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Les multiples facettes d’un photographe cosmopolite

Dina Kabil, Lundi, 06 décembre 2021

Plus de 150 photographies de Van Léo sont actuellement exposées à l’ancien campus de l’AUC, place Tahrir, à l’occasion du centenaire de cette éminente figure artistique cairote du XXe siècle.

Des cadres rappelant le studio Van Léo
Des cadres rappelant le studio Van Léo

Le photographe Van Léo (1921-2002) ne peut être mieux célébré que par la représentation de son studio. L’endroit où le photographe a pris les clichés de l’élite intellectuelle, de stars du cinéma, celles de la vie nocturne des théâtres et cabarets du Caire, de gens ordinaires anonymes, d’étrangers vivants dans Le Caire cosmopolite de l’après-Guerre mondiale jusqu’aux années 1990.

Tout ce trésor fait de milliers de photos est aujourd’hui en la possession de l’Université américaine du Caire (AUC). En 1998, encouragé par son ami, le professeur Barry Iverson, Van Léo a légué toute sa fortune de clichés photographiques, son studio complet, à l’Université américaine du Caire où enseignait son ami. « J’ai voulu recréé son studio, au sein du centre-ville où il a toujours vécu », explique Ola Seif, commissaire de l’exposition et directrice de la photothèque et la collection cinéma à l’AUC (voir 3 questions).

Une reproduction du studio a été soigneusement prévue par la bibliothèque des livres rares et les responsables des collections spéciales de l’AUC. A l’entrée de l’exposition, on est ainsi entouré par les petits objets qui rappellent le studio Van Léo. Une merveilleuse mise en train faite d’un paravent blanc, d’un mur noir sur lequel sont accrochés des cadres appartenant à l’artiste, d’une manière contemporaine.

Toute la conception de l’exposition doit être vue telle une leçon dans la muséologie ou comment concevoir une exposition artistique en convoquant, tout simplement, le génie du lieu. A gauche, le bureau style art-déco où Van Léo était déjà pris en photo. Il rangeait ses négatifs et photos sur les étagères dessous. Plus loin, l’estrade sur laquelle ses clients venaient poser.

Le roi du portrait

Un autoportrait de Van Léo, derrière son bureau.
Un autoportrait de Van Léo, derrière son bureau.

Ce préambule vers l’univers de Van Léo est rythmé par deux photos très signifiantes, toujours à l’entrée de l’exposition, la première montre l’artiste au sommet de la pyramide de Guiza et la seconde, un paysage de la fameuse place Tahrir dans les années 1940. Toutes les deux renvoient à l’appartenance de cet Arménien d’Egypte au pays et rappellent son attachement au Caire, en particulier à son centre-ville.

C’est au Caire que le jeune Léovan Boyadijian s’est installé en 1927. Quatre ans avant, il était venu en Egypte avec ses parents, après avoir fui le génocide turc. Il a travaillé au Studio Vénus, puis dans la maison de la famille, il s’est lié avec son frère Angelo en 1941, ce dernier quitta pour Paris, et Van Léo fonda un nouveau studio qui a témoigné des années de gloire et de chute de toute une ville.

Connu par ses portraits incontestables, Van Léo se distingue par les séries d’autoportraits inventifs qui, bien que reflétant ses tréfonds, sa personne profonde, plongent dans le fictionnel. Quant aux portraits, il se plaît à montrer des figures nationales de l’époque telles que Taha Hussein et Doria Shafik. Van Léo arrive à capter le côté caché et inédit des grandes vedettes du cinéma comme Omar Sharif, Rouchdi Abaza, Faten Hamama ou Samia Gamal. A chaque tirage, on dirait une sorte d’amitié, de l’amour tu qui se révèle.

Jusqu’au 20 février, au Future Gallery, ancien campus de l’AUC, place Tahrir. De 10h à 21h.

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