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Rideaux fermés

May Sélim, Dimanche, 15 mars 2020

Plusieurs rendez-vous culturels ont été suspendus ou reportés sine die pour limiter la propagation du coronavirus. Le sort de ceux prévus en avril est toujours inconnu.

Rideaux fermés
Ahmad Al-Attar pendant la conférence de presse du festival D-CAF. (Photo:Bassam Al-Zoghby)

Conférence de presse de la 9e édition du Festival du centre-ville des arts contemporains la situation sous haute tension. Le jour même, le 9 mars, 59 cas atteints du Covid-19 (aujourd’hui plus de 100) sont déclarés. Les premières décisions tombent à une demi-heure de la conférence de presse: le conseil des ministres annonce la suspension de toute rassemblement de masse comme mesure de précaution contre la propagation du virus. Par la suite, le ministère de la Culture affirme que toutes ses activités artistiques et culturelles seront annulées. Pourtant, quelques minutes avant ces déclarations officielles, les organisateurs de ce festival indépendant étaient tous présents à la conférence malgré une faible présence de journalistes. Quelques pancartes avec le logo du festival expliquaient aussi les instructions hygiéniques nécessaires au public afin d’éviter la contagion. « La situation est bien critique. Jusqu’à présent, nos accords avec les troupes et les artistes étrangers sont confirmés. Seule une troupe a annulé sa participation au festival. Nous allons certainement suivre les mesures de précautions et les instructions hygiéniques nécessaires pendant le déroulement des activités. Il n’est pas clair de quel genre de rassemblement il s’agit. La France par exemple a interdit toute activité réunissant plus de 1 000 personnes. Pour ce qui est de nos activités dans les salles de théâtres ou cinéma qui ne dépassent pas quelques centaines, la situation reste encore ambiguë. On ne sait pas si cette décision les vise ou pas. On attend plus de précision. Mais jusqu’à présent le festival se tiendra comme prévu », explique alors Ahmad Al-Attar, directeur artistique du festival D-Caf. Mais deux jours à peine après cette conférence de presse, les organisateurs reviennent sur leur décision, affirmant que la 9e édition sera bel et bien reportée sine die.

Et ce n’est pas le seul changement. Le Festival du cinéma africain de Louqsor, de 6 à 12 mars, a suspendu ses activités publiques trois jours après son lancement. Et ce, après avoir découvrir les premiers cas de coronavirus sur un bateau de croisière qui débarquait à Louqsor. Les trois premiers jours étaient d’ailleurs difficiles: les invités et les stars, égyptiens ou étrangers, étaient tenus de rester à l’hôtel afin d’être examinés par spécialistes du ministère de la santé. « Nous avons été dépisté, et grâce à Dieu personne n’est atteint », a déclaré l’actrice égyptienne Salwa Mohamad Ali, une invitée du festival, sur les réseaux sociaux. Malgré la peur et la panique, les membres du jury de la compétition officielle ont poursuivi leurs travail. Ils ont visionné les films dans une petite salle close à l’hôtel qui les accueillait. Certains journalistes qui couvraient le festival ont préféré plier bagage. La cérémonie de clôture a été annulée et le festival a annoncé ses prix dans des communiqués de presse. Une édition pas comme les autres. De même, la 4e édition du festival Les Journées cinématographiques du Caire, entamée début mars et qui devait se dérouler jusqu’à la fin du mois, a été interrompue.

Autre festival, celui d’Eazees pour le théâtre de la femme. Il devait tenir sa première édition du 23 au 29 mars et a lui aussi été reporté sine die, malgré un long travail de préparation. Après la déclaration de ses comités, ses honorés et ses membres, le festival présidé par Abir Lotfi et dirigé par Abir Ali et Racha Abdel-Moneim a diffusé un communiqué de presse déplorant la situation actuelle et reportant cette édition de lancement pour « le bien de ses membres, ses invités et son public ».

Des interrogations

En revanche, le Festival Al-Nitaq, qui constitue une collaboration entre des entrepreneurs culturels et des curateurs artistiques au centre-ville et qui propose tous les premiers dimanches de chaque mois une ballade dans les espaces culturels au centre-ville a annoncé poursuivre ses tournées. Cependant, « il reste à savoir si c’est faisable, et ce, en coordonnant avec nos partenaires culturels, les expos, les projections cinématographiques, les ateliers, etc. », souligne Karim Francis curateur et lanceur du festival. Celui-ci s’interroge: « la décision prise par l’Etat vise-t-elle aussi les galeries, les petites salles de cinéma ou non ? Si oui, on arrête tout, sinon on continue », poursuit-il. « Quant à ma galerie, Karim Francis au centre-ville, elle accueille jusqu’au 9 avril, l’exposition de Magued Michael. Après cette exposition, ma programmation s’arrête jusqu’au mois d’octobre prochain », ajoute-t-il.

Quant aux festivals ou rencontres prévus en avril, c’est toujours la confusion et l’hésitation qui règnent. La 22e édition du festival d’Ismaïliya pour les documentaires et les courts métrages qui devrait avoir lieu le mois prochain ne précise pas jusqu’à présent sa position. Des rumeurs parlent d’une annulation, mais les organisateurs n’ont rien déclaré officiellement. De même, aucune décision n’est prise par le festival de Charm Al-Cheikh pour le théâtre des jeunes présidé par Mazen Al-Gharabwy qui devrait tenir sa 5e édition dans cette station balnéaire du 10 au 20 avril.

Tous les festivals promettent de reprendre leurs activités et d’annoncer bientôt leurs dates après avoir surpasser la crise de Coronavirus.

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