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Université Senghor : 30 ans au service de l’Afrique

Amira Samir, Mercredi, 11 novembre 2020

A l'occasion de la célébration du trentenaire de sa création, l'Université Senghor a organisé une série de rencontres francophones sur le développement africain. Un webinaire spécialisé a évoqué les défis du continent durant les dix prochaines années.

Université Senghor : 30 ans au service de l’Afrique
Coronavirus oblige, une cérémonie limitée pour célébrer le trentenaire de l’université.

Ces importantes ren­contres de la francophonie ont eu lieu du 2 au 5 novembre, dans les locaux de l’Université Senghor à Alexandrie, et ont été retransmises, en direct, sur les réseaux sociaux, avec la possibilité de pouvoir poser des questions aux intervenants. Le webinaire sur le thème « Horizon 2030 : les défis afri­cains de la prochaine décennie. Quelles compétences, quels acteurs pour y répondre ? » a été l’une des rencontres les plus intéressantes. Au cours de ce webinaire, les participants ont mené une réflexion sur la manière d’aider l’université, de vocation à la fois francophone et africaine, à mieux s’adapter aux exigences de dévelop­pement non seulement économique mais aussi social, dans un contexte mondial où le savoir est devenu l’en­jeu majeur du développement et le multilinguisme, une nécessité. « L’Afrique se trouve plus que jamais au carrefour d’opportunités et de risques, absolument majeurs. D’une part, il y a les défis de la situation sanitaire, due à la pandémie. Et d’autre part, il y a les effets du chan­gement climatique, des conflits, du terrorisme, de la migration, de la croissance économique et des res­sources considérables », affirme Jean Dominique Assié, directeur des cam­pus et des partenariats de l’Université Senghor. Et d’ajouter : « Il est vrai que l’Union Africaine (UA) possède un agenda stratégique et politique couvrant la période jusqu’à 2063, mais pour atteindre le long terme, il faut passer par le court terme. En fait, les dix prochaines années sont déter­minantes pour le continent. Ce webi­naire vient donc pour aider l’Afrique à répondre aux défis et enjeux de la prochaine décennie ».

Le webinaire a été animé par un panel d’experts et de professionnels africains et internationaux, dont Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé du Sénégal, qui est un alumni ; Victor Harison, commissaire aux affaires économiques de l’UA ; N’dri Thérèse Assié-Lumumba, une profes­seure de l’Université Cornell aux Etats-Unis ; Didier Acouetey, prési­dent fondateur du plus grand cabinet de recrutement africain AfricSearch, et Achille Houssou, un proche conseiller du président du Bénin.

Les panelistes ont clairement expri­mé certains besoins du continent : besoin de vision, de planification, de méthode et d’organisation. Besoin de développer l’industrie de transforma­tion et l’agriculture pour assurer des emplois et la sécurité alimentaire. Et bien sûr, pour répondre à ces besoins, il y a une nécessité de développer les compétences des hommes et des femmes du continent, compétences transversales, capacité à évoluer et à s’adapter à un monde complexe, etc. « Les personnes intéressées pourront suivre cette rencontre sur Internet ; elle fut passionnante et très éclairante pour l’Université Senghor, mais aussi pour toutes les universités. Car elle a mis l’accent sur la nécessité de révo­lutionner les méthodes pédagogiques comme a commencé à le faire l’Uni­versité Senghor, en réformant les pro­grammes instaurés avec la présente promotion ».

Penser l’avenir

« En effet, l’objectif général de ce webinaire est d’aider l’université à penser son avenir pendant les dix prochaines années. Il constitue la première étape de la réflexion que l’université va poursuivre en 2021, pour préparer son plan stratégique 2022-2025 », souligne Thierry Verdel, recteur de l’Université Senghor. En fait, cette dernière est définie comme une université internationale de lan­gue française, au service du dévelop­pement africain. Elle est aussi l’un des opérateurs directs de la francophonie. Ayant dix autres campus en Europe et en Afrique, elle se donne pour mission de relever les défis du développement durable des pays francophones d’Afrique, en proposant surtout des masters spécialisés en culture, envi­ronnement, management et santé.

