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Le 7e art face à la pandémie

Yasser Moheb, Dimanche, 29 novembre 2020

La 42e édition du Festival du film du Caire se tient, du 2 au 10 décembre, dans des circonstances hors normes. Malgré la crise du coronavirus, le festival offre un large éventail de 83 films, de sections et d’activités. Une année très particulière.

Le 7e art face à la pandémie

Enfin, le tapis rouge a été déroulé pour cette 42e Festival International du Film du Caire (FIFC) qui commence ce soir. La direction du festival avait tendance à tenir cette édition du 2 au 10 novembre, en dépit de la deuxième vague de coronavirus, considérant que c’est un « acte de résistance contre l’impact de la pan­démie sur la scène artistique et sur­tout sur l’industrie du cinéma ».

Mohamed Hefzi, président du FIFC, a d’ailleurs précisé que la décision d’organiser cette édition 2020 avait été assez difficile à prendre, à cause de l’incertitude concernant l’évolution de la maladie et des mesures exception­nelles qui sont prises pour y faire face, rendant presque impossible de faire des prévisions, même à moyen terme. « Organiser un festival dans ces conditions exceptionnelles consiste à relever des défis vraiment difficiles et prendre une énorme responsabilité pour préserver la santé de tous les festivaliers », a déclaré Hefzi, lors de la conférence de presse, tenue à cet égard.

Cela dit, l’édition 2020 apporte­ra – malgré tout – son lot de nouveau­tés, offrant au public une sélection riche et diversifiée parmi les films les plus récents et les plus attendus, dont la plupart ont été palmés dans de grands festivals internationaux.

La compétition officielle regroupe 15 films, dont le film britannique Limbo qui a été déjà sélectionné par le Festival de Cannes. Réalisé par Ben Sharrock et avec l’acteur égyptien Amir Al-Masri dans le rôle principal, le film présente la vie d’un groupe de sans-papiers restés bloqués dans un port. Une perspective assez différente sur les problèmes des réfugiés en Europe.

Gaza Mon Amour est l’un des films arabes les plus importants de l’année, participant également à la compétition internationale. Il s’agit d’une copro­duction entre la France, l’Allemagne, le Portugal et la Palestine, réalisée par les jumeaux Tarzan Nasser et Arab Nasser. Le film a été présenté en pre­mière au Festival du film de Venise, avant de remporter le prix NETPAC du meilleur film asiatique au Festival international du film de Toronto. L’histoire tourne autour d’un vieil homme solitaire qui tombe amoureux d’une couturière et essaie de lui avouer son amour, alors qu’il découvre une ancienne statue qui va changer sa vie.

Venant du Japon, le drame Under the Open Sky (sous le ciel ouvert), réalisé par Miwa Nishikawa et joué par Koji Yakucho, nous parle de Masao Mikami qui a purgé une peine de 13 ans de prison pour meurtre. A sa libération, il fait face à un monde impensable qui a changé rapidement. Il a du mal à s’adapter à la vie en société et est ostracisé au travail. Deux hommes d’une chaîne de télévi­sion l’approchent alors, et veulent faire une émission montrant son quo­tidien.

Des poids lourds, hors compétition

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Ondine.

Le film américain Nomadland vient en tête de liste des titres importants qui auront leur première MENA au FIFC. Après avoir remporté deux des prix les plus prestigieux de l’année, le Lion d’Or de Venise et le People’s Choice du Festival international du film de Toronto, le Festival du Caire le présentera dans la section officielle, hors compétition. Réalisé par Chloé Zhao et avec Frances McDormand, lauréate d’un Oscar, dans le rôle prin­cipal, Nomadland est l’histoire assez sombre des répercussions résilientes d’une économie impitoyable avec une authenticité vécue mêlant une puis­sance technique à une grâce bien émouvante.

Toujours hors compétition, Le Disciple, une production indienne qui a remporté le prix du meilleur scéna­rio et le prix FIPRESCI au Festival de Venise, figure également parmi le programme de cette cuvée 2020. Réalisé par Chaitanya Tamhane et produit par Alfonso Cuaron, lauréat d’un Oscar, le film présente l’histoire d’un jeune Indien qui consacre sa vie à réaliser son rêve de devenir un chan­teur classique indien, et qui fait face à des défis difficiles auxquels rares ceux qui arrivent à résister.

Encensé également par le public lors du dernier Festival de Berlin, le film Mogul Mowgli, une production anglo-américaine dirigée par Bassam Tariq, met en vedette Riz Ahmed (également coscénariste). La fiction suit, en hors compétition, le parcours d’un rappeur pakistanais britannique à l’aube de sa première tournée mon­diale, mais qui est frappé par une maladie, ce qui affecte tous ses pro­jets.

Un autre film important : Exil, pro­duit par l’Allemagne, la Belgique et le Kosovo, et réalisé par Vissar Morena. Remportant le prix « Heart of Sarajevo » du meilleur long métrage au Festival du film de Sarajevo, le film raconte l’histoire d’un ingénieur chimiste étranger, victime d’intimida­tion et de négligence de la part de ses collègues et de sa famille, ce qui le plonge dans une crise d’identité. Cette fiction socio-psychologique est proje­tée dans la section Panorama interna­tional.

Plusieurs come-back

Le 7e art face à la pandémie
Le 7e art face à la pandémie

Le drame franco-allemand Ondine fait également partie de la sélection officielle hors compétition. Il s’agit du dernier film de Christian Petzold, qui avait présidé le jury de la compétition internationale du Festival du film du Caire, lors de sa 38e édition. Il s’agit d’Ondine qui travaille en tant qu’his­torienne donnant des conférences sur le développement urbain de Berlin. Mais quand l’homme qu’elle aime la quitte, le mythe antique la rattrape. Elle doit alors tuer l’homme qui la trahit et retourner à l’eau.

