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Un festival de partage et de fusion

Névine Lameï, Mardi, 30 juillet 2019

Pour sa 17e édition, le Festival international d’été, organisé par le centre des arts de la Bibliothèque d’Alexandrie, propose, jusqu’au 31 août, une programmation éclectique de représentations musicales portant le label « musique alternative ».

Un festival de partage et de fusion
Caravane.

Entre musique classique et contemporaine, la forte présence des jeunes troupes musicales égyp­tiennes, arabes et étrangères, bien décidées à faire entendre leurs voix aventureuses et auda­cieuses — considérées comme un marqueur identitaire —, définit le Festival international d’été de la Bibliothèque d’Alexandrie. Ce der­nier lance sa cérémonie d’ouverture le 26 juillet, avec la troupe jorda­nienne Jadal (controverse).

Un festival de partage et de fusion
Hageen.

Pionnier du mouvement musical « rock arabe », la troupe Jadal est connue pour sa musique avide de rythmes saccadés et de paroles auda­cieuses. Un goût qui n’est pas étrange à son fondateur Mahmoud Radaideh, un « rockeur dans l’âme » ayant grandi dans une famille pas­sionnée des troupes Scorpions, Metallica, Nirvana, Guns and Roses et Pearl Jam, et donc d’un univers musical vibrant aux rythmes reten­tissants de rock’n’roll ou encore d’électro pop arabe. Dans une fusion musicale orientale-occidentale, Jadal passe de l’énergie rock brute à des passages plus aériens d’inspira­tion arabe (paroles toutes en arabe). Sur scène, Jadal aime jouer des chansons de son album phare Arabic Rocks, dont Tobah de Abdel-Halim Hafez à la sauce rock’n’roll mêlant la composition originale à des riffs de guitare électrique et une batterie résolument rock. Ou encore : Ana Bakhaf min Al-Commitment, Salma, Al-Makina, Bye Bye Azizi, KazaMakada et Malyoun, dans laquelle claviers et cordes se mélan­gent aux distorsions de la guitare. Jadal, qui dépeint les tourments d’une jeunesse jordanienne entre réflexions sociales et relations senti­mentales, promet un concert qui retentit sur fond d’une guitare élec­trique vrombissante accompagnée d’une batterie affolée.

De Jordanie aussi, la troupe Caravane jouera le 3 août. Elle se caractérise par son art de « fusion instrumentale », marqué par des moments d’émotion et de commu­nion d’une rare intensité avec le public. Caravane aime reprendre dans ses Jams éclectiques une varié­té de musiques et de compositeurs arabes, aux sensations mélodiques les plus goûtées, en les mélangeant à la musique occidentale classique à base géométrique structurelle et tonale, parfois même incrustée d’un classique du rock. C’est-à-dire allier l’harmonie à la mélodie, miroirs de deux cultures différentes, l’orientale et l’occidentale, dans une musique parfaitement assortie. Caravane aime jouer pour la diva Fayrouz comme pour Dalida. Fondée en 2007, la troupe jordanienne Akher Zafir (dernière expiration) de rock alternatif (punk et grunge) dépend essentiellement de la musique de guitare. Les sons varient entre les guitares du grunge aux atmosphères sombres et du rock gothique, en pas­sant par la Britpop et le twee pop permettent à l’auditeur de retrouver rapidement le calme et d’avoir les pensées plus claires. Et ce, avec des paroles toutes en arabe abordant des sujets de société (dépression, chô­mage, corruption, malaise sociale …) en réponse aux tensions sociales. C’est le cas des chansons Oum Al-Moussiqa (la mère des musiques) et Aks Al-Saqafat (contre culture) qui prendront part à la soirée d’Akher Zafir. Le 30 août.

Un festival de partage et de fusion
Lea Lu.

De la Syrie est invité Tareq Al-Sweidan, dont la musique consti­tuée de chants religieux anciens et nouveaux accentués de sonorités modernes, raconte en chansons l’his­toire de la guerre en Syrie. En tant que réfugié, Sweidan s’est déplacé à Alexandrie en 1997 et forme une troupe portant son nom. Sa musique au langage universel faisant réfé­rence à son pays d’origine est messa­gère de moments de peur, d’espoir, de lutte et de résistance. Le 31 août.

Les Alexandrins avant tout

Suivant la même lignée de fusion des genres, la troupe alexandrine Massar Egbari (détour obligatoire) mêle musique alternative de rock, jazz et blues avec de la musique orientale. Et ce, avec une sensibilité claire à la musique rock et une into­nation chagrinée projetée par les paroles qui reflètent les défis vécus du quotidien de la société égyptienne. Avec son grand impact sur la scène musicale indépendante, Massar Egbari est lauréate de nombreux prix et détentrice du titre « Artistes pour le dialogue interculturel », décerné en 2010 par l’Unesco. Au programme de la soirée de Massar Egbari, pré­vue pour le 10 août : Kol Al-Khal, écrite par Salah Jahine, et Taam Al-Biyout, paroles de Abdel-Réhim Mansour. Toutes les deux sont com­posées par Ayman Massoud, le cla­viste de Massar Egbari.

