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Un festival sur fond littéraire et spirituel

May Sélim , Mardi, 25 juillet 2017

Le Festival national du théâtre égyptien est sur le point de s’achever. L'édition de cette année est marquée par un retour aux adaptations littéraires et aux oeuvres mystiques, ainsi que par un semblant d'engouement pour le théâtre estudiantin.

Un festival sur fond littéraire et spirituel
Un mélange de soufisme et de sociopolitique : Rituels pour des signes et des métamorphoses. (Photo: Bassam Al-Zoghby)

Shaman, toqous Al-Echarat wal Tahawolat (rituels des signes et des métamorphoses), Al-Toqous (les rituels), Qawaed Al-Echq Al- Arbaoune (Soufi, mon amour) … autant de spectacles qui puisent dans la tradition soufie et qui ont eu un énorme succès pendant le festival, comme durant toute la dernière saison théâtrale. La thématique soufie connaît-elle un effet de mode ? Est-elle prisée par les différents metteurs en scène, lesquels misent sur l’ambiance spirituelle pour attirer le public ? « Il faut apprendre à déchiffrer les circonstances où l’on vit. L’Etat vise à semer la tolérance et à développer le dialogue interreligieux. Ce genre de spectacles soufis va de pair avec cette stratégie. Je ne peux pas

prétendre, pour autant, que cet engouement des créateurs pour le soufisme se fait sur ordre direct des autorités », souligne Ahmad Khamis, critique et membre du comité de sélection du Festival du théâtre national, qui se prolonge sur deux semaines environ (du 13 au 27 juillet). Et d’ajouter : « Par exemple, la pièce montée par Adel Hassan, d’après Soufi mon amour, le best-seller d’Alif Chafak, a très bien exploité le succès de l’oeuvre en menant une belle campagne publicitaire sur les réseaux sociaux. L’idée de la tolérance et de la spiritualité touche énormément le public aujourd’hui. D’où également le succès

remporté par la pièce Shaman de Saïd Soliman, qui s’est consacré, depuis un certain temps, à la mise en scène de spectacles soufis ».

Dans Youm An Qatalo Al-Ghénaä (le jour où ils ont tué le chant), on retrouve aussi le thème de la tolérance, la paix, etc. La pièce a l’air plus abstrait et ne baigne pas directement dans les rites soufis, mais s’en inspire pour profiter de l’effet de mode répandu même parmi les productions des palais de la culture, dans les diverses provinces. « Les créateurs dans les divers gouvernorats d’Egypte optent souvent

pour l’imitation des expériences qui ont le vent en poupe dans la capitale », fait remarquer Ahmad Khamis.

De même, cette édition du festival est marquée par la présentation de plusieurs adaptations littéraires. « C’est un phénomène assez sain. Les oeuvres originales, qu’il s’agisse d’un roman ou d’un poème, constituent des créations mures et complètes. Elles aident les hommes de théâtre dans leur processus de création ; elles leur servent de bonnes bases. Mais ceci ne signifie guère une remise en cause des nouveaux dramaturges égyptiens », souligne Khamis.

Lambo, de Mohamad Al-Malki, emprunte sa thématique à un poème de Abdel-Rahmane Al-Abnoudi. Le dramaturge Mohamad Amin s’est servi du poème comme point de départ, ensuite, il a brodé tout autour, pour tisser sa propre construction dramatique et évoquer la justice sociale au lendemain de la révolution.

Les limites de l’adaptation
Wahda Hélwa (une belle femme) est un texte adapté et mis en scène par Akram Moustapha d’après Une Femme Seule de Dario Fo et son épouse Franca Rame. Moustapha a bien réussi à s’éloigner des détails de l’oeuvre originale pour en faire un spectacle très local, en dialectal, autour de la condition des femmes en Egypte. « Les jeunes créateurs ne comprennent pas les limites de l’adaptation et de l’écriture

dramatique, à mon avis. Et cela se ressent à travers les pièces du festival, qui constituent en

quelque sorte le bilan d’une année théâtrale », commente Ahmad Khamis, en donnant l’exemple de la pièce Otrok Anfi Men Fadlak (prière de laisser mon nez tranquille) d’Islam Emam. Celle-ci est un exemple flagrant du créateur qui ne connaît pas la différence entre l’écriture théâtrale et l’adaptation littéraire.

Emam a simplement signalé qu’il est l’auteur de la pièce, alors que son texte est une adaptation de deux textes connus : Alice aux Pays des Merveilles de Lewis Carroll et Question de nez de la Mexicaine Maruxa Vilalta. De quoi lui avoir attiré tant de critiques, lors de la première présentation de sa pièce, l’hiver dernier. Le débat est remis sur le tapis, avec le festival .

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