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Festival du film du Caire, lever de rideau

Yasser Moheb, Mardi, 19 novembre 2019

Le Festival international du film du Caire, qui se tient du 20 au 29 novembre, propose une riche programmation avec 150 films projetés et 15 longs métrages en compétition. Avec pour cette 41e édition un pays à l’honneur, le Mexique. Présentation.

Festival du film du Caire, lever de rideau
Ehkili (parlons) de Marianne Khouri.

150 films de 63 pays, beaucoup de premières mondiales, une présence arabe remarquée, un documentaire égyptien en compétition, mais avant tout une sélection captivante. Voilà les principaux traits de cette édition du Festival International du Film du Caire (FIFC) 2019, qui promet déjà son lot de surprises.

15 films sont en lice dans la com­pétition officielle cette année, concourant pour repartir avec la prestigieuse Pyramide d’or. Ils repré­sentent entre autres la France, la Chine, la Lituanie, le Danemark, la Palestine, la Roumanie, le Brésil et l’Egypte.

Trois films en compétition sont présentés ici en premières mon­diales : le long métrage roumain Zavera d’Andrei Gruzsniczki, le film colombien The Border (la fron­tière) de David David et la produc­tion palestinienne Between Heaven and Earth (entre le paradis et la terre) de Najwa Najjar.

Le film chinois The Fourth Wall (le quatrième mur) de Zhang Chong et Zhang BO et le long métrage bré­silien The Friendly Man (l’homme aimable) d’Iberê Carvalho seront pour la première fois projetés au Caire.

L’Egypte, pays hôte, sera repré­senté par la coproduction égypto-française Ehkili (parlons), un docu­mentaire de 98 minutes, signé Marianne Khouri. C’est la première fois que l’Egypte sera présentée en compétition officielle uniquement par un film du genre documentaire.

Un récit visuel et humain assez spécial, regroupant quatre femmes de quatre générations différentes de la famille du défunt réalisateur Youssef Chahine, l’oncle de la cinéaste-réalisatrice. Cette oeuvre se veut, selon son idée, un lien entre le cinéma et la vie, en abordant plu­sieurs sujets à travers une conversa­tion entre une mère cinéaste — Marianne Khouri — et sa fille, Sara, qui étudie le cinéma à Cuba. Chacune de ces deux cinéastes et cinéphiles étale les difficultés et les plaisirs de la vie à travers une série d’archives et de souvenirs.

De son côté, Marianne déclare sa grande joie ainsi que sa fierté que son film ait été sélectionné par le FIFC. « J’ai choisi une histoire à partir de séquences d’archives et qui se manifeste par une conversation avec ma fille sur la vie, la mort, l’identité, le cinéma, nos rêves et notre amour, souligne Khouri. Et de poursuivre : « Nous faisons face à des secrets et à des douleurs, et à travers de telles questions existen­tielles et émotionnelles, nous nous plongeons dans l’histoire de notre famille, de notre identité et de nos racines ».

La cinéaste a également révélé qu’elle tenait à produire elle-même le film afin de n’obliger personne à prendre le risque de présenter un film pareil, ce qui lui a donné par ailleurs une liberté totale de dire et présenter tout ce qu’elle voulait.

Beyrouth en tête d’affiche

En lice également le film philippin Mindanao, joué par Judy Ann Santos et réalisé par le cinéaste le plus célèbre du cinéma des Philippines, Brillante Mendoza.

Le monde arabe sera également présent dans la compétition à travers le film libano-français Jidar Al-Sawt (toute cette victoire), réalisé par Ahmad Ghossein, cinéaste et artiste né à Beyrouth en 1981 et titulaire d’une maîtrise en arts visuels de l’Académie nationale des arts (KHIO) à Oslo et d’un baccalauréat en théâtre de l’Université libanaise de Beyrouth.

Le film raconte l’attaque israé­lienne de 2006 contre le Liban, lors de laquelle son personnage principal, Marwan, 30 ans, s’est retrouvé coin­cé dans une maison avec 4 villa­geois. Au-dessus d’eux, au premier étage, un groupe de soldats israéliens est aussi coincé. Une autre confron­tation a alors lieu, tout aussi compli­quée.

Hors compétition, l’affiche n’est pas mal non plus. Le film colombien Monose d’Alejandro Landesu, Proxima, l’oeuvre franco-allemande signée Alice Winocour, ou le film d’horreur anglais The Light House (le phare) produit et réalisé par Robert Eggers viendront montrer des productions internationales de grande valeur fictive.

Une édition dédiée au Maître !

Cette édition du festival porte le nom de Youssef Chérif Rizqallah, fameux critique et historien du ciné­ma et directeur artistique légendaire du FIFC, décédé le 12 juillet 2019. Pour rendre hommage à ce grand maître du cinéma, de nombreuses activités auront lieu pour célébrer le rôle qu’il a joué en tant que critique de cinéma, et surtout pour le Festival du Caire, dont il était le directeur artistique depuis l’édition 2000, après avoir rejoint l’équipe du festival en 1987 comme secrétaire artistique.

