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Le théâtre lyrique, un genre à préserver

Névine Lameï, Mercredi, 19 octobre 2022

39 concerts, animés par 99 artistes de 9 pays arabes, sont au programme du Festival de la musique arabe, à l’Opéra du Caire. Le théâtre lyrique sera au coeur des débats en marge de cette 31e édition. Du 20 octobre au 3 novembre.

Le théâtre lyrique, un genre à préserver
La pièce Leila min Alf Leila, donnée au Théâtre national il y a quelques années.

En marge de la 31e édition du Festival de la musique arabe se déroulent plusieurs colloques spécialisés, entre les 22 et 26 octobre, dans la petite salle de l’Opéra du Caire, à partir de 10h. Cette année, les débats tourneront autour du théâtre lyrique arabe, avec la participation de musicologues et chercheurs égyptiens, venus de 15 pays, lesquels vont aborder les divers aspects de ce genre, mêlant art musical et représentation scénique (opéra, opérette, comédie musicale, etc.). Ils passeront en revue ses débuts, son apogée et son déclin, ainsi que la démarche de ses pionniers.

Les interventions des participants seront disponibles, au fur et à mesure, sur le site officiel de l’Opéra du Caire et sur sa page Facebook. Quelques-unes de ces interventions seront diffusées en différé.


Rasha Tomoum, présidente du comité scientifique du festival.

«  Le choix de ce thème est dû au fait que le théâtre musical arabe, au cours de la première moitié du XXe siècle, a connu un grand essor. Il a permis à la musique arabe de s’ouvrir sur des horizons plus larges et de s’adapter à de nouvelles formes issues de la tradition européenne. Celles-ci répondaient davantage aux exigences de la radio et du cinéma et permettaient de marier musique et art dramatique. C’est par l’intermédiaire du théâtre lyrique que la musique arabe a pu évoluer et multiplier les modèles dont al-wasla (suite musicale), Adwar (musique vocale chantée en arabe dialectal), taqtouqa (chanson légère réputée dans les pays arabes du Machreq), qassida (poème), etc. Cependant, ce riche patrimoine musical du théâtre lyrique est tombé dans les oubliettes. Il est temps de le vivifier », souligne Rasha Tomoum, présidente du comité scientifique du festival, depuis 2014, et professeure de théorie musicale et de composition à la faculté de pédagogie musicale de l’Université de Hélouan. Et d’ajouter: « Il nous faut de nouvelles productions, avec l’aide de l’Etat égyptien, à l’instar du théâtre Métropolitain qui présente des oeuvres authentiques selon un langage contemporain. Ceci coûtera évidemment assez cher. Car ce genre de théâtre exige de grands budgets, des salles bien équipées, mais aussi des interprètes talentueux avec différents types de voix. Or, ces derniers temps, les oeuvres du genre se font de plus en plus rares sur les théâtres de l’Etat, la dernière date de 2017, à savoir Leila min Alf Leila, elle a été jouée par le grand Yéhia Al-Fakharani. Il y a eu également quelques représentations données à l’Académie des arts, telles Schéhérazade et Al-Achra Al-Tayéba. Le théâtre lyrique arabe souffre d’une véritable crise et on espère s’en sortir ».

Une piste alternative

Et pour tenter de s’en sortir, les organisateurs du Festival de la musique arabe ont décidé de programmer l’opérette Al-Achra Al-Tayeba de Sayed Darwich, le 25 octobre au théâtre Al-Gomhouriya. « L’année prochaine, nous allons célébrer le centenaire de la mort de Sayed Darwich, qui a créé, entre 1917 et 1923, 31 opérettes. En effet, les années 1920 étaient très inspirantes en la matière », assure Tomoum.

L’essor du théâtre lyrique au cours de la première moitié du XXe siècle était, entre autres, l’oeuvre de l’une des grandes dames du chant, qui est Mounira Al-Mahdiya, une pionnière du théâtre lyrique féminin en Egypte. Avant l’arrivée de Sayed Darwich, il y a eu également de grands noms qui ont contribué à cet essor tels cheikh Salama Hégazi. Puis, ultérieurement, il y a eu les contributions de Mohamad Al-Qassabgui, cheikh Zakariya Ahmad et Ahmad Sedqi.

Rasha Tomoum propose alors de miser sur des plateformes de streaming, afin de fournir une aide à la production ou réduire les coûts de la production, en garantissant d’atteindre un large public.

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