandat du ministre sortant, Saber Arab, Anouar Moughith avait été nommé directeur du Centre de la traduction, ainsi que deux adjoints au président de l’Organisme du livre, Ahmad Mégahed Haïtham, qui sont Haïtham Al-Hag Ali et Chérif Al-Gayar. Ces nominations suffiront-elle à calmer la grogne des intellectuels face au choix de Asfour à la tête de leur ministère ? Le nouveau ministre sera-t-il en mesure d’adopter une nouvelle politique cultu­relle d’une manière qui garantirait un nouveau contrat entre le ministère, les intellectuels et les différentes institutions culturelles ?.

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