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Une juste voix de l’islam est attendue

Doaa Elhami , Lundi, 04 mars 2013

Le nouveau mufti élu, Chawqi Ibrahim Abdel-Karim Allam, est réputé pour sa dévotion et sa vaste culture religieuse. Le grand public espère qu’il fera aussi preuve de modération.

mufti

Le nouveau mufti continuera le développement de Dar Al-Iftaa (maison des fatwas). De même, il mettra fin au chaos des fatwas, émises par les chaînes de télévision dites ultraconservatrices. Et ce, en émettant des programmes télévisés consacrés aux fatwas annoncées par Dar Al-Iftaa à travers la chaîne d’Al-Azhar », a annoncé le grand imam, Ahmad Al-Tayeb, suite à l’élection du nouveau mufti Chawqi Ibrahim Abdel-Karim. Pour sa part, le professeur Chawqi Allam a assuré que cette désignation est un lourd fardeau et une grande responsabilité, dont il a la charge. Il sera alors au service de l’islam et des musulmans, notamment pendant cette période délicate que vit l’Egypte.

Et d’affirmer que sa devise est celle de la modération qui distingue les principes de l’islam et sur laquelle est basé Al-Azhar. Il assure que son unique appartenance est à l’Egypte et Al-Azhar. Né en août 1961, dans la ville de Tanta (Delta), le nouveau mufti est spécialiste de la doctrine Malki. Chawqi Ibrahim Abdel-Karim Allam est professeur et chef de la section Fiqh (jurisprudence musulmane) de la faculté d’études des lois et de droit de l’Université d’Al-Azhar, branche de Tanta. Sa désignation couronne un long parcours qui est passé par le sultanat d’Oman, où il a enseigné pendant une dizaine d’années à l’Institut des sciences législatives pour être ensuite chef de la section du Fiqh et ses racines durant 3 ans (2007- 2010).

Pendant cette période, il est reconnu par son esprit ouvert et son rejet du rigorisme et de la rigidité. « Lorsqu’on traite les opinions concernant la question de la femme au niveau mondial, il faut être sélectif et se référer aux principes du texte sacré. Alors les sociétés arabo-musulmanes ne doivent pas se replier devant les autres sociétés, en même temps, elles ne doivent pas s’y ouvrir et perdre leur personnalité ou se dissoudre dans l’autre. Il faut critiquer les opinions et les pensées que les pays influents veulent nous exporter et les juger selon les principes islamiques et les traditions enracinées et influencées par l’islam dans le monde arabe. Si elles s’opposent et se heurtent à la religion, on les rejette. Si non, on les accepte et les applique. La sagesse est le refuge du pieux », a-t-il déclaré à ses étudiants à Oman en 2007.

« Affaire prometteuse de bien »

Ces opinions modérées sont admises avec allégresse par l’Eglise égyptienne. Mgr Morcos, archevêque de Choubra Al-Kheima, annonce « l’appartenance du mufti égyptien à l'institution d’Al- Azhar, est une affaire prometteuse de bien ». Et d’ajouter : « Nous l’invitons à installer de nouvelles relations. Etant azharite veut dire que son islam est modéré. Et c’est ce qu’aiment et apprécient tous les Egyptiens ». L’Eglise anglicane a aussi saisi l’occasion. Le Dr Ikram Lamei, porte-parole de l’Eglise anglicane, est optimiste quant au fait de trouver une personne modérée, d’après son historique : « Nous voulons qu’il soit la voix de l’islam de Mohamad avec lequel on cohabite depuis 1 400 ans. Pas une voix de l’Etat ou de l’opposition ».

« Son historique nous incite à espérer qu’il sera ouvert aux dévots des autres religions et qu’il défendra forcément l’image que diffusent quelques-uns sur l’islam depuis les années 1970. Après propagation des opinions attribuées à l’islam qui exhortent la violence contre l’autre et la négligence de ses droits, nous espérons que le nouveau mufti arrêtera cette attaque féroce qui déforme l’image de l’islam dont nous sommes habitués et avec laquelle nous sommes cohabités », conclut le porte-parole. La personnalité du mufti est appréciée dans le monde.

Ses qualités vont de pair avec la méthode de sa désignation par élection entamée par le Conseil des oulémas. Une sélection qui représente, selon le grand imam, Ahmad Al-Tayeb, un transfert spécifique dans l’histoire de la société religieuse, notamment Dar Al-Iftaa. Cette dernière a alors obtenu son indépendance complète après son autonomie financière et administrative par rapport au ministère de la Justice, au cours de l’époque du mufti Ali Gomaa .

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