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Le succès divisé par trois

Yasser Moheb, Mardi, 06 août 2013

Les trios artistiques étaient en vogue dans les années 1950-60. Mais depuis, l’air du temps avait changé et les trios n’étaient plus de mise. Aujourd’hui pourtant, le phénomène resurgit et décroche un vrai succès. Coup de projecteur sur 3 trios ayant le vent en poupe.

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Ahmad, Hicham et Chico, le trio bizarroïde

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Ahmad fahmi, Hicham Magued et Chico. Trois amis nés en 1980 et qui ont fait leurs études à l’Université du Caire. Ce trio fondé en 2010 s’est associé essentiellement pour parodier les chefs-d’oeuvre du cinéma arabe.

Littéralement plongé depuis l’enfance dans l’univers fascinant du bouffon et de la parodie, du cinéma et de l’écriture, le jeune Ahmad Fahmi a pris, il y a quelques années, la décision de fonder avec ses amis une troupe nommée Tamr Hindi. A la faculté d’économie et de sciences politiques, il signait déjà des scénarios, tournant en dérision les oeuvres classiques. Du haut de ses 20 ans, il n’avait qu’un seul objectif : « créer un concept à travers lequel on peut donner vie à d’anciens chefs-d’oeuvre ou personnages, dignes d’être re-projeter différemment », souligne Ahmad Fahmi, tout en demandant que la réponse soit attribuée au trio comme une seule personne. « Nous formons un trio, donc une seule entité avec une seule réponse, et non pas trois personnes. C’est ainsi que nous voyons notre groupe ! », dit-il.

Un jour, le scénariste et producteur Mohamad Héfzi décide de financer leur premier film, Waraqat chafra (code sur papier), dont le scénario est écrit par le trio. Ensuite, leurs oeuvres se succèdent : Banat al-am (les cousines) et récemment, le feuilleton ramadanesque Al-Ragol al-ennab (l’homme bizarroïde).

Challengeurs dans l’âme, ils relèvent le défi et préparent toute une liste de nouveaux projets, sans jamais perdre de vue leur but. « Nous ne pensons jamais à nous séparer pour que chacun présente ses propres idées, annoncent-ils clairement. Seul le public peut donner un ordre pour nous séparer si notre travail déplaît. Sinon, nous avons l’honneur de rester le seul trio de jeunes comédiens, depuis Soulassi adwä al-masrah (le trio du théâtre) dans les années 1950-60 ».

Okka, Chehta et Ortega, représentants du populaire

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Un cercle d’amis. Ils s’épanouissent et se défoulent ensemble grâce à une formation musicale très originale, rien que par le nom, à savoir Huit pourcent. Ils se sont retrouvés sur la route du pop musique au goût populaire. Le trio Okka, Chehta et Ortega sont devenus en peu de temps les stars de la musique dite « mahraganate ». Un genre populaire qui use de l’ordinateur et des programmes acoustiques pour produire les sons. Une musique issue des rues surpeuplées du Caire. Il suffit de regarder leurs têtes pour imaginer de quoi ils sont capables. Leurs sobriquets très originaux portent bien l’image du groupe, 8 %, ainsi que la spécialité de leur jargon. Leur style vestimentaire un peu funk confirme cette même image.

Okka, Chehta et Ortega sont à l’origine des voisins de quartier, des amis de tous les jours. « Okka est le surnom d’Ahmad, alors qu’Ortega est le surnom de notre collègue Mohamad, qui s’est choisi le nom de ce fameux joueur argentin, Ariel Ortega, vu qu’il a passé des années à jouer au foot dans des équipes, comme Enppi ou Al-Intag Al-Harbi », souligne fièrement Chehta, le troisième membre de ce trio d’enfer.

« Moi aussi, je ne m’appelle pas Chehta Karika, mon vrai prénom est Abdel-Réhim, mais vu que ma mère perdait ses enfants, certains lui ont conseillé de m’habiller super mal et de faire la manche en me portant dans ses bras. C’est un rite populaire adopté par les femmes dont les bébés meurent en continu. Une manière de combattre la poisse. Chehta veut dire mendiant, tout court », raconte-t-il franchement.

Il y a trois ans, le trio a décidé de fonder un groupe, d’abord pour présenter des chansons de rap. Travaillant en tant qu’assistant dans une salle de disco, Chehta était censé ranger les CD. « Une liaison indirecte qui m’a rendu très attaché à ce monde de chant et de danse », avoue-t-il. Et d’ajouter : « C’est pourquoi j’ai décidé de travailler comme DJ dans les noces, chez les voisins. Ensuite, j’ai eu la chance de chanter avec mes amis pour d’autres occasions. Un nouvel élan ».

