Sous le titre Le Mythe de 99, la plasticienne égyptienne Dina Fahmy El-Rouby expose 99 peintures, figuratives et abstraites, à la galerie Cleg, reprenant différemment des figures de chevaux. Pour sa première exposition en solo, l’artiste, qui est l’une des propriétaires de la galerie, a choisi de nous faire plonger dans le monde de la mythologie grecque, en ayant recours à une technique virtuelle propre au Metaverse.
Les chevaux grecs sont connus grâce à la myriade de textes légués par de célèbres poètes, tels Homère et Hésiode. Par exemple, le pégase ou le fameux cheval ailé a de tout temps symbolisé la créativité et la beauté, le départ pour le printemps. Le cheval mythique grec immortel est aussi la personnification du tonnerre, et ainsi de suite pour l’arion, le centaure, l’hippocampe, le céleste blanc, le cheval de Troie …
La plasticienne nous emmène dans un voyage, entre passé, présent et futur. Le passé a inspiré la thématique même de l’exposition, le présent figure dans l’exécution des oeuvres à travers des esquisses, en mixant les couches de couleurs, et le futur intervient à la phase finale de la digitalisation. Car les oeuvres sont stockées sous la forme numérique des NFT (littéralement jetons non fongibles). Il s’agit de jetons numériques uniques en leur genre, qui fonctionnent sur le même principe que la cryptomonnaie, donc basés sur une technologie de stockage et de transmission de données qui se veut transparente et sécurisée. Ces NFT sont alors des oeuvres d’art numériques stockées sur ces chaînes, qui peuvent être achetées pour des sommes loin d’être modiques. Elles se vendent sur Internet via des transactions de cryptomonnaies (bitcoin), de quoi former un commerce très lucratif.
« Qui dit NFT, dit nouveau protocole qui permet d’acheter en ligne un fichier en toute sécurité. C’est un marché en pleine explosion sur le Net, qui va entièrement changer la donne artistique. Car la valeur de ces oeuvres d’art numériques, les NFT, se multiplie sans cesse. Parfois, elles sont vendues à des millions de dollars et sont souvent créées par des artistes inconnus au bataillon, elles font plus que rivaliser avec le marché de l’art traditionnel et sont en passe de devenir incontournables », précise Dina Fahmy El-Rouby. Mais pour quelles raisons les collectionneurs décident-ils d’investir dans ces oeuvres numériques non tangibles ? « Simplement, car ils ont un certificat garantissant le caractère unique de l’oeuvre d’art virtuelle, enregistré sur la blockchain. Ce certificat d’authenticité atteste de l’originalité et de l’unicité du fichier en vente. Les collectionneurs peuvent par la suite contempler l’oeuvre en leur acquisition sur n’importe quel écran, sur de grands téléviseurs extraplats, accrochés au mur, etc. où la qualité est si bonne qu’on a l’impression de la voir en réel, comme un tableau dans son salon. De plus, on a l’avantage de pouvoir changer l’image facilement pour afficher une autre peinture numérique à tout moment », ajoute l’artiste et galeriste, qui cherche à introduire les NFT sur le marché égyptien.
Une variété d’ornementations est d’usage.
Même si le principe demeure encore flou, notamment aux yeux du grand public, l’exposition vise à le rendre un plus accessible. « Aujourd’hui, pour coexister avec les nouvelles technologies, disponibles sur le marché numérique, la valeur de l’imagination est encore plus grande. Comme la mythologie est souvent associée à la magie et à l’imaginaire, j’ai eu recours aux chevaux antiques et légendaires, mariant authenticité et virtualité, peintures classiques et technologies modernes », réitère l’artiste. Et d’ajouter: « Le cheval est mon animal totem, symbole de la passion, de la fougue de l’appétit pour la liberté, de la motivation qui nous transporte à travers la vie. Dans mes oeuvres, il est tantôt sauvage, tantôt apprivoisé; il se déplace librement ou est contraint de vivre dans un espace clos ».
Symbolique du nombre 99 en numérologie
Des chevaux ornementés à l’aide de motifs orientaux ou de calligraphies arabes, d’autres revêtant des formes plus abstraites, il y en a 99. Et le choix du nombre ne relève pas certainement du hasard, mais il a une valeur spéciale en numérologie. Le double 9 symbolise l’éveil spirituel, c’est également le signe d’une nouvelle opportunité.
« La numérologie traditionnelle est une discipline millénaire. Par ailleurs, dans la culture musulmane, on fait souvent référence aux 99 noms d’Allah. Dans le nombre 99, le chiffre 9 est répété deux fois, amplifiant ses énergies et ses influences. Selon la numérologie traditionnelle, le chiffre 9 reflète la marque de l’accomplissement final ouvrant les horizons et élevant les consciences. C’est la conclusion d’une étape de la vie et le début d’une nouvelle existence. En comprenant l’influence portée par les chiffres, la vie devient plus fluide. Et pour moi, cette fluidité fait référence à l’ère numérique, au début d’un nouveau paradigme », conclut Dina Fahmy El-Rouby, qui donne son exposition dans sa galerie, située à Cheikh Zayed, tout en rendant les oeuvres accessibles sur les tablettes, ordinateurs et smartphones.
La révolution numérique semble donner aux artistes et aux professionnels de l’art de nouvelles perspectives de promotion, qu’on cherche encore à explorer.
A la galerie Cleg, Villa 118, quartier des diplomates, Cheikh Zayed. Jusqu’au 3 mai, de 10h à 21h (sauf le vendredi).
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