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Une première réussie

Yasser Moheb, Dimanche, 24 février 2019

Ana Sherry dot.com (je suis Sherry.com), la première web-série égyptienne, vient d’être lancée. Avec intelligence et humour, elle relate le quotidien de Sherry et de ses copines May et Nora.

Une première réussie
Le monde de trois copines inséparables.

Elle fait des ravages sur Internet. Dans la famille des web-séries, Ana Sherry dot.dom (je suis Sherry.com) constitue la première expérience égyptienne dans ce domaine. Ecrite par le tandem Mohamad Fawzi Abdel-Réhim et Moustafa Zayed, d’après une idée d’Ahmad Hicham Sallam, cette web-série, réalisée par Rami Rizqallah, est disponible depuis quelques jours sur la plateforme numérique égyptienne VIU.

Si de nombreux talk-shows ou comédies arabes sont produits spécialement pour le Web, Ana Sherry.com est l’une des premières séries dramatiques en ligne. Filmée en l’espace de quelques semaines, elle se compose de 15 épisodes d’une durée de 26 à 34 minutes chacun. « Tablant sur les codes de la nouvelle, du scénario et sur la simplicité des réseaux sociaux, ce nouveau genre de fiction permet d’effacer les frontières entre les différents médias et multiplie les possibilités en matière d’écriture », souligne Mohamad Fawzi. Les réseaux sociaux favorisent la créativité et aident à innover en termes de contenu. Si les blogs ont été pendant plusieurs années le média privilégié de l’écriture presque quotidienne, ils sont aujourd’hui largement concurrencés par les réseaux sociaux ainsi que les plateformes de vidéos et de web-séries.

L’idée de lancer une web-série a germé peu à peu dans l’esprit de l’équipe de travail. Pendant plusieurs mois, le réalisateur Rami Rizqallah a discuté avec ses amis, les a écoutés et esquissé les grandes lignes du scénario. Puis, enfin, il y a juste quelques jours, le premier épisode d’Ana Sherry.com a été mis en ligne. La web-série relate l’histoire d’une jeune fille— Sherry, interprétée par Sara Al-Chami— qui passe son temps à explorer de nouvelles aventures professionnelles et sentimentales. Vivant seule avec son père, interprété par Emad Rachad, après le décès de sa mère, elle passe la majorité de son temps avec ses deux amies May (Pacent Chawqi), l’experte en relations sentimentales, et Nora (Gilane Alaa), l’agente de sécurité dans un centre commercial cairote. Les trois copines se retrouvent presque quotidiennement dans le café géré par Ramzi (Mohamad Mahran).

La série comprend ainsi des intrigues captivantes et des analyses prenantes et humoristiques, qui tournent toutes autour des problèmes quotidiens de la nouvelle génération. L’équipe de la web-série a réussi à imposer son style de fiction et à attirer les passionnés du sociodrame numérique. La série connaît une popularité croissante et a été encensée par la critique. Elle est sous-titrée en anglais et, selon ses producteurs, elle pourrait bientôt être disponible dans d’autres langues.

Une description crédible du quotidien

La raison de ce succès? Les histoires choisies dépeignent le quotidien des jeunes Arabes et les trames sont simples, mais tout à fait crédibles et comiques. Il s’agit par exemple d’une jeune fille qui essaie à tout prix de lancer un projet pour assurer son indépendance financière ou d’une autre qui, invitée au restaurant par son petit ami, essaie de commander les plats les plus coûteux pour tester sa générosité. Dans l’un des épisodes, deux jeunes gens se servent d’histoires fabriquées de toutes pièces pour soutirer de l’argent à leur père, avare.

Chaque épisode nous plonge dans l’une des aventures de Sherry, qui est en quête de réussite, et dans les aventures des personnages qui l’entourent. Sur le plan de la forme, tout est bien conçu et très bien présenté. Le choix des cadres et des angles des caméras au sein des plateaux est cependant assez limité. Le décor est gai et élégant, sans être trop sophistiqué. L’ensemble montre que l’on a affaire à un réalisateur doué et prometteur, à savoir Rami Rizqallah, qui a aussi signé quelques téléfeuilletons réussis.

L’image, signée Waël Khalaf, comme le montage, effectué par Ramez Atef, sont excellents, et le récit est d’une fluidité forçant le respect. Le succès de la web-série est aussi porté par les comédiens, tous d’une grande crédibilité et qui ont su assurer le rythme des épisodes. En résumé, il s’agit d’une nouveauté à savourer, qui rompt avec les grosses productions et les drames TV trop sophistiqués. Ce noveau format constituera-t-il une chance pour les nombreux comédiens qui essaient de décrocher des rôles dans les feuilletons du mois du Ramadan? Pour le savoir, il faudra attendre pour mesurer le changement de la carte dramatique en Egypte au cours des mois et des années à venir .

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