Pour sa part, Ortega travaillait dans un cybercafé, il passait des nuits blanches avec son ami Okka, afin de télécharger les tracks des chansons arabes et occidentales. Mais ils se plaisaient à les réinterpréter à leur façon, avant de les retransmettre sur Internet. Cette fois-ci, avec l’étiquette du groupe : 8 % !

Aujourd’hui devenus célèbres, les membres du trio gardent les pieds sur terre. Ils avouent ne pas être les premiers à s’aventurer dans ce domaine. « Nous n’avons inventé ni ce genre de musique, ni le chant électronique », indique Chehta, précisant que « d’autres, avant nous, s’intéressaient déjà à ce genre à part, tels Figo, Haha ou Al-Dizel ».

Ils avouent d’ailleurs être fort reconnaissants au producteur Mohamad Al-Sobki et au jeune comédien Mohamad Ramadan, car ces derniers les ont présentés au grand public à travers deux films : Al-Almani et Abdou Mota. Ces deux expériences les ont reliés au box-office. On les retrouve d’ailleurs au petit Baïram, dans un nouveau film, Kalbi dalili (mon chien, c’est mon guide), avec Sameh Hussein et May Kassab. Un nouveau défi donc pour un trio notoire.

Attention, les filles arrivent !

Voilà un trio à 100 % féminin, regroupant trois jeunes filles. Il s’agit des soeurs Hémdane : la chanteuse et comédienne May Sélim, Mays Hémdane, également chanteuse et comédienne, ainsi que l’animatrice de télévision, styliste et comédienne, Dana Hémdane. Ces trois artistes jordano-égyptiennes n’ont pas toutes gardé le même nom de famille, mais elles ont décidé récemment de profiter de ce lien de parenté en présentant un talk-show, Sister, sur la chaîne MBC. Chant, musique, humour et convivialité sont de mise sur le podium. Dana est la soeur aînée de ce trio, née aux Emirats arabes unis d’un père jordanien et d’une mère libanaise. Les jeunes filles ont passé leur enfance dans cette monarchie pétrolière, puis une fois arrivées au Caire, elles ont fait chacune son petit bonhomme de chemin. Dana, jouant actuellement devant Adel Imam dans le feuilleton Al-Arraf (le charlatan), a aussi réussi à se faire un nom parmi les animatrices de télévision à travers son programme Zaffa (cortège nuptial), diffusé sur la télévision de Dubaï. Et ce, avant de faire un bon landing au Caire pour étudier les ressources humaines à l’AUC. Croyant qu’une femme doit être — par nature — experte en mode et en haute couture, Dana part pour Milan, où elle étudie la mode, pour devenir l’une des stylistes les plus talentueuses du monde arabe. Ensuite, elle est venue rejoindre ses deux soeurs starlettes, pour présenter Sister Soup. « C’était la première fois que je ressens la réussite d’une manière différente et intensive. Une réussite multipliée par trois ! », souligne-t-elle. Et d’ajouter : « Nous cherchions depuis des années la bonne occasion pour apparaître ensemble. Et c’est à travers la télévision qu’on a pu concrétiser ce rêve familial, avant de se lancer dans d’autres nouvelles expériences, notamment cinématographiques ».

Quant à la cadette, Mays Hémdane, réputée surtout pour les devinettes Mosalsalico avec Mohamad Héneidi, elle a joué aussi dans le feuilleton Loabat al-mawt (jeu de la mort), partageant la vedette avec Cyrine Abdel-Nour et Magued Al-Masri. La benjamine était aussi au rendez-vous durant le Ramadan : May Sélim a attiré les regards grâce au feuilleton Mazag al-kheir (bonne humeur).

Toutefois, si les trois soeurs se sont présentées ce Ramadan, chacune à sa façon dans des oeuvres séparées, elles sont déterminées à se réunir à nouveau, afin de confirmer leur présence de trio. «C’est juste comme de la glace que nous avons réussi à briser ou à faire fondre, à travers notre programme commun Sister Soup », explique la jeune May Sélim. Et d’ajouter : « Avant, nous craignions ce face-à-face familial, de peur que chacune de nous perde le succès. C’est pourquoi on a fait plusieurs répétitions avant d’enregistrer notre premier épisode de Sister. Mais une fois les épisodes diffusés, on a pris confiance en nous-mêmes, au point de vouloir entamer d’autres projets sur d’autres chaînes satellites. On commencera à tourner notre prochaine émission, en plein air, le mois prochain ».

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