Al-Ahram Hebdo : Pourquoi les intellectuels tiennent-ils cette conférence ?
Mohamed Al-Adl : Cette conférence n’est qu’une réaction de la part des intellectuels envers ce qui se passe dans le monde culturel égyptien et face aux politiques menées contre la culture en Egypte. Les Frères essaient de ruiner la culture égyptienne comme le prouve le choix du ministre de la Culture. Même si je ne pensais pas qu’ils aillent en choisir un autre, il faut dire qu’un ministre qui travaille avec eux doit être soit Frère, soit un supporter des Frères : en gros un opportuniste. Les Frères ne possèdent pas de projet culturel. Celui qui occupe le poste aujourd’hui n’a rien fait, que ce soit sur le plan culturel ou académique.
— Le ministre peut-il « frériser » le ministère comme cela a été le cas au ministère de l’Education ?
— Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que cette personne est venue pour « frériser » le ministère. Cela voudrait dire que les Frères possèdent dans leurs rangs des intellectuels créatifs et ce n’est pas le cas. Quiconque adhère à cette confrérie ne peut pas être un créateur. Le créatif, qu’il soit artiste ou intellectuel, doit être un rebelle. S’il y a un créatif parmi eux, il quittera la confrérie car il refusera d’être guidé. Ce ministre est venu pour appauvrir et ruiner la culture en Egypte. Nous n’allons pas lui permettre de réaliser son but.
— Quels sont vos plans ?
— Cette conférence n’était pas notre première réunion. Il y a un an, les intellectuels se sont réunis sous la houlette du Front de la créativité égyptienne pour faire face aux défis que rencontre la culture dans notre pays. A l’époque il n’y avait pas ce ministre mais nous avions tous cette même vision pessimiste. Tous les intellectuels doivent se rassembler autour d’une seule ligne en oubliant leurs divergences. C’est notre solution pour faire face à toutes ces menaces contre la culture égyptienne.
— De quoi s’agit-il ? De mettre en place une alternative au ministère de la culture ?
— Non. Le front ou toute autre entité ne sera pas une alternative au ministère de la Culture. Nous allons nous servir des appareils relevant du ministère de la Culture mais sans traiter avec le ministère. A titre d’exemple les palais de la culture relèvent du ministère, nous allons nous en servir quelle que soit la situation mais nous ne voulons rien du ministère. D’ici le 30 juin, tous les intellectuels se réuniront pour s’accorder sur les activités à entreprendre.
Notre objectif est de sauvegarder la culture égyptienne. Je suis sûr que notre culture et notre éducation suffiront à surmonter ces obstacles. Les Frères ne réussiront pas à occuper notre pays ! .
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