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Nouvelles affiches, nouvelles histoires

May Sélim, Mardi, 25 mai 2021

La deuxième édition de l’exposition Cairo Prints, organisée par la galerie Cairopolitan en coopération avec l’Institut Français d’Egypte (IFE), se déroule du 31 mai au 17 juin. 550 oeuvres de 170 artistes y participent. Elles soulignent la spécificité des affiches, des cartes postales et des oeuvres imprimées, enracinées dans la culture égyptienne.

Nouvelles affiches, nouvelles histoires
La Salle à manger par Engy Mohsen.

Etes-vous à la recherche d’affiches et de cartes postales conçues par des jeunes artistes contemporains à de petits prix ? D’oeuvres d’art en lien avec la vie quotidienne en Egypte ? Il faut se rendre alors à l’exposition Cairo Prints, du 31 mai au 17 juin, dans les locaux de Cairopolitan à Garden City, à la médiathèque de l’Institut Français d’Egypte (IFE) à Mounira et dans le jardin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), juste à côté. Vous allez sans doute avoir l’embarras du choix. Car l’exposi­tion nous fait découvrir un monde magique d’imprimés.

Organisée pour la deuxième année par la gale­rie et boutique Cairopolitan, en coopération avec l’IFE, cette édition regroupe 170 artistes et 550 oeuvres. « Cairopolitan est une boutique et gale­rie créée en 2018. Mes partenaires et moi, nous avons voulu travailler sur le design des objets-souvenirs en Egypte et rompre avec les formes de produits antiques ou pharaoniques. On cherche à créer des objets artistiques pratiques et utiles au cachet très égyptien », explique Nelly El-Sharqawi, l’une des fondateurs de Cairopolitan. Et d’ajouter : « Nous consacrons une partie de notre travail à la création d’af­fiches, de cartes postales et d’ouvrages compo­sés de cartes postales. Dans Cairopolitan, il y a une section pour ces produits imprimés. L’idée de garder des posters ou des affiches n’est plus aussi fréquente en Egypte qu’avant 1980. C’est rare aujourd’hui de trouver dans une maison une collection de posters décoratifs. Nous tentons alors de revivifier cet art, en offrant au public des créations signées par des artistes contempo­rains à de petits prix. D’habitude, nous impri­mons des posters à trois tailles, dont les prix varient entre 250 et 600 L.E. Partant de cette idée, et après le grand succès de la section des oeuvres imprimées, nous avons décidé de tenir une exposition à l’avantage de nos collègues et amis qui travaillent avec nous. D’où la naissance de la première édition de Cairo Prints qui a regroupé 50 artistes. Le jour du vernissage, notre galerie-boutique était bondée de gens, la circula­tion à Garden City était plus ou moins bloquée », raconte-t-elle.

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Café Tunis par Mohammed El-Shennawy.

Profitant de ce premier succès, les organisateurs de Cairo Prints ont voulu donner plus d’ampleur à la deuxième édition. Alors, ils ont lancé un appel à candidatures, en début 2021, aux desi­gners, illustrateurs et dessinateurs, afin de partici­per à leur événement. L’IFE a décidé de les sou­tenir, en leur offrant la salle principale de la médiathèque, de l’antenne Mounira, pour exposer une partie des oeuvres sélectionnées. « Cairopolitan est en partie liée à la bande dessi­née égyptienne. C’est un endroit où on peut ache­ter des bandes dessinées traduites du français vers l’arabe. L’IFE soutient par ailleurs le festi­val Cairocomics. En outre, Cairopolitan repré­sente la culture de l’art graphique et la culture de l’imprimé. C’est pourquoi leur travail nous inté­resse en tant que médiathèque. Cairo Prints est une exposition d’affiches, mais l’affiche est aussi du texte, de l’image et du dessin. C’est l’imprimé dans ses différents supports : affiche, poster, carte, ouvrage, etc. On s’intéresse à la scène graphique arabe et égyptienne. La qualité des affiches exposées témoigne d’une grande créati­vité à l’échelle régionale », indique David Ruffel, attaché de livres à l’IFE.

