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Mariam El Kholy : J’ai mis les 99 noms d’Allah pour la première fois en origami

Soheir Fahmi, Lundi, 02 avril 2018

Mariam El Kholy est une artiste qui a touché à de nombreux domaines littéraires, artistiques et journalistiques. Elle s’est récemment lancée dans l’art japonais de l'origami et a présenté une première exposition, qui s'est tenue à la galerie de l'Opéra du Caire.

Mariam El Kholy

Al-Ahram Hebdo : Tout d’abord, pour­riez-vous définir ce qu’est l’origami pour ceux qui ne connaissent pas cet art ?

Mariam El Kholy : Le mot origami est com­posé de deux parties « ori », qui veut dire « plier » et « kami », c’est-à-dire « papier ». C’est un art qui vient de Chine et qui a été transmis par des moines bouddhistes au Japon pour devenir une tradition japonaise avec le temps. La technique consiste à plier un papier carré pour en faire une forme en trois dimen­sions, sans utiliser ni ciseaux, ni colle. Un vrai défi. Il y a des gens qui ont relevé ce défi, réa­lisant un dinosaure, une girafe ou un éléphant grandeur nature en utilisant un seul papier.

— Comment l’intérêt pour l’origami vous est-il venu ?

— J’avais des livres chez moi sur cet art, que je regardais en me disant que c’était trop dur, que je ne pourrais jamais le faire. Jusqu’au moment où j’ai assisté à un atelier de deux jours au centre culturel Saqiet Al-Sawi. A partir de là, j’ai commencé à faire des essais à la maison. En 2011, avec la révolution et le couvre-feu, j’ai passé beaucoup de temps à la maison. J’ai alors commencé à faire des choses plus élaborées. L’idée m’est venue de créer des tableaux et des amis m’ont encouragée à faire une exposition.

— Quelles sont vos sources d’inspiration ? Est-ce que vous puisez dans les livres anciens ou vous livrez-vous entièrement à votre ima­gination ?

— Une partie vient des livres anciens et l’autre est tout à fait nouvelle. Je me suis demandé ce qu’on pouvait créer avec l’origa­mi. Tout d’abord, le papier est fragile. Et, à cause de la poussière en Egypte, j’ai pensé faire quelque chose qui soit sous verre et enca­dré. J’ai alors créé un tableau dans lequel tous les origamis se ressemblent, sauf un seul, pour souligner l’état de quelqu’un d’hors pair, de différent. Puis, en pensant à l’expression « out of the box », ou « en dehors », j’ai réalisé une série de « out » : hors de l’obscurité, de l’es­pace, etc. Ensuite, j’ai pensé mettre les 99 noms d’Allah en origami. Cela est nouveau, parce qu’on l’a fait en calligraphie, mais jamais en origami. Il faut plier 99 papiers, en dix minutes chacun. Il ne suffit pas de plier les papiers, il faut aussi les arranger.

Après, je me suis inspirée de l’Egypte Ancienne, que j’aime beaucoup, et j’ai choisi les phrases prononcées, dans l’Egypte Ancienne, au moment du juge­ment dernier, comme le fait d’affirmer qu’on n’a pas pollué l’eau du Nil, qu’on n’a pas laissé un enfant mourir de faim, etc. Je soutiens Green Peace, une ONG qui cherche à sauver la planète, les océans, les animaux, etc. J’ai représenté un tableau avec une grande baleine et de petits poissons en hommage à cette démarche. Je cherche toujours des thèmes aux­quels je tiens.

— Est-ce que l’origami peut représenter une idée abstraite ?

— En effet, j’ai pensé à des idées abstraites, comme la vie et la mort. J’ai fait notamment un tableau avec quatre fleurs qui s’effeuillent une à une, jusqu’à ce que la tige n’ait plus qu’un seul pétale, et je l’ai appelé Cycle de la vie. Cela prouve que l’origami peut avoir un sens et représenter une idée. J’ai deux tableaux qui s’inscrivent dans cet esprit, l’un coloré et l’autre sans couleurs. Mon idée, c’est de dire que les couleurs disparaissent avec la pollu­tion.

— Vous avez également de nombreux tableaux avec des proverbes égyptiens et des oiseaux …

— J’en ai douze. Toute une série. Lorsque je les ai terminés, j’ai trouvé que la calligra­phie arabe se mariait très bien avec l’origami, bien qu’il s’agisse de deux cultures diffé­rentes. Une vraie découverte pour moi. J’ai trouvé également du papier qui peut représen­ter les quatre éléments et qui a été pour moi une source d’inspiration. Il y a un choix infini de papiers. J’ai par exemple trouvé du papier rose, ce qui m’a donné l’idée de représenter le dessin animé de la Panthère rose, que j’aime beaucoup. J’essaie toujours de me baser sur des thèmes ou des sujets que j’aime. Comme pour le roman du prix Nobel turc Orhan Pamuk Mon nom est rouge. Maintenant, je voudrais créer des tableaux plus élaborés et je suis à la recherche de professeurs ou de cours pour aller de l’avant.

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