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Départ d’une grande dame de la peinture

Mercredi, 17 novembre 2021

La plasticienne Gazbia Sirry s’est éteinte à l’âge de 96 ans, après un long parcours, loin des sentiers battus, nous invitant constamment à décoder ses puzzles.

Un autoportrait.
Un autoportrait.

Certains ont vu en sa disparition la fin d’une époque. Gazbia Sirry est née en 1925, elle fait donc partie de ceux qui ont grandi dans le sillage de la Révolution de 1919, cette génération d’artistes plasticiens dits des années 1940, lesquels ont bouleversé les normes. Ils étaient rebelles, modernes, parfois politisés, engagés ou marqués idéologiquement, ouverts sur tous les courants de la peinture, en même temps très authentiques. Comme eux, elle a peint la vie des petites gens, cependant, sa famille appartenait à une classe relativement aisée.

Son père était juriste, qui a fait son doctorat en France, mais il est mort alors qu’elle n’avait que 4 ans. D’ailleurs, après un diplôme spécialisé en art vers 1948, elle part parachever ses études supérieures à Paris, ensuite à Rome et à Londres. Avant, elle avait rejoint les groupes artistiques récalcitrants qui cherchaient à rompre avec l’académisme, en se trouvant d’autres chemins. Par exemple, elle était membre du groupe de l’art égyptien moderne, formé en 1946, lequel a réuni plusieurs plasticiens de renom tels Hamed Oweis, Youssef Sida et Gamal Al-Séguini. C’était une époque où elle prônait le réalisme égyptien et réclamait la libération du pays, alors sous le joug du colonialisme. Et ce, avant de se tourner davantage, au fil des ans, vers un style beaucoup plus libre et abstrait.

Avec Tahia Halim et Inji Efflatoun, elle est considérée comme l’une des grandes dames de la peinture égyptienne. Décédée à l’âge de 96 ans, elle a continué à exposer presque jusqu’à la fin de sa vie, passant parfois de la peinture à l’aquarelle, sans cesser de nous étonner de par sa profonde lecture sociologique. Car Gazbia Sirry jouait dans ses dernières expositions sur les contradictions d’une Egypte immobilisée qui stagne, en interrogeant les clivages qui ne peuvent être contournés. Elle jouait à cache-cache avec le public, lui donnant des repères qu’elle lui reprenait aussitôt pour que sa réflexion se poursuive dans la complexité et non pas dans des idées toutes faites

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