Un festival de partage et de fusion
Nouran Abo Taleb.

Toujours d’Alexandrie le 3 août, se produira la troupe Hageen (hybride). Un nom qui va de pair avec le style musical choisi par la troupe, à la croi­sée du reggae tissé d’influences hip-hop, rock et pop. Le tout est insufflé de mélodies puissantes et définies de « Reggaevolution ». Avec un remixage qui utilise un effet de réver­bération sur les beats ainsi qu’un effet d’écho très prononcé sur les guitares, Hageen donne davantage de profondeur à sa musique aux combi­naisons sonores singulières. Au pro­gramme de Hageen : Sebni Atgharrab (laisse-moi m’expatrier) et Saken fil Massaken (je vis dans le logement).

Dans la même soirée de Hageen, joue la troupe alexandrine KhaltaBeta (pêle-mêle). KhaltaBeta mêle dans une fusion musicale notamment acoustique, à la fois légère, joviale et simple, une large sélection de musiques différentes entre jazz, blues, musique country à l’orientale, chansons du patrimoine égyptien à cantiques religieux ... Pour KhaltaBeta « la simplicité est la clé du plaisir ! ».

Avec un style aussi libre que le vent, la troupe alexandrine Andromeda opte pour une musique rock progressive ayant comme idole le groupe britannique Pink Floyd. D’où une musique expérimentale qui fait planer des voix qui se veulent contestataires et des textes philoso­phiques et satiriques. C’est la trame sonore de la vie des gens au coeur jeune. Rendez-vous le 23 août.

Des stars aux grands fans

La troupe cairote West Al-Balad joue le 28 août. Sa musique et son chant apportent au public une gamme de sons adaptés à tous les goûts, avec une sensation de soft rock et des paroles inspirées du folklore égyptien et de la tradition orale. La troupe, fondée en 1999, a débuté sa carrière en chantant au centre-ville, dans les cafés et les rues cairotes. Les huit membres de la troupe, entre autres Hani Adel et Ahmad Omran, nous dévoilent en divers accents et dia­lectes la richesse de la culture égyp­tienne, passant en revue des chansons du patrimoine et d’autres contempo­raines. Les chansons du chanteur originaire de la Haute-Egypte Mohamad Bachir, accompagné de sa troupe, font partie du pop, du rock et du patrimoine égyptien. Bachir mêle des expressions populaires et folklo­riques à des compositions contempo­raines rythmées et des arrangements dansants. Et ce, avec une allure « décontractée » et un chant simple interprété dans le dialecte de la Haute-Egypte évoquant le plus sou­vent les contraintes de la vie. Le 20 août.

Dans la même soirée, la troupe égyptienne Machroue Nour (le projet Nour), dont la musique douce et feu­trée mêle, dans un beau contraste basé sur un instrument occidental qu’est le saxophone, d’admirables sons. On écoute le prélude fait un peu dans l’orientale. Accompagnée de sa troupe de musique alternative com­posée de Samer Georges à la guitare basse, Hani Bideir à la percussion et Moustapha Saïd à la clarinette, la chanteuse égyptienne Nouran Abo Taleb anime la soirée du 22 août au Festival d’été, avec des chansons de « fusion » qui mêlent folklore du Levant au chant arabe du beau temps.

De la musique exotique

Electric Eel Shock (EES) de renommée internationale est un groupe de fusion rock garage et métal. Le trio est formé des Tokyoïtes : Akihito Morimoto (gui­tare et voix), Kazuto Maekawa (gui­tare basse) et Tomoharu Ito (percus­sions). Avec eux, la troupe fait une première tournée aux Etats-Unis en 1999, un an après sa création. Le style d'Electric Eel Shock, bien qu’associé au rock psychédélique contemporain, se caractérise par des paroles agressives et vulgaires accompagnées de guitares, dont la sonorité distordue est produite par la pédale fuzz (à effet de saturation acoustique). Le 4 août.

Grande figure de la scène jazz actuelle Lea Lu de la Suisse, accom­pagnée de son quartet, se produit le 7 août. Il s’agit d’une jeune chanteuse zurichoise qui se présente comme « la nouvelle révélation pop suisse ». En tant que leader du groupe Jazz pop-Nexus (ensemble musical de per­cussions fondé en 1971 et spécialisé dans la musique contemporaine), Lea a déjà joué au Montreux Jazz Festival 2002 à l’âge de 18 ans. D’où son premier album, Dots and Lines. En tant que jeune artiste, elle a acquis une large reconnaissance internatio­nale et a donné plus de 150 concerts d’Europe aux Caraïbes. En 2010, Lea termine ses études en tant que chan­teuse à la Musikhochschule Lucerne et elle est lauréate du prix national de la musique Walo. Lea chantera au Festival d’été de la Bibliothèque d’Alexandrie des chansons de ses albums phare : Color et 2, en colla­boration avec le chanteur et produc­teur français Medi. Rendez-vous avec un festival d’une grande variété de fusion de genres musicaux, haut de gamme.

Les concerts débutent à 20h30. Voir la page Calendrier pour le programme détaillé.

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