« Nous avons appris l’amour du cinéma grâce à Rizqallah, et nous espérons pouvoir apprendre la sin­cérité envers notre travail au service de ce domaine, ainsi que beaucoup d’autres valeurs dont il était por­teur », a déclaré le scénariste et pro­ducteur Mohamad Hefzi, président du festival.

Rizqallah a marqué plusieurs générations de jeunes cinéastes ainsi que le grand public, grâce à sa lon­gue carrière comme critique de ciné­ma, sa présence notée dans nombre de festivals arabes et internationaux, mais aussi par ses émissions télévi­sées, transmettant ainsi à un large public son amour du 7e art.

The Irishman fait l’ouverture

The Irishman fait l’ouverture
The Irishman de Martin Scorsese.

L’un des plus grands évé­nements de la 41e édition du FIFC, c’est le film amé­ricain The Irishman (l’homme irlandais) de Martin Scorsese, choisi pour être le film d’ouver­ture de cette cuvée 2019. Un long métrage marathon qui reprend tous les codes du cinéma du réalisateur.

C’est l’Américain Martin Scorsese qui fera l’ouver­ture, avec son film The Irishman (l’homme irlan­dais), un drame avec Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci.

Ce film, dont sera la pre­mière projection au Moyen-Orient, marque le come-back de Scorsese, 77 ans. Dans la veine des films de gangsters qui ont fait sa légende, comme Casino, Les Affranchis ou Les Infiltrés, ce long métrage est toutefois plus ancré dans le réel. Un retour réunissant la crème des acteurs de sa génération — tous septuagénaires —parmi lesquels, bien sûr, Robert De Niro.

Avec un budget de 160 millions de dollars, 117 lieux de tournage différents, 309 scènes distinctes, une distribution exceptionnelle, une durée de 3h29, The Irishman est l’une des productions les plus ambitieuses de la carrière du metteur en scène new-yorkais, qui en compte pourtant beaucoup.

Il y a 12 ans, Robert De Niro et Martin Scorsese ont commencé à tourner autour de l’adap­tation du livre I Heard You Paint Houses, dont le titre français est J’ai tué Jimmy Hoffa de Charles Brandt. Cette « chronique mafieuse » gravite autour d’un autre moment-clé de la vie de Frank Sheeran, à l’épreuve d’un « conflit moral », qui fait penser à une tragédie grecque.

Une leçon extraordinaire de cinéma donc signée Scorsese. A ne pas rater.

Le nouvel âge d’or du cinéma mexicain

Le nouvel âge d’or du cinéma mexicain
600 miles de Gabriel Ripstein.

Le Mexique est cette année le pays du cinéma du 41e Festival international du film du Caire. Tout un panorama lui est consacré, afin d’offrir un aperçu varié des oeuvres réalisées par les différentes générations de cinéastes mexicains.

Le Mexique, qui peut se vanter d’une longue tradition dans le cinéma, connaît actuellement un nouvel âge d’or et produit un nombre en constante croissance de films innovants. Ces oeuvres abordent avec courage, franchise et humour — et parfois même avec une touche d’absurde — les problèmes de société comme la criminalité liée à la drogue et à la pauvreté, mais aussi et surtout les plus belles facettes de la vie dans ce pays d’Amérique du Nord. « Au cours des vingt dernières années, les films mexi­cains ont remporté 32 Oscars, dont 5 pour le meilleur réalisateur, 5 pour la meilleure photo­graphie, un pour le meilleur film étranger et de nombreux autres Oscars dans diverses catégo­ries. En 2018, les films mexicains ont remporté 78 récompenses dans 23 pays. Le cinéma mexi­cain connaît un nouvel âge d’or grâce à la créativité, le talent et la productivité de ses cinéastes », s’est exprimé S.E. M. Jose Octavio Tripp, ambassadeur du Mexique au Caire, lors de la conférence de presse précédant l’ouver­ture du festival.

D’après S.E., « le Mexique a produit 176 films en 2017, suivis de 186 oeuvres en 2018, battant ainsi des records historiques, et prouvant sans aucun doute que son industrie cinématogra­phique a connu une croissance presque quatre fois supérieure à celle réalisée par l’ensemble des industries et de l’économie mexicaines ».

Pour ce Focus sur le cinéma mexicain orga­nisé cette année par le Festival du Caire, 8 films seront projetés, signés par des réalisa­teurs mexicains de grande réputa­tion, couvrant des chefs-d’oeuvre des années 50 jusqu’à nos jours. Citons, entre autres, le polar 600 miles réalisé par Gabriel Ripstein, produit en 2016, El (lui) signé en 1953 par Luis Buñuel, Le Vent Noir, réalisé en 1964 par Servando Gonzaléz et Chronique de Michel Franco, qui a fait le tour des grands festivals internationaux en 2015. Bref, plusieurs perles du cinéma mexicain qui toucheront toutes les générations.

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