« Il ne s’agit pas d’une compilation de scandales : ce livre retrace l’un des moments les plus purs et les plus beaux de l’histoire de l’Egypte », « L’ouvrage a un autre objectif que la documentation spirituelle de la révolution ... Il fait la critique de l’histoire post-révolutionnaire, afin de protéger les valeurs de la révolution aujourd’hui », « C’est un chant d’amour pour l’Egypte en l’honneur de la révolution ... C’est un document important non seulement en tant que témoignage historique, mais aussi en tant que témoignage sur les intellectuels ». Telles sont les critiques que recueille le nouvel ouvrage de l’écrivain Saad Al-Qerch, éditorialiste à Al-Ahram, mais aussi et surtout, romancier.
Dans son livre, intitulé La Révolution aujourd’hui ... Mémoires de la place Tahrir, il raconte en détail les moments vécus sur la place et dans les différentes rues du centre-ville pendant la révolution du 25 janvier 2011. Il dédie son œuvre aux martyrs dans cette dédicace : « Aux martyrs de la révolution de 25 janvier 2011. A Abdel-Wehab Al-Méssiri, Gamal Hemdan, Mahmoud Amin Al-Alem, Abdel-Azim Aniss, Mohamad Afifi Matar, Ahmad Mostaguir, Ahmad Nabil Al-Hilali, Moheiddine Allabad, Mohamad Al-Sayed Saïd, Farouq Abdel-Qader, Mohamad Ouda et bien d’autres qui ont attendu longtemps cette nouvelle naissance de l’Egypte. Au président déchu Hosni Moubarak qui a commencé combattant et fini tueur : sans ton obstination et la politique d’ennui que tu as menée, la révolution aurait perdu beaucoup de ses merveilles ».
Il raconte les événements, les chansons, l’inquiétude, la peur, la manipulation médiatique, les poèmes, les groupes populaires de service d’ordre, l’auto-organisation et les larmes. Il ajoute également quelques-uns de ses propres commentaires issus de son compte Facebook, ainsi que les détails des appels téléphoniques et des messages reçus, pendant les dix huit jours, de plusieurs intellectuels arabes, comme Nouri Al-Jarah, qui voulaient se tenir au courant de la réalité sur le terrain, de la révolution dans son ensemble comme des manifestations sur la place Tahrir.
Mais ce n’est pas qu’un énième livre sur ces événements. Al-Qerch ne se borne pas à répertorier le plus de détails possibles, il présente également les différentes prises de position d’intellectuels et d’écrivains, avant comme après la révolution. Il cite des articles écrits par ceux-ci, ainsi que des mots ou déclarations de vedettes du cinéma égyptien. Il cherche à montrer l’hypocrisie de certains de ceux-ci, afin de protéger l’avenir de la révolution de ces intellectuels qui retournent leur veste en fonction du cours des événements.
Khayri Chalabi, Gaber Asfour qui a été nommé ministre de la Culture avant la chute de Moubarak, Salah Fadl, Al-Sayed Yassin et Anis Mansour (décédé il y a tout juste un an), sont de ceux qui ont gaspillé beaucoup d’encre pour défendre le président déchu pour faire volte-face dès la chute de son régime. Reprenons l’exemple donné par Al-Qerch du texte d’Anis Mansour publié dans le quotidien Al-Ahram, le 26 février 2011 et portant sur la révolution : « Des millions des jeunes se sont accordés sur la protection de l’Egypte contre les corrompus … Les pays européens et américains saluent cette révolution qui n’a pas versé une seule goutte de sang ... C’est une révolution blanche sans précédent dans l’Histoire ! ». C’est le même Anis Mansour qui accusait, le mois précédent, les jeunes de la place Tahrir de « voir des euros pour la première fois … Eux, qui vivent de charité sous des tentes ».

Scènes de joie sur la place Tahrir après la chute de Moubarak.
Des citations du même acabit de grands acteurs ou d’hommes de religion ponctuent cet ouvrage composé d’une vingtaine de chapitres sur 400 pages. Il est publié chez
Kotob Khan. L’ouvrage d’Al-Qerch met en garde contre ces élites culturelles et médiatiques sans scrupules dont les consciences vont au plus offrant. L’écrivain conclut son livre sur le général Mohsen Al-Fangari offrant le salut militaire aux martyrs de la révolution lors de la lecture du troisième communiqué au peuple du Conseil suprême des forces armées, qui rendait spécifiquement hommage aux martyrs des dix-huit jours. Ce recueil cherche à tirer les leçons du passé afin d’éviter à l’avenir d’être trompé et d’oublier les objectifs de la révolution.
Al-Sowra al-an ... Yawmiyat min maydan Al-Tahrir, Kotob Khan, 2012
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