Al-Ahram Hebdo : Pourquoi a-t-on souvent une image déformée de la femme égyptienne ?
Fawziya Al-Achmawi : Je suis désolée de dire cela, mais l’Occident voit toujours la femme égyptienne recouverte d’un voile. Un voile qui cache non seulement ses cheveux, mais aussi tous les traits de sa personnalité. L’Occident imagine que ce voile nous empêche de réfléchir et de participer à la vie politique et sociale du pays. Quant à l’Orient, il voudrait que les femmes restent à la maison, pour soi-disant s’occuper des enfants. Or, la réalité est que nous sommes mariées et que nous avons bien éduqué nos enfants, tout en nous consacrant sincèrement et entièrement à nos carrières.
— Les Filles du Nil tente-t-il de combattre ces idées préconçues. Qu’en pensez-vous ?
— Le choix des femmes présentées dans ce livre vient en effet démentir les préjugés. Il existe en Egypte des femmes courageuses qui ont fait le choix de la créativité, de l’imagination et de l’innovation, et qui ont décidé de changer leur vie. L’éditrice a repéré ces femmes et les a présentées dans son livre afin de contrer les préjugés. Saviez-vous, par exemple, qu’une femme égyptienne avait fait carrière dans le domaine de l’aérospatiale ?
— Est-ce que le livre ne dit pas, entre les lignes, que la femme égyptienne brille uniquement à l’étranger ?
— Une bonne partie des 36 femmes présentées vivent en Egypte et elles ont connu le succès dans leur pays natal. Par ailleurs, nous devons aussi reconnaître que notre société, même si elle fait des progrès, est une société masculine. La majorité des femmes qui travaillent dans les pays européens sont soit ouvrières, soit vendeuses. En Occident aussi, très rares sont celles qui arrivent à des postes importants .
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