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Parcours d’un héros contemporain

Yasser Moheb, Dimanche, 31 mai 2020

Le téléfeuilleton égyptien Al-Ikhtiyar (le choix) dresse le portrait du colonel égyptien Ahmad Al-Mansi, mort il y a quelques années dans un attentat terroriste dans le Sinaï. Le feuilleton est l’un des plus visionnés du mois du Ramadan.

Parcours d’un héros contemporain
Amir Karara excelle dans le rôle du colonel martyr.

C’est évident : le martyr Ahmad Al-Mansi, colonel égyptien, commandant du bataillon 103, victime d’un attentat terroriste dans le Sinaï, en 2017, est une figure extrêmement populaire. Le téléfeuilleton diffusé durant le Ramadan, abordant sa vie, sa carrière et sa guerre contre le terrorisme, est l’un des plus visionnés.

Intitulé Al-Ikhtiyar (le choix), ce feuilleton, écrit par Baher Douidar et réalisé par Peter Mimi, expose les images d’une « légende ». C’est ainsi d’ailleurs que le surnommaient ses collègues.

Construit à partir de sa biographie, de ses correspondances et des témoignages de son entourage, le scénario brosse le portrait de ce héros de l’armée égyptienne. Et il a sans doute réussi, soulignant les actes d’héroïsme contemporains d’Al-Mansi, un personnage qui mérite certainement qu’on lui accorde une oeuvre qui s’étend sur tout le mois.

En suivant les épisodes du feuilleton, les téléspectateurs assistent à une analyse pertinente de la conjoncture sociopolitique et des changements survenus en 2011 et 2013. L’oeuvre aborde également l’accès des Frères musulmans au pouvoir et son impact sur le peuple égyptien. Plusieurs personnages sont amenés à choisir entre le Bien et le Mal, entre l’engagement et la trahison. C’est le cas des deux principaux protagonistes du feuilleton, le colonel Mansi et le terroriste Hicham Al-Achmawi, qui a fait autrefois partie de l’armée égyptienne, mais qui a choisi de trahir sa patrie, devenant un des dirigeants les plus violents des cellules d’Al-Qaëda. Chacun des deux protagonistes a fait son choix, et à nous aujourd’hui de les juger.

Entre biopic et portrait d’une nation

Il faut reconnaître qu’Al-Ikhtiyar a l’originalité de transporter les téléspectateurs dans un voyage militaire, politique et historique, au coeur de cette phase récente, et dramatiquement riche.

Le réalisateur, Peter Mimi, excelle à utiliser les éléments techniques, visuels et artistiques pour peindre un portrait de ce qu’il affectionne le plus : l’histoire du peuple égyptien, de ses leaders et de nombre de personnages qui resteront mémorables. Effectivement, le réalisateur a réussi à mettre les petits plats dans les grands. Tournage entre la ville et le désert, décors et costumes nombreux, casting suréquipé, etc. Le tout semble assez crédible et vraisemblable. Il met en scène de l’épique, du romantisme et de l’historique, sans jamais tomber dans l’excès.

Les paysages bien dessinés défilent et nous en mettent plein la vue. Les aspects émotionnels sont parfaitement maîtrisés, à comparer avec d’autres oeuvres historiques. Les scènes d’action sont tournées avec un tel réalisme, qu’on se croirait sur le champ de bataille, avec les soldats et officiers de l’armée.

Un casting sans failles

On y retrouve un Amir Karara au top de sa forme. Tout court, c’est le rôle de sa consécration. Le comédien aime les personnages aux esprits héroïques et aux aventures majeures ; il les a souvent incarnés dans des oeuvres d’action, telles les séries Kalabch (menottes), Hawari Boukharest (ruelles de Bucarest) ou les films Horoub Idtérari (fuite obligatoire), Casablanca et Harb Karmouz (guerre de Karmouz).

Ici, le personnage d’Ahmad Al-Mansi se place au sommet de la filmographie de Karara qui donne, à son tour, du caractère au personnage. Charismatique, intelligent, élégant et engagé, on s’attache davantage au colonel martyr.

Le comédien Ahmad Al-Awadi est plus que convainquant dans le personnage du terroriste Achmawi, avec un visage presque toujours ferme et froncé. L’armada des acteurs participants ou les invités d’honneur est également tout à fait à la hauteur, y compris les personnages féminins beaucoup moins nombreux. Tous sont très bien dessinés et bien joués, citons notamment Sara Adel dans le rôle de l’épouse d’Ahmad Al-Mansi et Dina Al-Cherbini dans le rôle de l’épouse de Hicham Al-Achmawi.

Bref, Peter Mimi donne le ton à son oeuvre, lui prêtant réalisme et crédibilité, grâce à un éventail de comédiens qu’il a su très bien diriger.

Bien qu’elle ne soit pas exempte de tout reproche, cette belle fresque historique fait facilement oublier ces quelques défauts. Elle transmet un message de paix, de courage, de liberté et d’engagement. A savoir : mieux vaut vivre en homme libre et mourir que d’être un traître et soumis. Une vraie réflexion sur l’Histoire contemporaine, agréable à suivre .

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