Le webinaire consacré à l’Afrique a donné lieu à rappeler la mission de l’Université Senghor, son histoire et les actions menées pour inscrire la francophonie dans la ligne du plan stratégique de l’université. Depuis plus de 30 ans, l’Université Senghor offre des formations pluridiscipli­naires et plurithématiques consacrées au développement durable dans un contexte de mondialisation. Elle a pour vocation de former et de perfec­tionner, en français, des cadres de haut niveau, des secteurs public et privé, et d’orienter leurs aptitudes vers l’exer­cice des responsabilités dans certains domaines prioritaires pour le dévelop­pement. Ces cadres créatifs seront capables par la suite de relever les défis du développement durable de l’Afrique.

Double célébration

En tant que pôle d’échanges et de rencontres dans l’espace francophone, l’université organise souvent des col­loques, séminaires et conférences dans les domaines de son champ d’ac­tion, en collaborant avec les autres opérateurs et institutions de la franco­phonie. Son trentenaire coïncide avec le cinquantenaire de la francophonie multilatérale qui est née le 20 mars 1970, date de la signature de l’accord donnant naissance à l’Agence de coo­pération technique et culturelle, deve­nue en 2005 l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). De quoi donner plus d’ampleur aux festivités de l’Université Senghor. « Aujourd’hui nous célébrons les 30 ans de l’Université Senghor à Alexandrie, en Egypte. Nous célé­brons aussi en 2020 le 50e anniver­saire de la francophonie. A l’occasion de ce double anniversaire, nous avons tous une ambition renouvelée pour cette jeune université Senghor qui est l’une des plus belles réalisations du projet francophone qui se définit comme internationale, de langue française et au service du développe­ment africain. Elle représente en tout point la francophonie de l’avenir », estime Louise Mushikiwabo, secré­taire générale de l’Organisation de la francophonie, dans un audiovisuel publié, à cet égard, sur la page Facebook de l’université.

Louise Mushikiwabo a également salué la diversité et l’ambition des professeurs et des étudiants, ainsi que la richesse des domaines d’études abordés, et a formulé le voeu d’un développement de cette dynamique universitaire, afin que les étudiants soient sans cesse plus nom­breux à accéder aux enseignements « senghoriens ».

Le projet de la création de l’univer­sité a été présenté et adopté au Sommet des chefs d’Etat et de gou­vernement des pays ayant le français en partage, à Dakar, en mai 1989. Reconnue d’utilité publique interna­tionale, elle a été inaugurée officiel­lement le 4 novembre 1990. Opérateur direct de la francophonie, depuis donc 30 ans, elle propose, à la ville d’Alexandrie et sur ses 10 autres campus en Afrique et en Europe, des masters spécialisés et des formations courtes, répondant à des besoins de renforcement de compétences des cadres pour le développement de l’Afrique. En collaboration avec de grandes institutions et organisations internationales, l’université délivre des formations d’excellence, adap­tées au contexte africain.

Plusieurs personnalités de haut niveau et d’acteurs francophones et africains ont participé à l’événe­ment, sous les strictes mesures contre la propagation du Covid-19, notamment le port obligatoire des masques et la distanciation phy­sique. Ce contexte sanitaire a limité les possibilités de festivités. « Aucun événement vraiment ouvert au public n’a été prévu en raison de la situation sanitaire, mais la plupart des événements organisés ont été retransmis en direct sur les réseaux sociaux. Dans le contexte sanitaire actuel, il était également difficile d’accueillir à l’université de nom­breux invités, nous avons donc fait le choix d’une cérémonie limitée mais diffusée en direct sur Facebook avec, outre les interventions du rec­teur et du président de l’université, des interventions pré-enregistrées de la secrétaire générale de la Francophonie, du ministre égyptien des Affaires étrangères et du ministre égyptien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », pré­cise Thierry Verdel.

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