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La révolution s’exporte !

Houda El-Hassan, Mardi, 25 novembre 2014

Les mélomanes marocains n’en revien­nent plus. Les arts révolutionnaires se sont enfin donné rendez-vous dans ce royaume du monde. En effet, grâce au salon Visa For Music, Massar Egbari, Mashrou’a Leila et tant d’autres ont litté­ralement gâté leur public à Rabat.

La révolution s’exporte !
Maurice Louca, un artiste engagé de la musique du monde.

Qui aurait cru que le vent révolutionnaire des musi­ciens engagés de la région Mena allait, un jour, s’inviter au Maroc, un pays où l’on emprisonne les rappeurs et hip-hop men qui osent critiquer le régime ? Décidément, même si le Printemps arabe n’est qu’un vieux souvenir, des chanteurs du poids de Massar Egbari (groupe égyptien) continuent de critiquer les lacunes des leaders politiques de leur pays. Idem pour des groupes libanais de la lignée de Mashrou’a Leila qui ne passent pas au tamis les théma­tiques qu’ils traitent sur scène, aussi épineuses soient-elles. Seulement voilà, au Maroc, le rappeur Mouadh Al-Haked s’est retrouvé derrière les barreaux, il y a quelques années de cela, pour avoir dénoncé le favori­tisme dont bénéficient quelques figures emblématiques de la place politique marocaine. Mais il n’en est plus rien aujourd’hui. Car le minis­tère marocain de la Culture a décidé de s’ouvrir aux chanteurs révolution­naires égyptiens, iraqiens, syriens et libanais suite à l’appel de Visa For Music.

En gros, ce salon musical, qui a pour but d’inciter l’industrie de la musique arabe à innover et à dévelop­per sa structure communicationnelle à l’échelle internationale, a fini par convaincre les Marocains du fait que l’internationalisation des arts com­mence, bien évidemment, par l’ou­verture aux autres artistes des pays limitrophes, régionaux et universels. « Notre label Nawa Recordings veut donner naissance à une sorte de vil­lage planétaire, musicalement par­lant. Et pour ce faire, nous ne devons ignorer aucune région du monde », explique Sarah El Miniawy Hefni.

Saluons le perroquet

Figure de proue des cercles révolu­tionnaires, Maurice Louca chante et enchante depuis dix ans. Lors de cette première édition du salon Visa For Music organisé du 12 au 15 novembre passés, Al-Ahram Hebdo est allé à sa rencontre. « Son style est acclamé par les mélomanes égyp­tiens avant même que la révolution égyptienne ne commence à faire par­ler d’elle. Et pourtant, tous les élé­ments de l’art engagé ont toujours été présents dans son répertoire. Car comme le veut l’esprit de la world music, l’artiste se doit absolument de défendre les causes humanitaires liées à son cercle immédiat, à savoir sa société », nous répond son atta­chée de presse Sarah El Miniawy Hefni.

Louca s’est produit dans plusieurs concerts en Europe dans le cadre du Beirut & Beyond International Music Festival et ce, en partenariat avec Oslo World Music Festival. Son dernier album, enregistré chez Nawa Recordings et intitulé Benhayyi Al-Baghbaghan (saluons le Perroquet), est sorti des limbes il y a à peine quelques jours. Al-Mashoub (celui que l’on traîne), le titre phare de l’album, connaît un tabac sur cer­taines radios arabes. Ses chansons qui mettent en scène les maux des sociétés arabes sont très rythmées et elles concilient si bien la musique occidentale avec un fond de musique orientale.

Avides de sonorités musicales maghrébines et moyen-orientales, quelques milliers de Marocains de tous les âges ont pu donc se donner rendez-vous aux concerts de Tamer Abou-Ghazaleh, du world artist marocain Ahmed Soultan, parmi tant d’autres. Le rideau est donc tombé sur cette première édition du salon dont les organisateurs promettent une deuxième édition plus riche et encore plus diversifiée, avec la par­ticipation de plusieurs autres natio­nalités de la ronde. « Les Egyptiens devront connaître nos musiciens, puisque nous connaissons les leurs », conclut sagement le chan­teur marocain Ahmed Soultan .

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