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Elia Suleiman : Le monde est devenu le microcosme de la Palestine

Yasser Moheb, Dimanche, 09 juin 2019

réalisateur palestinien Elia Suleiman, qui a obtenu une mention spéciale du jury du dernier Festival de Cannes, en plus du prix FIPRESCI.

Elia Suleiman

Al-Ahram Hebdo : Comme de coutume dans la majorité de vos films, le conflit israélo-palestinien teinte l’arrière-fond de l’histoire. Est-ce pour en dire encore beaucoup plus, mais indirectement ?

Elia Suleiman: C’est peut-être vrai, mais c’est surtout ma façon de m’exprimer. Dans mon film It Must Be Heaven (ça doit être le paradis), j’ai essayé tout simplement de dire que le conflit avait étendu ses images et ses effets dans le monde entier, à tel point que le monde est devenu le microcosme de la Palestine. C’est ce que j’appelle la « palestinisa­tion » mondiale. Le film cherche à dire que la violence, la tension et l’angoisse font désormais partie de la vie quotidienne, partout dans le monde. Ce n’est plus un conflit local.

— Pourquoi avez-vous choisi Paris et New York comme deux autres espaces pour expliquer ce phénomène de la « palestinisa­tion » ?

— Paris et New York sont deux villes où j’ai vécu pendant une dizaine d’années. De quoi me permettre de bien les connaître et de saisir leur humour et l’atmosphère qui y règne. Je ne voulais pas tourner mon film dans des lieux que je connaissais mal, et c’est ce que j’ai déci­dé, en choisissant les endroits à filmer dans les deux villes.

— Vous aviez déclaré vouloir réaliser un film en lien avec le Printemps arabe. Est-ce vraiment le cas ?

— Les révolutions arabes ont eu lieu il y a peu de temps, et il y en a d’autres qui sont encore en ébullition. Donc, je ne pense pas que je puisse faire un film approprié et bien objectif sur quelque chose qui vient d’arriver. Je pense franche­ment qu’il est encore trop tôt pour faire un film à ce sujet, surtout que toutes les conséquences ne sont ni si claires, ni similaires. Je trouve les révolutions populaires arabes assez complexes. C’est un thème géné­rique et universel, car derrière tout cela, il y a surtout de jeunes gens qui veulent changer le monde et qui expriment leur refus face à l’injus­tice des conditions économiques. Il faut attendre un peu pour mieux saisir où tout cela va nous mener. Donc, ça ne pourra pas être le sujet de mon prochain film.

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