
Le ton de la musique arabe se trouve aussi chez les Japonais.
Tchikoudou Takahachi, Takahachi Kawasaki et Kenta Souzouki, célèbres musiciens japonais, jouent à des instruments qui ressemblent au luth et à la flûte orientale (oud et nay). Le « chamisène » est le luth japonais avec seulement 3 cordes. La musique de cet instrument peut avoir un rythme très rapide. Dans plusieurs pièces jouées par Tchikoudou et son disciple Souzouki, âgé de 23 ans, les deux musiciens baignent dans une parfaite harmonie, en dépit de la vitesse des notes. Tchikoudou indique au public que le chamisène provient d’une région très froide du Japon dans le cadre de sessions explicatives auxquelles s’adonnaient de temps à autre les musiciens devant un public très réceptif.
Tchikoudou fait attention à ce que le public soit sur la même page, dans le but de partager avec lui l’histoire de chaque pièce et de mettre la musique dans un contexte. « C’est une musique folklorique traditionnelle qui provient du village qui a subi le désastre au Japon ; elle est aussi jouée lors des fêtes nationales », annonce Tchikoudou dans sa présentation de l’une des pièces, en évoquant avec émotion le tremblement de terre qui a frappé le pays le 22 décembre 2010 près de l’île Chichijima, à environ 1 000 km au sud de Tokyo. Tchikoudou a aussi rendu hommage à sa ville natale. L’une de ses pièces en porte d’ailleurs le nom. Tchikoudou a été témoin de son fusionnement avec une ville voisine. « Je voulais préserver le nom de ma ville à travers cette mélodie », s’exprime-t-il.
Le concert culmine lorsque les 5 musiciens se présentent sur scène à tour de rôle. Puis, Tchikoudou et Amis cède la place à des musiciens égyptiens, à savoir Saber Abdel-Sattar au qanoun (cithare orientale) et Amir Ezzat, percussionniste, pour jouer leur musique, de manière séparée. Puis, le moment est à l’unisson … les instruments japonais et égyptiens se confondent. L’esprit de la fusion était l’objectif de la soirée organisée par la Fondation du Japon, une institution indépendante administrative fondée en 1972, afin de favoriser l’échange culturel international.
La salle est en euphorie. Kawasaki termine son premier solo par un morceau combinant deux pièces arabes Al-Rabie (le printemps) et Ya msafer we nassi hawak (toi qui voyage et oublie ton amour) auxquelles Kawasaki s’est entraîné le jour même, afin de maîtriser ces deux chansons arabes classiques.
« En marchant dans les rues du Caire, j’ai eu le sentiment d’être à l’antiquité », affirme Kawasaki, qui a acheté une flûte orientale au souk, ajoutant qu’il attendait cette visite impatiemment. Par contre, l’Egypte n’est pas le premier pays dans leur tournée. Tchikoudou et Amis a donné un concert en Tunisie (les 18 et 19 octobre dernier). Puis, ils se rendront à Téhéran les 25 et 26 octobre, pour terminer leur tournée moyen-orientale.
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