
La Palestine dans le coeur de ses interprètes : Lara Elayyan et Dalal Abou-Amneh.
Elles ont le souci de sauvegarder le patrimoine musical classique et le folklore du Moyen-Orient. Ne pas tomber dans les oubliettes : c’est l’adage des deux jeunes chanteuses : la Palestinienne Dalal Abou-Amneh, et la Jordanienne d’origine palestinienne, Lara Elayyan.
Chacune à sa manière puise dans la tradition musicale de son pays menacé. Pour Elayyan, il s’agit de s’attacher au chant arabe et à la mémoire collective du peuple palestinien. Pour Abou-Amneh, il faut moderniser le patrimoine en y ajoutant un zeste contemporain. D’où des compositions qui s’affranchissent des frontières, pour nouer un dialogue entre le maqam arabe (musique modale) et le jazz, tout en faisant une place à l’improvisation. Et par la force des choses, les deux interprètes ont leur côté engagé, privilégiant des oeuvres qui expriment les malheurs des leurs.
Née en 1983 d’une famille d’origine palestinienne très sensible à la cause du pays et au droit au retour, la chanteuse jordanienne Lara Elayyan est influencée par son travail en tant que coordinatrice de projets à l’Union des femmes jordaniennes. Une mission qui la rend plus proche du terrain.
Dès sa tendre enfance, elle a chanté dans sa maison comme dans son école d’Amman, évoquant l’intifada ou reprenant les oeuvres patriotiques des vedettes libanaises Fayrouz et Julia Boutros.
En 2002, elle obtient son diplôme auprès de l’Académie jordanienne de la musique, où elle a étudié le luth oriental. Elayyan s’est produite pendant plusieurs années avec son maître Omar Abbad et l’ensemble Al-Nagham al-assil (musique authentique), multipliant les concerts en Jordanie comme à l’étranger.
En 2006, elle fonde sa propre troupe, Charq (Orient). Deux ans plus tard, l’interprète obtient une bourse d’études pour se pencher davantage sur le chant et le luth à l’Institut supérieur de la musique à Amman. Ce n’est qu’en 2011 qu’elle crée une deuxième formation musicale, Naha, composée exclusivement de femmes artistes engagées.
Ce groupe, dont le répertoire s’inspire essentiellement des mouachahat et des chansons patrimoniales, traite souvent des histoires des territoires palestiniens occupés. Il reprend des oeuvres comme Al-Ard bétetkalem arabi (la terre parle arabe), Ammi yaboul fanous (le monsieur à la lanterne), Maqaber al-chohadaa (les tombes des martyrs), Jaffa, etc.
Elayyan a choisi d’ailleurs de présenter ces chansons durant la soirée prévue au théâtre Guéneina, le 17 juillet, au parc d’Al-Azhar. Actuellement, elle est en train de travailler sur les vers de grands poètes : le Jordanien Ibrahim Nasrallah, le Palestinien Salah Abou-Lawi et l’Egyptien Ahmad Fouad Negm.
La fille de Nazareth

La Palestine dans le coeur de ses interprètes : Lara Elayyan et Dalal Abou-Amneh.
Le 18 juillet, sur les mêmes planches d’Al-Azhar, c’est Dalal Abou-Amneh qui sera au rendez-vous. Née à Nazareth en 1983, elle est considérée comme l’étoile montante de la scène arabe contemporaine. Son engagement humain l’a rendue célèbre dès l’âge de 16 ans. En peu de temps, Abou-Amneh est devenue « messagère d’un monde arabe affligé », sillonné par les conflits politiques, sociaux et religieux. Le folklore de Nazareth ainsi que les chansons des divas Oum Kolsoum et Fayrouz se mêlent à la puissance de sa voix.
Ana qalbi wa rohi fadaq (mon coeur et mon âme pour toi), Karim ya Ramadan (saint Ramadan), Al-Azraa (la Vierge), Mon Nazareth, Baladi (mon pays), Raghm elli sar (raconte-leur ce qui s’est passé), Bokra guédid (demain un nouveau jour), etc. les paroles évoquent souvent la Palestine, la patrie, les réfugiés, les déportés, Jérusalem, la nakba. C’est grâce à ces chansons qu’Abou-Amneh connaît une consécration au festival Euromed 2006 et au festival Layali à Jérusalem, accompagnée de l’orchestre Multi-Ethnic Star Orchestra (Mesto) en 2009.
La chanteuse parvient intelligemment à stimuler son audience : elle sait apprivoiser les âmes, une fois sur scène. Cette experte de l’âme humaine a fait des études en psychologie et a décroché une bourse de l’Université hébraïque de Jérusalem en 2003.
Puis, elle a obtenu un doctorat en 2011 sur la maladie neurologique de la sclérose en plaques. Sur les planches, elle s’adonne à d’autres genres de soins, mais pas de moindre importance.
Les 17 et 18 juillet à 21h, au théâtre Guéneina, dans le parc d’Al-Azhar, rue Salah Salem.
Lien court: