
Des voix superbes, à suivre.
(Photo : Julien Mignot)
Leurs yeux brillaient et leurs sourires étaient éclatants. Les jeunes chanteurs et pianisteschefs de chant en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris ont proposé, la semaine dernière, deux concerts de qualité, l’un au Caire et l’autre à Alexandrie. Une belle occasion de découvrir des artistes pétris de talent, des futures stars qui chanteront et nous enchanteront durant les années à venir. Car l’Académie, qui cherche à encadrer et favoriser la jeune création, accueille tous les ans une trentaine d’artistes encore à leurs débuts (12 chanteurs, 4 chefs de chant, un metteur en scène, six musiciens et quatre chorégraphes).
Et ce, dans le cadre d’une résidence au cours de laquelle ils côtoient des spécialistes, s’exercent dans des conditions quasi professionnelles, rencontrent des grands noms de l’opéra et complètent leur formation par un cursus qui leur offre une meilleure connaissance de la scène et du répertoire. Les candidats sont recrutés sur audition internationale ; du coup, ils ont des nationalités et des origines très différentes. Français, Anglais d’origine asiatique ou autres ...
Parmi eux, une mezzo-soprano égyptienne de 29 ans qui a incité le voyage en Egypte en coopération avec l’ambassade de France et le ministère égyptien de la Culture. Il s’agit de Farrah El-Dibany que l’on a retrouvée sur scène dans le rôle de Carmen ou encore en interprétant le duo des fleurs avec la soprano française Angélique Boudeville.
Cette dernière a un petit air de Montserrat Caballé encore jeune. En effet, elle n’est pas sans rappeler la superbe cantatrice espagnole, aujourd’hui octogénaire, connue pour sa voix pure et ses aigus amples. A l’aise sur scène, Boudeville, admise à l’Académie en septembre 2017, dévoile elle aussi de volumineux aigus, faisant preuve d’une grande fraîcheur vocale. Les deux jeunes femmes ont maîtrisé le duo des fleurs, un air de l’opéra Lakmé, écrit par le compositeur français du XIXe siècle Léo Delibes, pour une soprano et une mezzosoprano. Ce duo célèbre, chanté pour la première fois à Paris en 1883, a acquis une notoriété contemporaine à la suite de son utilisation en 1983 dans le film Les Prédateurs, lors d’une scène d’amour entre Catherine Deneuve et Susan Sarandon, dans des publicités ainsi que dans la musique populaire anglaise. Le duo est censé se dérouler dans un jardin ombragé et exotique, où la princesse, fille d’un prêtre brahmane, et sa suivante Malika partent au petit matin cueillir des fleurs de lotus bleus pour en faire offrande au dieu Ganesha. Les deux voix unies entonnent un chant dont la mélodie, comme les paroles, évoquent magnifiquement la beauté de la nature.
Carmen, la magicienne
Un autre moment fort du concert était l’interprétation de L’Amour est un oiseau rebelle, extrait de Carmen de Bizet. La voix dense de Farrah El-Dibany dispose de graves saisissants. Elle se plaît à incarner le mythe de la bohémienne, avec ses cheveux en cascade, symboles de liberté. La chanteuse s’est également produite avec le ténor d’origine corse Jean François Marras (tous deux issus de la promotion 2016). Le chanteur au timbre cuivré est lui aussi l’un des talents à suivre. Un piano à quatre mains a donné le coup d’envoi du concert, avec l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. Ensuite, les chants se sont succédé, avec notamment des extraits de Verdi, de Saint Saëns et de Bizet. Des chants qui viennent de loin, qui nous font taper dans les mains et qui nous emmènent dans un monde plein d’émotions.
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