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Butin de guerre

Mohamed Atef, Mardi, 31 juillet 2018

D’anciens ingrédients arrangés différemment. C’est la recette de la boîte de production Sobki qui présente le film Harb Karmouz (la guerre de Karmouz).

Butin de guerre
Un officier égyptien tient tête aux forces de l’occupation britannique.

Depuis trois ans, la famille Sobki, propriétaire de la plus grande boîte de production en Egypte, procède à un travail de rénovation. C’est la deuxième génération de la famille qui a pris la relève et qui a décidé de rompre avec l’ancien style de films et les ingrédients habituels de leurs oeuvres (un homme de main, une danseuse et une histoire d’amour dans un quartier populaire).

Cette deuxième génération ne ressemble guère à la première. Elle a fait des études académiques de cinéma, pour la plupart aux Etats-Unis, et tente de révolutionner le contenu de leurs productions. Leur toute dernière est Harb Karmouz (la guerre de Karmouz), dont les recettes s’élèvent à plus de 45 millions de L.E. et continue à être projetée dans plusieurs cinémas partout en Egypte.

Les événements se situent dans un quartier populaire alexandrin sous l’occupation britannique. C’est l’histoire de l’officier égyptien Youssef (campé par Amir Karara) qui insiste à venger une jeune fille violée par un officier britannique. Le torchon brûle entre les habitants du quartier de Karmouz et les forces d’occupation qui finissent par s’attaquer au commissariat, notamment Youssef et ses collègues. D’où des sujets à traiter en lien avec le chauvinisme, la société patriarcale et le prestige des officiers.

A la place donc de l’ancienne formule des Sobki : un homme de main, une danseuse et un quartier populaire, on a affaire à un brave officier, une fille oppressée et un commissariat de police.

Films à grands budgets

L’ancienne gamme de films des Sobki misait sur la présence de plusieurs acteurs sans grande importance, contrairement à cette fois-ci, car on a eu recours à un grand comédien comme Mahmoud Hémeida et une star américaine des films d’action, Bouika. De quoi avoir coûté quelques millions, afin de garantir le succès. Cela dit, on a essayé de mieux assaisonner l’ancienne formule, de la moderniser, en ayant recours au dialogue, des astuces et des effets spéciaux, sans prendre de gros risques. Cependant, il y a toujours le mélange de l’esprit purement masculin et de la vulgarité.

Le scénario est peu professionnel et manque nettement de logique. On a même parfois l’impression que les événements sont improvisés par l’équipe du film à l’instant même du tournage. La Guerre de Karmouz est probablement le début d’une veine de films à grands budgets qui va enflammer la compétition sans vraiment servir l’industrie. Le premier gagnant est la productrice Nada Al-Sobki qui a lancé une belle campagne publicitaire qui a fait parvenir le film aux diverses classes sociales.

La crise du cinéma (de 2011 à 2013) a fait que plusieurs stars ont préféré la télévision. Amir Karara constitue un cas contraire. Il a commencé par se faire un nom grâce à des séries télévisées, notamment pendant le Ramadan, ensuite il s’est tourné vers le cinéma pour devenir un cheval gagnant. Karara a misé sur l’uniforme de l’officier et son aura pour marquer un point. Une réussite à suivre et à perpétuer.

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