Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Des films anciens sur les planches

May Sélim, Mardi, 27 août 2019

Dans sa nouvelle pièce de théâtre Cinéma Masr (cinéma d’Egypte), le metteur en scène Khaled Galal rend hommage aux chefs-d’oeuvre cinématographiques et aux pionniers de la vie artistique en Egypte. Il en profite pour présenter les diplômés de la deuxième promotion de l’atelier de comédiens dont il est responsable.

Des films anciens sur les planches
Des scènes empruntées à d’anciens films égyptiens. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

Vous souvenez-vous du film égyptien en noir et blanc La Dernière Nuit, avec Faten Hamama et Mahmoud Morsi, réalisé en 1964 par Kamal Al-Cheikh, qui a été projeté au Festival de Cannes ? Ce film de suspense a marqué l’histoire du ciné­ma égyptien. Si votre mémoire est un peu défaillante, la pièce de théâtre Cinéma Masr, donnée actuellement au centre Ibdaa, va sans doute vous rappeler ce film, comme bien d’autres.

Dès la première scène du spec­tacle, mis en scène par le talentueux Khaled Galal, les séquences de ce film de Kamal Al-Cheikh nous rap­pellent l’Egypte d’antan. Khaled Galal nous fait ainsi découvrir les talents de 67 jeunes comédiens récemment formés pendant six mois au sein de l’atelier Studio de l’acteur dont il est responsable. Il nous pro­jette également de plain-pied dans une autre époque, en multipliant les clins d’oeil aux anciens films égyp­tiens.

Galal prie le public, au début de la pièce, de revisiter l’histoire du film La Dernière Nuit, lorsque la comé­dienne Faten Hamama, atteinte d’amnésie, découvre au fur et à mesure qu’elle a vécu, pendant des années, dans la peau de sa soeur jumelle Fawziya. En effet, c’est son beau-frère qui a monté tout un strata­gème, faisant croire que c’est Nadia, la soeur jumelle de son épouse, qui était morte lors du bombardement survenu la nuit de ses noces. Or, c’est sa propre femme qui avait suc­combé sous les bombes. Pendant quinze ans, l’héroïne passe pour quelqu’un d’autre, elle remplace sa soeur au sein de sa famille et per­sonne ne remarque la différence.

Des films anciens sur les planches
Des scènes empruntées à d’anciens films égyptiens. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

Khaled Galal nous rappelle les évé­nements. L’arrière-fond du théâtre se compose de rideaux rouges. Et au beau milieu des planches est dessiné un cercle, faisant allusion à la caméra cinématographique. On voit Nadia sur scène, qui cherche à retrouver la mémoire, et les différentes scènes du film sont reprises sur les planches. Puis on passe en revue d’autres films, d’autres scènes-clés : La Momie, Le Victorieux Salaheddine, Ismaïl Yassine dans la marine, Al-Kit Kat, Le Prix de la liberté, Le Destin, Les Jours de Sadate, Nasser 56, Al-Chaïmaa, Sokkar Hanem, Ibn Hamido, Le Fantôme d’Ismaïl Yassine, La Deuxième épouse, Ils m’ont rendu criminel, L’Idole du public, et d’autres. Certains sont en noir et blanc, d’autres en couleur, certains comiques et d’autres plus sérieux.

Le jeu des comédiens n’est guère fondé sur l’imitation, mais dévoile leur potentiel. Chaque scène de film reste fidèle aux dialogues et aux costumes originaux, mais la presta­tion varie en fonction des person­nages. Le rôle de Nadia (qui se réveille de son amnésie) est inter­prété par plusieurs comédiennes. Il en est de même pour celui de Chaker, le mari. Le metteur en scène réunit aussi parfois tous les comédiens sur les planches et la tension monte. Chaker avoue sa machination et Nadia reprend ses écrits, faisant preuve d’une grande force.

Les comédiennes ôtent leurs fou­lards et leurs accessoires, se mettent debout en robes pharaoniques, non sans rappeler les gardiennes des temples anciens. En ceci, le person­nage de Nadia symbolise, aux yeux de Galal, l’Egypte d’aujourd’hui, atteinte d’amnésie. Il faut qu’elle renaisse de ses cendres.

Cinéma Masr, tous les soirs, à partir du 30 août, à 20h (relâche le mercre­di) au centre Ibdaa, terrain de l’Opéra, Guézira.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique