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A la fois pluriel et singulier

Houda El-Hassan, Mardi, 25 novembre 2014

Le public maghrébin ne le connaissait que par le biais des réseaux sociaux, mais il a fini par aller à sa rencontre grâce à Visa For Music. Lui, c’est le chanteur-compositeur palestinien, Tamer Abou-Ghazaleh. Portrait.

A la fois pluriel et singulier
Le multi-instrumentaliste, Tamer Abou-Ghazaleh.

Né en 1986, Tamer Abou-Ghazaleh fait partie d’une famille palestinienne, exilée au Caire pour des raisons politiques. Et c’est même à la capitale égyptienne qu’il a poussé ses premiers cris. Précoce, il a commencé à chanter à l’âge de deux ans (oui, deux ans) et a composé ses premières chansons à l’âge de neuf ans (aussi). Forts des exploits artistiques de leur fil, les Abou-Ghazaleh ont décidé de renforcer ses compétences dans ce sens en lui trouvant des tuteurs à domicile. « J’aime chanter depuis toujours, tout le temps et quelles que soient les circonstances. Je crois que j’ai passé les trois quarts de ma vie à fredonner des morceaux connus, à chanter mes propres chansons, à en composer d’autres, à jouer au piano, oud, bouzouq et à la guitare, à étudier les arts et à écouter de la bonne musique. Je crois que je vous ai tout dit sur mon amour pour le chant et les instruments », lance-t-il d’emblée.

Douze ans plus tard, c’est-à-dire en 1998, Tamer a choisi de rentrer en Palestine. Là-bas, il a étudié l’histoire de la musique, le chant, la composition et ce, au grand et célèbre conservatoire d’Edward Saïd sous la supervision de Khaled Joubran. Unique, le timbre de sa voix a réussi à percer dans son pays d’origine ainsi qu’en Egypte. Ses instruments fétiches demeurent le luth et le bouzouq.

Tamer chante en arabe classique, en dialecte palestinien et égyptien des odes à la vie, à l’amour, à l’espoir et au droit à la dignité. « La cause palestinienne fait certainement partie de moi, cependant je ne suis pas comme ces chanteurs qui croient que la seule manière d’être utile à la mère patrie, c’est de lui dédier mille et une chansons patriotiques, même si du fond du coeur je respecte leur choix », témoigne-t-il.

Un pluridisciplinaire

Le multi-instrumentaliste qu’il est a également fondé Ekaq, une plate-forme musicale régionale dédiée à la promotion, la production et la distribution de la musique underground arabe. Ce projet de grande importance a coïncidé avec un autre qui n’est pas moins crucial pour sa carrière, à savoir la sortie de son premier album intitulé Miraya (miroir, en arabe). Par la suite, le chanteur a enchaîné avec plusieurs titres chantés en dialecte palestinien et égyptien.

En 2012, il sillonne le monde arabe et défraie la chronique au Caire, à Amman mais aussi à Tunis et à Beyrouth. Le jeune homme de 28 ans a également collaboré avec Rabea Joubran, Salam Yousry et tant d’autres jeunes musiciens.

Lors de Visa For Music, le plus égyptien des Palestiniens est allé à la rencontre de son public marocain à Rabat. Lors de ces quatre jours haut en notes et en chant, il a appris que le monde arabe est riche en genres musicaux et que la musique est un univers illimité. Et de conclure : « On ne le répétera jamais assez : ce qui fait que l’arabe maghrébin soit incompris par la majorité des Moyens-Orientaux, ce n’est pas la différence de la prononciation, mais la quasi-absence d’un véritable marché de production qui fait que nous, les Arabes orientaux, soyons habitués à ces dialectes qui sont eux aussi arabes ».

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