Al-Ahram Hebdo : A l’occasion du jubilé d’argent du Festival du théâtre expérimental en 2018, on vous a demandé de redonner votre spectacle Makhadet Al-Khôl (le coussin du khôl), primé par le festival en 1998. Mais vous vous êtes excusé. Pourquoi reprendre aujourd’hui la même idée, après 22 ans ?
Intissar Abdel-Fattah : Je n’ai pas voulu refaire le spectacle tel qu’il était en 1998. Pour moi, les spectacles sont des êtres vivants qui se développent et évoluent avec le temps. Cette année, le directeur du théâtre Al-Talia, Chadi Sorour, m’a demandé de présenter le spectacle comme une oeuvre du répertoire. J’ai donc voulu le faire, mais en optant pour une deuxième version, en lien avec les jeunes filles d’aujourd’hui.
— En quoi exactement diffère cette nouvelle version de l’ancienne ?
— Même si j’ai gardé le décor et l’espace scénique, ce n’est pas du tout une simple reprise. Il s’agit là des jeunes filles de 2020. J’ai ajouté par exemple une scène importante, où les filles en cellules parlent entre elles et condamnent la grand-mère. C’est presque une scène de jugement. En outre, j’ai puisé encore plus dans le folklore égyptien et j'ai ajouté une chanson originaire de l’oasis de Siwa, Dalaa Aala Bali (se dorloter). Il y a plein d’autres scènes qui ont changé aussi, afin de rentrer plus dans les détails.
Les comédiens principaux sont les mêmes : la grand-mère est campée par Samira Abdel-Aziz, l’homme-danseur est interprété par Harbi Al-Taër, la fille au foulard est interprétée par Chahira Kamal et celle aux traits nubiens est jouée par Ann Thomas. La chanteuse Satouna est toujours présente. Par contre, les filles assises sur le lit sont toutes de nouvelles comédiennes.
— Quels sont vos prochains projets théâtraux ?
— En fait, cette deuxième version de Makhadet Al-Khôl fait partie d’un plus large projet, intitulé Habbat Al-Lölö (les graines de perles), sur la condition féminine dans les pays arabes. J’ai envie de travailler avec des comédiennes de plusieurs pays arabes et de faire ressortir la spécificité culturelle de chaque pays par l’intermédiaire des femmes. J’ai présenté ce projet à l’Institut arabe du théâtre (ATI) et il est censé tourner un peu partout dans le monde arabe.
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