Quatre générations

Les oeuvres exposées représentent quatre générations différentes d’artistes arabes, celles nées dans les années 1970, 1980, 1990 et 2000. Elles témoignent d’une grande variété de styles. « Nous avons reçu 500 candidats et nous avons uniquement retenu 170. En faisant le tri, il fal­lait faire la différence entre une affiche, un dessin et une peinture classique. Le message de l’affiche doit être clair, bref et déchiffrable pour tous. Car l’affiche s’adresse à toutes sortes de personnes, donc elle doit cibler un public assez large », précise Nelly El-Sharqawi.

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Un Matin d’hiver animé à la rue Al-Moez par Nora Zeid.

Certaines oeuvres sont dessinées à la main. D’autres sont faites à l’aide de logiciels de des­sin. Et ce, par de jeunes illustrateurs connus ou moins connus qui exposent leurs créations pour la première fois. Par exemple, on y retrouve des posters de Valérie Aaref, une designer réputée pour la création du logo du cinéma Zawya. En outre, Maged Nassar, réalisateur de publicité, se présente en tant qu’illustrateur. Tareq Samy reproduit les anciennes affiches de films égyp­tiens, mais aussi il propose, à sa manière, des affiches contemporaines pour des chefs-d’oeuvre cinématographiques classiques.

Tarek Hefny présente son ouvrage de cartes postales dépeignant les différentes formes et couleurs des taxis des gouvernorats égyptiens. Les illustrateurs Ahmed Al-Hefnaoui et Mohammed El-Shennawy expose quelques-unes de leurs créations inédites.

Le kitch est présent dans d’autres oeuvres, mar­quées par leurs couleurs criardes et des éléments décoratifs propres à la culture égyptienne. Le kochari, à titre d’exemple, le plat populaire égyp­tien, fait objet d’un poster. On joue aussi sur la calligraphie arabe et la typographie de manière à créer des posters, mettant en avant des mots-clés de la culture égyptienne : un proverbe, les paroles d’une chanson de Warda, etc. « Sans avoir lancé d’appel à candidatures, nous n’aurions pas la chance de découvrir tant de talents. J’espère pou­voir tourner avec cette exposition en Europe et aux Etats-Unis. C’est très important de montrer au reste du monde les créations des designers arabes », ajoute El-Sharqawi.

L’imprimé et le digital

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Cairobserver par Amr Thabit.

Cairo Prints mise sur l’imprimé et les tech­niques du numérique. Elle nous invite à une réflexion sur les affiches, leurs nouvelles his­toires et leurs formes. Dans un monde où tout passe au numérique, Cairo Prints garde ce rap­port intime avec le papier et tache de le promou­voir. « C’est important pour nous d’affirmer, à un moment où tout passe au digital, la qualité et la valeur de l’imprimé. Les jeunes de Cairopolitan articulent l’imprimé et le digital, il n’y a pas d’opposition entre les deux. C’est un mouvement qu’on observe partout dans le monde, les jeunes créateurs sont très intéressés par l’objet. Dans Cairopolitan, nous travaillons sur l’idée de l’objet, de façon qualitative et inventive. On voit bien l’intérêt de l’impression, on remarque aussi le regain d’intérêt pour l’ar­tisanat », conclut David Ruffel.

Deuxième édition de Cairo Prints, du 31 mai au 17 juin, vernissage à 17h à Cairopolitan, 8 rue Al-Chéfa, Garden City, puis tous les jours de 12h à 21h. A la médiathèque de l’IFE, 1 rue Madrassette Al-Hoqouq Al-Frinsiya, Mounira, tous les jours de 11h à 18h (sauf le samedi). Au jardin de l’IFAO, rue Al-Cheikh Ali Youssef, Mounira, tous les jours de 8h à 17h (sauf le vendredi et le samedi).

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