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Galal Amin : « Sous le régime des Frères, il n’y a pas d’espoir »

Mavie Maher, Mardi, 04 juin 2013

Fascisme intellectuel, incompétence du gouvernement et absence de vision politique ... Pour Galal Amin, économiste et écrivain, la situation actuelle est le résultat d'une mauvaise gestion du pays ces deux dernières années.

sous le regime

Al-Ahram Hebdo : A quel point selon vous la révolution a-t-elle influencé le comportement des Egyptiens ?

Galal Amin : Je ne crois pas que la révolution puisse avoir aussi vite une influence de taille sur la personnalité égyptienne. Cette révolution a seulement retiré le couvercle et a fait émerger un processus d’évolution de la personnalité égyptienne qui était déjà présent avant la révolution. Les comportements ne changent pas si facilement. Le phénomène de la violence qui s’est répandu récemment en Egypte ne reflète pas un changement de comportement. C’est le résultat normal d’absence de sécurité.

La récession économique que vit le pays est-elle l’une des retombées de la révolution ?

— Cette récession économique n’est pas du tout normale et n’est pas liée à la révolution. Cet état économique, qui est de plus en plus inquiétant, est dû aux politiques des Frères musulmans. Le tourisme rapportait plus de 10 milliards de dollars par an, deux fois plus que le montant du prêt du FMI que les Frères essaient d’obtenir. Le secteur du tourisme aurait dû continuer à rapporter 10 milliards mais les politiques des Frères et leur échec à garantir la sécurité ont nui au tourisme. Le Courant populaire a récemment présenté d'excellents projets économiques pour faire face aux problèmes. Les solutions à ces problèmes sont connues mais le vrai problème c’est l’absence de volonté politique.

Il ne s’agit pas de trouver des solutions techniques : on peut résoudre les problèmes économiques en trois jours s’il y a une volonté politique ! Bref, sous le régime des Frères, il n’y a pas d’espoir concernant une résolution des problèmes économiques. — A quel point le contexte extérieur influe-t-il sur ce qui se passe ici ?

Le contexte extérieur domine mes analyses. De mes lectures, je suis arrivé à ce résultat : l’Egypte est très importante dans le monde arabe et le monde arabe est très important pour le reste du monde, notamment en raison du pétrole et de la sécurité d’Israël. Les grandes puissances étrangères tentent donc de garder un certain degré de contrôle sur le pays. Les périodes de succès en Egypte remontent aux temps où les grandes puissances étaient en conflit. Mohamad Ali en a fait l’expérience lorsque la France et la Grande- Bretagne étaient en guerre, de même pour Nasser lors de la compétition entre les Etats- Unis et l’Union soviétique.

Actuellement, je crois que certaines puissances extérieures essaient de nous pousser à vendre ce qu’on possède. Le prêt du FMI a pris du retard, non en raison de la réduction des subventions qui prend du temps, mais parce qu’il attend la mise en place du projet du Canal de Suez et de celui des soukouk (titres de finance islamique, ndlr). Le FMI veut s’assurer que les institutions égyptiennes seront capables de rembourser le prêt.

— Comment jugez-vous la vie culturelle sous les Frères ? Quelle est votre opinion concernant le nouveau ministre de la Culture ?

— Quand je pense à la culture, je ressens de la tristesse et du regret. Ce ne sont pas seulement les « cultivés » qui sont inquiets mais tout le monde. Avec un fascisme intellectuel, on ne peut pas avoir de développement culturel. Les expériences nazies et russes sont des exemples du fascisme culturel qui ont torturé, tué et emprisonné les intellectuels.

Il est évident que la pensée « religieuse » étroite et raciste, qui par exemple empêche de souhaiter bonne fête aux chrétiens, est une menace pour la vie culturelle. Les Frères ont choisi un ministre de la Culture dont les compétences peuvent être réduites au fait qu’il a écrit des articles dans le journal du Parti Liberté et justice. Pour en sortir, il faut changer de régime.

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