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Vers l’universalité

Névine Lameï, Lundi, 30 octobre 2017

La 26e édition du Festival de la musique arabe se tient du 1er au 15 novembre au Caire, à Alexandrie et à Damanhour. Cette édition lance un appel à réunir le monde arabe par la musique.

Vers l’universalité
Mohamad Assaf de Palestine participe pour la première fois au festival.

Montrer ce que c’est la musique arabe et la richesse de son héritage ancestral est l’objectif du Festival de la musique arabe dans sa 26e édition (du 1er au 15 novembre). Cette musique, miroir vivant de tout un monde arabe, a la capacité, avec ses rythmes, ses maqamats (modales) et ses instruments orientaux, à s’harmoniser avec les voix puissantes de ses héritiers, chanteurs égyptiens et arabes, et avec tout instrument orchestral, pour atteindre l’universalité.

Cette 26e édition rend hommage à des vétérans ayant enrichi la scène musicale arabe contemporaine. Citons, entre autres, le violoniste Mahmoud Al-Guercha, le compositeur Abdallah Al-Kardi, le percussionniste Mohsen Al-Sawwaf, le chanteur fondateur de la Maison du chant arabe, Mohsen Farouq (1961-2017), et le chanteur-compositeur saoudien Talal Maddah (1949-2000). En fait, l’art de ce dernier est en plus évoqué par une soirée spéciale le 14 novembre.

Avec un programme copieux, cette année, le festival se déroule dans six théâtres dépendant de l’Opéra du Caire, d’Alexandrie et de Damanhour. Ce, avec la participation d’un large éventail de génies de la musique arabe : musiciens, compositeurs, musicologues, chefs d’orchestre, et 84 chanteurs de 8 pays arabes qui viennent animer 45 soirées. D’Egypte : Mohamad Sarwat, Hani Chaker, Mohamad Al-Helw, Nadia Moustapha, Ahmad Saad, May Farouq, Ali Al-Haggar et Medhat Saleh. Du Liban : Rami Ayach, Assi Al-Hellani et Marwan Khouri. De Tunisie : Lotfi Bouchnak et Saber Al-Robéi. De Syrie : Safouane Bahlawane et Magd Al-Qassem. Du Koweït : Abdallah Al-Roweiched. Et de Palestine : Mohamad Assaf. Ce, sans oublier l’orchestre symphonique du célèbre pianiste Omar Khaïrat, le luthiste Mamdouh Al-Guébali, et les troupes égyptiennes Chomoue, Konouz, Ochaq Al-Nagham, Sextet Charara, Sehr Al-Charq, Soirée, Al-Hefni, la troupe Maqamat de Tunisie, la chorale Al-Fayhaa du Liban, l’Orchestre patriotique d’Iraq, avec le joueur de qanoun Fourat Qaddouri et la participation du luthiste iraqien Salem Abdel-Kérim et du pianiste libanais Michel Fadel, et d'autres.

« Avec cette grande solidarité arabe, marquée par l’abondance des chanteurs participants, une première dans l’histoire du festival, cette édition promet à réaliser ce qu’on appelle, nous les responsables de son comité préparatoire, le rêve arabe. Un rêve qui nous rappelle l’air de la fameuse opérette Al-Helm Al-Arabi (sortie lors de la 2e Intifada) à laquelle a participé un bon nombre d’artistes égyptiens et arabes. Et comme nous constatons d’une année à l’autre, la forte demande d’un grand public, voulant ardemment assister au festival, à tel point que nous ne pouvions pas lui fournir tous les tickets nécessaires, nous avons décidé, cette année, de prolonger la durée du festival, de 10 à 15 jours. Ce qui permet d’accueillir une plus large audience », déclare Gihane Morsi, présidente du Festival de la musique arabe.

Qualifié de « star maker » dans le domaine du chant, le Festival de la musique arabe est aussi un festival de compositeurs. « Le festival ne dépend pas uniquement du chant et de l’invitation de chanteurs de renom du monde arabe. C’est aussi un festival de compositeurs ayant enrichi la scène dramatique par leurs compositions créées pour des films ou des feuilletons. Nous devons saluer le pianiste compositeur Omar Khaïrat qui a lancé cette initiative et qui jouera au festival le 13 novembre », annonce le compositeur Gamal Salama, membre du comité. Par ailleurs, la soirée du 11 novembre, animée par l’Orchestre symphonique du Caire dans la grande salle de l’Opéra, sous la direction de Nayer Nagui, est consacrée à des chefs-d’oeuvre du compositeur défunt Ali Ismaïl, connu pour ses compositions, soit plus de 350 bandes sonores réalisées pour des films égyptiens.

Pour une réservation plus aisée, la présidente de l’Opéra, Inès Abdel-Dayem, signe pour la première fois un contrat avec les compagnies de réservation en ligne, Fawri et Ehgezli, pour faciliter la tâche au public. Un festival qui lance la cérémonie de son ouverture, le 1er novembre, avec un large éventail de compositions, notamment de drames musicaux créés par des compositeurs contemporains dont Ragueh Daoud et Tamer Karawan d’Egypte, Raëd Khalaf d’Iraq, et Amine Bouhafa de Tunisie. Une manière d’accentuer l’évolution de la musique arabe et l’aptitude de ses instruments qui peuvent être incorporés dans des compositions de drames musicaux, mêlant instruments occidentaux et orientaux. Ce qui ouvre le Festival de la musique arabe aux musiques du monde, surtout lorsqu’il s’agit d’un grand événement artistique qui sera diffusé sur les chaînes satellites. « Choisir le drame musical nous permet de présenter au festival le moderne et le différent. Ce genre a une fonction expressive, associant le dramatique au lyrique, l’esthétique au symbolique. Le concert du drame musical sera accompagné de scènes projetées sur écran », déclare Inès Abdel-Dayem.

Au rythme du rebab
Pour la première fois, le rebab (instrument à cordes) entre dans la compétition officielle du festival. « J’admire l’intérêt que porte la 26e édition du festival pour un instrument négligé, presque tombé dans l’oubli : le rebab, l’instrument de l’arabe libre, conteur dans le temps des histoires de ses ancêtres. Focaliser la lumière sur le rabab, pour développer son industrie, faire évoluer la façon primitive dont il est joué, avec des compositions écrites spécialement pour cet instrument, et jouées par un orchestre symphonique, cela est un défi pour moi. C’est vrai que le rebab est limité dans ses cordes, mais il jouit d’une large gamme de maqamate », déclare le compositeur Helmi Bakr, membre du comité préparatoire.

Discuter de questions fondamentales, centrées sur l’influence de la technologie, les changements sociétaux et les réseaux sociaux, sur le produit musical de nos jours. C’est ce qu’a choisi la 26e édition du Festival de la musique arabe, pour l’un des axes de ses colloques auxquels participent des spécialistes des Etats-Unis et du Danemark, aux côtes d’Egyptiens et d’Arabes (du 2 au 6 novembre, dans la petite salle de l’Opéra). « La technologie (effet sonore, musique électronique) peut-elle nuire à notre musique arabe, ou la faire évoluer ? D’ailleurs, la musique arabe est somptueusement fondée sur sept maqamats, une roche forte et robuste, porteuse d’imagination, de créativité et surtout de sensations humaines, qu’un simple ordinateur ne peut jamais créer », expose Racha Tomoum, professeur de théories et de compositions musicales à la faculté de pédagogie musicale, Université de Hélouan, et présidente du comité scientifique du festival .

Pour le programme détaillé, voir page Calendrier

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