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Islam politique : La fragilité des fondements

Doaa Elhami, Lundi, 29 avril 2013

Les orientations qui marquent désormais l’évolution de plusieurs pays du Proche-Orient servent de thème au roman de Sobhi Moussa, Assatir ragol al-tholathaa (les légendes de l’homme du mardi).

Guerres, intrigues et conflits politiques ont marqué les pays du Moyen-Orient pendant les XIXe et XXe siècles. Cela a été un terrain fertile pour semer les germes de ce qui est nommé aujourd’hui l’islam politique mondial. C’est ce que retrace l’auteur Sobhi Moussa dans son dernier roman Assatir ragol al-tholathaa (les légendes de l’homme du mardi).

Poete et journqliste, l'quteur a pu lier fiction et faits historiques. Ainsi le solides entre Al-Qaëda comme Al-Djihad ou wal-hegra, Al- Telmessani. Moussa remet en cause, au fil des pages de son roman, le fondement très fragile de toute une conception djihadiste, basée sur des propos du prophète Mohamad qui ne sont pas reconnus. Il relate le parcours du maître Abou- Saïd et son disciple, le jeune Abou-Abdallah, futur chef islamique à Pakistan. Abou-Saïd part pour la Moyenne-Egypte, à Minya.

Héroïsme falsifié

« On avait annoncé que Mahmoud Al- Essawi qui avait tué Ali Maher était membre de la confrérie. Et bien que cet assassinat avait trouvé dans cette rumeur une occasion d’accumuler l’argent et l’armée », confie Abou-Saïd à son élève Abou-Abdallah. La confrérie cherchait alors des actes héroïques. Cela se voit dans la guerre de Palestine en 1948, comme l’a déjà confirmé le journaliste Mohamad Hassanien Heykal dans une émission à la télé. « Ils diffusaient des histoires légendaires lors de leur participation. Par ailleurs, elle n’était pas aussi solide qu’on le disait », témoigne le journaliste, qui était à l’époque correspondant militaire.

Les activités d’Abou-Saïd se répandaient aux quatre coins du monde pour diffuser ses principes dérivés de la confrérie. En Angleterre, il va rencontrer le futur Abou- Abdallah qui avait hérité de sociétés commerciales en Amérique latine comme en Europe. Le jeune homme a été élevé dans les palais en menant une vie aisée. Le roman relate la vie et la quasi-débauche menée par Ben Laden en Europe et aux Etats-Unis avant de devenir l’épouvantail de la résistance contre le communisme. Un moudjahid qui dirige des milliers d’hommes vers un destin inconnu. Sans faire de ce personnage un héros incontestable ou un démon, le romancier reconnaît seulement comment Ben Laden a changé l’image stéréotypée du moudjahid arabe le faisant passer comme un « amateur » qui n’a pas de persistance dans les batailles.

Noeud du roman

Ce bouleversement est en fait le noeud du roman. C’est la naissance d’Al-Qaëda dont le terrain était fertile grâce à l’école des talibans « qui est devenue, grâce à Aboul-Alaa Al- Maoudoudi et Sidi Abdallah Abou-Saïd, une sorte de laboratoire des moudjahidines contre les Soviets athées », explique le Pakistanais Magd, l’un des élèves d’Abou-Saïd à Abou- Abdallah. Toutes ces étapes vont modifier la personnalité du jeune homme qui fera plusieurs attaques et guerres. Il sera aussi le monstre de la plupart des pays et de leurs gouvernements. A chaque attaque, il perd un nombre considérable de ses soldats et de ses camarades de route. C’est pourquoi il sombre vers la fin du roman dans une profonde solitude. Peut-être se demandait-il au fond de lui s’il avait vraiment suivi les principes de l’islam.

Assatir ragol al-tholathaa (les légendes de l’homme du mardi) de Sobhi Moussa, aux éditions GEBO, 2013.
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