Le réalisateur mexicain Michel Franco, membre du jury de la compé­tition internationale du Festival du Caire l’année passée, participe cette fois-ci avec le thriller New Order (nouvel ordre), lauréat du Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise. Le film, projeté en sélection officielle hors compétition, relate l’histoire d’un mariage pour les membres d’une famille aisée de la haute bourgeoisie, interrompu par l’arrivée d’invités inattendus et les événements mouve­mentés qui bouleversent le pays.

Revenant lui aussi au Festival inter­national du film du Caire, deux ans après sa participation avec son précé­dent film JumpmanL’insensible en 2018, le réalisateur Ivan I. Tverdovskiy est présent cette année au Caire avec son dernier long métrage Conférence, projeté en compétition internationale. D’une coproduction Russie-Estonie-Royaume-Uni-Italie, le film, qui a reçu une mention spéciale du jury des Venice Days, relate l’histoire de Natasha, une bonne soeur qui arrive à Moscou le jour du 17e anniversaire de l’attaque du théâtre Doubrovka, fai­sant au moins 170 otages et un nombre de terroristes tchétchènes, pour orga­niser une soirée de commémoration. Armée d’argent et de la bénédiction de son prêtre, apparemment soutenue par sa soeur Vera, elle loue l’endroit pour une soirée avant d’aller rendre visite à sa soeur Galya.

Grands talents, nouveaux hommages

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Gaza Mon amour.

Une autre nouveauté, les prix d’honneur qui sont décernés chaque année à des personnalités qui ont enrichi l’art cinématographique avec des oeuvres exceptionnelles portent, désormais, le nom de Pyramide d’Or et Pyramide d’Argent.

Cette année, la Pyramide d’Or sera décernée au scénariste égyptien Wahid Hamed. Un hommage excep­tionnel à celui dont la carrière de scé­nariste a commencé à décoller au début des années 1970, lorsqu’il avait commencé à écrire des séries drama­tiques pour la télévision et la radio. Il a présenté lors de sa carrière plus de 40 films et près de 30 séries drama­tiques pour la télévision et la radio. Ses oeuvres ont été saluées à la fois par la critique et par de nombreux prix dans de prestigieux festivals locaux et internationaux. De plus, deux de ses films, Al-Barië (l’innocent) réalisé en 1986 par Atef Al-Tayeb et Al-Leab Maa Al-Kébar (jouer avec les puis­sants) réalisé en 1991 par Chérif Arafa, ont été choisis pour figurer sur la liste des 100 meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien.

Quant à la Pyramide d’Argent, elle sera décernée à Christopher Hampton, le dramaturge et scénariste britan­nique. Les Liaisons dangereuses (1988), d’après le roman de Pierre Choderlos de Laclos, est considéré comme le film le plus important de sa carrière; d’ailleurs, il lui a valu l’Os­car du meilleur scénario adapté. Christopher Hampton a été nommé pour un autre Oscar dans la même catégorie pour le film Reviens-moi (2007), adapté d’un roman du même titre, par l’écrivain britannique Ian McEwan, en plus de deux autres nominations pour le Golden Globe et BAFTA.

The Father (le père), son oeuvre la plus récente basée sur une pièce de Florian Zeller, a été donc choisie pour être le film d’ouverture de cette 42e édition du FIFC.

Arrivant au Prix d’excellence Faten Hamama, décerné chaque édition à l’une des personnalités du cinéma relativement jeunes, mais qui a accompli une réalisation cinématogra­phique distinguée, il sera cette année pour la jeune actrice Mona Zaki, qui succèdera ainsi à Menna Chalabi honorée en 2019 et à Hend Sabri en 2018 .

Quelques chiffres
Seuls 83 films sont programmés cette année, à cause des restrictions dues à la pandémie (à comparer avec 150 en 2019), de 43 pays diffé­rents, dont 13 en premières mon­diales, 7 en premières internatio­nales, 52 en premières au Moyen-Orient et 6 en premières afri­caines.12 parmi ces films sont pro­jetés en gala tapis rouge, en pré­sence de leurs équipes. 21 films ont été réalisés par des femmes, pour essayer de respecter la convention 50/50 signée par le festival en 2019, par laquelle il s’est engagé à essayer d’équilibrer entre les deux sexes.

Centenaire de Fellini
Cette année marque le 100e anniver­saire du réalisateur italien Federico Fellini, l’un des plus importants de l’histoire du cinéma. A cette occasion, le Festival inter­national du film du Caire organise, en coopération avec l’Institut culturel italien, une célébration spéciale, regroupant le documentaire Fellini des esprits (2020) de Selma Dell’Olio, présenté au Marché du Film de Cannes, en plus des copies restau­rées des quatre films les plus célèbres de Fellini : Nuits de Cabiria (1957), La Dolce Vita (1960), 8 ½ (1963) et Juliette des esprits (1965). Par ailleurs, le public du festival pourra découvrir le réalisateur à travers une exposition de photos, organisée en marge de ces projections.

Centenaire de Fellini
Cette année marque le 100e anniver­saire du réalisateur italien Federico Fellini, l’un des plus importants de l’histoire du cinéma. A cette occasion, le Festival inter­national du film du Caire organise, en coopération avec l’Institut culturel italien, une célébration spéciale, regroupant le documentaire Fellini des esprits (2020) de Selma Dell’Olio, présenté au Marché du Film de Cannes, en plus des copies restau­rées des quatre films les plus célèbres de Fellini : Nuits de Cabiria (1957), La Dolce Vita (1960), 8 ½ (1963) et Juliette des esprits (1965). Par ailleurs, le public du festival pourra découvrir le réalisateur à travers une exposition de photos, organisée en marge de ces projections.

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