Al-Bakht (le sort) est un premier album. Une place de choix y est donnée à la poésie. Le jeune poète Sameh Hassan présente ses poèmes les plus récents, accompagnés d’une musique acoustique expérimentale.
L’univers de l’album est assez sombre dans l’ensemble. Les textes se ressemblent parfois, mais cela ne choque pas. A travers les 10 textes de son recueil, le jeune poète a pris la décision d’aborder un thème à la mode, celui de l’Egypte pré et post-révolution. La patrie est le refuge, la mère, le foyer, la bien-aimée, et parfois même l’adversaire.
Dans Lamma anguéreh (lorsque je me sens blessé) comme dans Al-Bakht (le sort) ou Al-Fagr (l’aube), c’est à l’Egypte, la bien-aimée, à qui le poète s’adresse comme pour lui reprocher quelque chose.
Dans Karakib (débris), Al-Leil (la nuit), Harban men al-marmar (fuir le marbre) ou Egri (cours), le ton devient plus ou moins doux, relatant des historiettes teintées de patriotisme. Puis dans Saqf al-sama (top du ciel), Hassad al-dam (le culte du sang) et Youm al-gomaa (vendredi), c’est l’Egypte en ébullition, celle qui est chantée par un poète indocile, loin de perdre son enthousiasme.
Les poèmes sont récités avec une instrumentation adéquate, semblable à la mood music. Un minimum d’instrumentation pour un effet atteint. On retrouve une belle alternance entre la voix du poète et des airs doux joués par un violoncelle, un luth, une clarinette … Le tout est assez équilibré dans les puissances des instruments, avec une dominance de la voix pour bien mettre en exergue les vers des poèmes.
Les nuances sont toujours là pour donner à l’audience le soufflet d’air nécessaire, afin de digérer les nombreuses idées enchaînées dans les vers. Le rythme des poèmes est flexible comme celui de la trame musicale, sans fentes explosives ni écarts de mesure qui déformeraient les poèmes.
Le groupe de travail a su préparer une musique tantôt atmosphérique, tantôt authentique, qui s’accorde bien au ton des poèmes retenus.
Le résultat s’avère tout à fait nouveau et l’équipe de travail a su respecter l’esprit et la lettre des poèmes. Hassan a privilégié les accompagnements musicaux à caractère doux, mariant le piano à la guitare basse, la contrebasse, le violon, le violoncelle, l’orgue, le cor et la flûte, de quoi créer une ambiance réticente, mais, néanmoins, charmeuse. Celle-ci laisse toute la place aux textes qui sont récités néanmoins sur une même tonalité.
Le disque n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il ouvre sans conteste la voie à d’autres tube-poésies.
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