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Le tour du monde en musique

Névine Lameï, Dimanche, 12 février 2023

La mezzo-soprano Farrah El-Dibany et le duo instrumentiste The Ayoub Sisters se produisent le 19 février dans la grande salle de l’Opéra du Caire, sous la baguette de Nayer Nagui. Focus.

Le tour du monde en musique
Farrah El-Dibany chante les divas du monde arabe.

L’Egypte éternelle est le titre choisi pour un concert de gala réunissant pour la première fois le duo multi instrumentiste-compositeurs écossais-égyptien The Ayoub Sisters et la mezzo-soprano égyptienne de renommée internationale Farrah El-Dibany. Elles se produiront sous la baguette magique du maestro Nayer Nagui, le 19 février, dans la grande salle de l’Opéra du Caire. Les recettes de ce concert exceptionnel, organisé par RMC Worldwide, iront à l’ONG Kheir Wa Baraka et à l’association New Woman.

« L’idée du concert est née à la suite de nombreuses délibérations entre les organisateurs, à la recherche de la meilleure formule de coopération entre les artistes. Personnellement, j’ai tant collaboré avec les Ayoub Sisters, depuis leur première visite au Caire en mai 2018, puis celles d’après en 2019 et 2022. Je connais aussi parfaitement bien Farrah El-Dibany et ses capacités vocales impressionnantes, depuis le temps où, à ses débuts, elle chantait à la Bibliothèque d’Alexandrie », déclare le maestro Nayer Nagui, également pianiste, compositeur classique, directeur artistique de l’Orchestre de l’Opéra du Caire et principal chef d’orchestre de la Bibliothèque d’Alexandrie.

Ce dernier est du genre à transcender les frontières entre les diverses musiques, classique, pop … Ceci s’applique aussi aux Ayoub Sisters qui aiment revisiter de temps en temps les chefs-d’oeuvre arabes. Donc le concert se situera sans doute à la croisée de plusieurs chemins. Autrement dit, il y sera question de musique à base classique, en lui attribuant un accent plus moderne.

Les deux soeurs Ayoub sont nées de parents égyptiens, mais ont mené toute leur vie en Ecosse. Sarah (violoncelle-piano) a étudié au Conservatoire Royal d’Ecosse et Laura (violon-piano) a été formée au College of Music de Londres. Elles se sont dotées de leur propre répertoire, en arrangeant leur musique, mêlant jazz classique, chansons traditionnelles écossaises et arabes. Les musiciennes passent donc habituellement d’un style à l’autre, de la musique classique au jazz, du hip-hop au funk, de la pop à la musique arabe classique.

« Nous sommes ravies de retourner à l’Opéra du Caire, de retravailler avec le maestro Nayer Nagui et de collaborer pour la première fois avec Farrah El- Dibany. On jouera de la musique du monde entier, instrumentale et lyrique, des chants arabes, des extraits d’opéras, et ce, sans oublier de nouveaux arrangements musicaux, conçus spécialement pour cette soirée pleine de surprises ! », affirment les Ayoub Sisters, qui ont prévu de jouer des morceaux de leur deuxième album, Arabesque, sorti en 2022, dont El-Helwa Di, Fatma, The Scottish Egyptian, Abdul Kader-Sidi Mansour, Aatiny Al-Naya Wa Ghanni, Lamma bada Yatathana, Madad- Agios, Night Train et Nami Nam. Un hommage à la musique du monde arabe, qui les a placées en tête du classement iTunes, catégorie musique classique. Elles joueront aussi quelques morceaux issus de leur premier album sorti en 2017, lequel a regroupé des oeuvres de Michael Jackson, de Strauss et de Lloyd Webber. Pour la soirée cairote, elles ont prévu de présenter le morceau emblématique pour violon et violoncelle Call to Prayers, accompagnées de l’Orchestre symphonique du Caire. Call to Prayers est inspiré du chant du muezzin, annonçant l’heure de la prière en islam, et des liturgies coptes.


Les Ayoub Sisters de nouveau au Caire.

Ayant participé à plusieurs compétitions et concerts de par le monde, les soeurs Ayoub sont réputées pour leur capacité à changer d’instrument sur scène, pendant l’interprétation, comme à jouer deux instruments à la fois en ayant recours à la technique du loop station. Celle-ci leur permet d’enregistrer des boucles musicales en direct à l’aide d’une machine souvent au format pédale.

Du chant encore et toujours Avec la mezzo-soprano Farrah El- Dibany, elles interprèteront des chansons arabes, telles Helwa Ya Baladi (qu’il est beau mon pays) et Salma Ya Salama (bonne arrivée) de Dalida. El-Dibany reprend souvent les chansons de cette dernière, qu’elle adore particulièrement depuis qu’elle entendait sa voix résonner dans la maison de ses grands-parents, à Alexandrie.

Invitée en 2021 par l’Institut du monde arabe à Paris afin de se produire en concert, en marge de l’exposition sur les divas du monde arabe, d’Oum Kalsoum à Dalida, elle a déjà incarné cette Egypte éternelle, dont les voix nous viennent de très loin. Au Caire, El-Dibany chante cette fois-ci également des oeuvres d’Oum Kalsoum, d’Asmahane (Layali Al-Onse fi Vienna, Emta Hatearaf …) et de Faïrouz (Li Beirut, Chat Iskindiriya …). Elle excelle à renforcer la théâtralité sur scène, ayant une si grande présence. Elle ne manque pas de charmer par son allure et son élégance. Née à Alexandrie, Farrah El-Dibany a intégré en 2016 l’Académie de l’Opéra national de Paris ; elle était la première chanteuse lyrique égyptienne et arabe à être admise au sein de cette institution. Son interprétation remarquée de Carmen de Bizet au Neuköllner Oper de Berlin, en 2015, lui a valu le surnom de la « Carmen égyptienne », puis après la « Dalida française ».

Nommée Meilleur jeune talent d’opéra par le magazine Opernwel, elle a remporté en 2018 le prix Wagner Stiftung. En avril 2022, elle a interprété La Marseillaise au Champ de Mars, à l’occasion de la réélection du président Emmanuel Macron. Elle déclare souvent dans la presse : « Je ne suis ni Dalida ni Carmen. J’interprète les deux, oui, parce que j’ai une partie de moi qui ressemble à Dalida et une autre qui ressemble à Carmen, mais je ne dois pas choisir entre les deux. Jamais. Les deux sont importantes, et les deux se complètent ».

Dans la grande salle de l’Opéra du Caire, à Zamalek, le 19 février, à 20h.

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