Un joueur d’oud (luth oriental), un violoniste et un percussionniste … Ce trio suffit pour nous faire revivre et savourer les mélodies d’antan. Avec le trio Maqamat (maqâms), l’authenticité est toujours au rendez-vous, mariant les différents mondes des maqâms de la musique arabe et orientale. Créé il y a un mois par le joueur d’oud, guitariste, compositeur et professeur de musique Ali Omar El-Farouk ainsi que Hany Bédeir (percussions) et Ayman Asfour (violon), le trio se produit pour la première fois au Caire durant le mois de juin.
Après 13 ans d’études et de formation académique en musique de jazz à Montréal, au Canada, Ali Omar El-Farouk a choisi de retourner en Egypte et de lancer un nouveau groupe musical.
Le mot « maqamat » (pluriel de maqam ou mode musical) fait référence au riche système modal arabe à partir duquel la musique traditionnelle d’Egypte, de la Palestine, d’Iraq, du Liban, de la Syrie et plus au moins du reste monde arabe est dérivée.
Le trio Maqamat vise donc à puiser dans le patrimoine de la musique arabe et de la revivifier. Il nous propose un répertoire classique ou traditionnel, arabe et ottoman. Un répertoire diversifié où la musique mène les auditeurs à un état d’extase. « Je joue différents genres de musique. Je suis guitariste et luthiste. A travers ce trio, je cherche à revenir aux sources, afin de faire redécouvrir la richesse de la musique arabo-orientale », souligne Ali El-Farouq, fondateur de la troupe.
Au Canada, terre d’accueil de différentes cultures, El-Farouk s’est vite fait remarquer en jouant au luth oriental. « J’étudiais la musique depuis 2006. J’ai découvert ma passion pour l’oud en 2010, pendant mes recherches musicales. J’étais très épris par le répertoire des grands luthistes Hamza Eddine et Anouar Braham, j’essayais de bien assimiler leurs musiques. Il faut revenir aux origines des maqâms. En tant que guitariste, je joue le jazz et j’ai beaucoup d’intérêt pour le flamenco. Au Canada, les guitaristes sont nombreux et la concurrence est grande, tandis que le luth est plutôt un instrument plus proche de là où je viens », explique le musicien versatile.
El-Farouq a d’abord voulu créer un ensemble traditionnel (un takht oriental classique), mais à défaut d’argent, il a décidé de se limiter à un trio. « J’ai lancé différents trios de musique au Canada. C’est une forme que j’aime, simple et riche à la fois. Malgré mon long séjour au Canada, je retournais souvent en Egypte et j’animais des concerts avec le percussionniste Hany Bédeir depuis 2010. Un musicien très raffiné. Il a une grande sensibilité et joue avec subtilité. Quant à Ayman Asfour, c’est un violoniste alexandrin que j’ai découvert récemment lors d’une rencontre entre amis dans le quartier de Maadi. Sur scène, j’aime me baser sur les instruments acoustiques. Le concert, prévu le 11 juin à l’espace Room, est notre premier en public en tant que trio », précise Ali El-Farouq. Maqamat donnera également un autre concert dans le cadre du programme musical Sellah (lien), de l’église Saint-Jean Baptiste, à Maadi le 24 juin.
Voyager au pays des Maqâms
Maqamat s’adresse à tout public et surtout aux mélomanes. Même les plus jeunes peuvent trouver dans la musique de ce trio quelque chose qui les touche. « Je cherche à donner mes concerts dans des espaces calmes qui permettent aux musiciens de jouer et de s’exprimer librement et au public de bien écouter », poursuit-il.
Les musiciens ont prévu de faire place à l’improvisation durant leurs concerts. Ils ne veulent pas simplement jouer les morceaux programmés, mais donner à chacun l’occasion de refléter sa personnalité. Ainsi, sur scène, les trois musiciens dialoguent tout le temps entre eux.
Le programme des deux concerts de ce mois de juin comprend de belles compositions instrumentales. En hommage au violoniste égyptien Abdou Dagher, qui vient de s’éteindre le mois dernier, le trio va jouer l’une de ses compositions intitulée Longa Ajam.
Les musiciens ont également prévu de jouer des compositions de Saleh Abdel-Hay et Mohamad Al-Qassabgui. Et ce, sans oublier des morceaux légers tels Fantasy Nahwand, Khatwat Habibi et Aziza de Mohamad Abdel-Wahab ; Touta, Raqset Al-Gamal de Farid Al-Atrach et Fatafite Al-Sokkar de Mohamad Fawzy.
En outre, la musique ottomane est souvent présente à leur répertoire. Ainsi, Maqamat va interpréter Samaï Rast de l’Ottoman d’origine arménienne Tatyos Effendi, Longa Shehnaz d’Adahm Effendi et Bashraf Farahfaza d’Ismaïl Haqqi.
S’ajoutent aussi au menu de leurs concerts Samaï Nahwand de l’Iraqien d’origine palestinienne Rawhi Al-Khamach, Al-Tahmila du maqâm Suznak, souvent jouée dans le temps par le takht du musicien syrien Sami Al-Shawwa.
Projets musicaux
Après ces deux concerts, Ali Omar El-Farouq compte entamer des projets qui mijotent dans sa tête depuis belle lurette. Il espère tenir des ateliers de formation à la Place des arts à Maadi, où il enseigne la guitare et le luth oriental.
A ses prochains concerts, en solo ou en trio, il essayera d’introduire quelques-unes de ses propres compositions, sorties au Canada en 2019, dans un album intitulé Ila Mata (jusqu’à quand?). L’album est le fruit d’une coopération avec le bassiste Mike De Masi et le percussionniste Joseph Khoury.
Un autre projet qu’il espère réaliser prochainement consiste à former des duos avec des chanteurs ou des musiciens. Avec la chanteuse Dalia Farid, il a déjà eu quelques expériences visant à reprendre les tubes classiques, interprétés autrefois par des chanteurs et des musiciens arabes. Bref, revisiter des oeuvres anciennes qu’il apprécie particulièrement.
Le 11 juin, à 21h, à l’espace Room. 10 rue Ittihad Al-Mohamine Al-Arab, Garden City. Le 24 juin, à l’église Saint-Jean Baptiste, au 55, rue 15, Maadi.