
Tareq Al-Nasser au piano, le public est sous le charme.
(Photo:Bossaïna Chaalane)
La semaine dernière, le public alexandrin a bien échappé à la chaleur écrasante et aux embouteillages, en cherchant refuge dans la grande salle de la Bibliothèque d’Alexandrie ou s’est produit le pianiste et compositeur jordanien Tareq Al-Nasser, dans le cadre du festival d’été. « Alexandrie m’est une ville très chère. Mon rapport avec l’Egypte date de longtemps. Je viens souvent au Caire pour travailler en studio ou faire des répétitions, mais Alexandrie est la première ville méditerranéenne à m’avoir accueilli en concert. C’était il y a 4 ans, au théâtre Sayed Darwich », souligne Al-Nasser. Malgré ses oeuvres à succès, composées pour des feuilletons télévisés, ses va-et-vient réguliers entre l’Egypte et la Jordanie, Al-Nasser a dû attendre plusieurs années avant de se produire en concert à Alexandrie. « C’est une ville extrêmement riche. Pourtant, les couleurs de sa musique méditerranéenne se perdent dans sa culture cosmopolite », explique-t-il.
Accompagné de cinq musiciens jordaniens, membres du groupe Rum, ainsi que d’autres musiciens égyptiens, Al-Nasser a joué quelques-unes de ses bandes sonores : Al-Gawreh, Melouk Al-Tawef et Le Roi Farouq, mais aussi des chansons de renom telles Ya Mahla Al-Fossha, Rouh et d’autres. Et à lui de dévoiler la richesse de sa musique qui puise dans le patrimoine arabe, pour lui donner un air plus frais et contemporain : « Le patrimoine est un trésor inépuisable. Quand on le soigne, il nous soigne aussi ».
En fait, il s’est lancé dans la composition de bandes sonores pour drames télévisés, depuis 1993. Ensuite, en 1998, il a fondé le groupe Rum, dont le nom est inspiré de celui de la célèbre vallée jordanienne. Al-Nasser écrit, compose et arrange les chansons inspirées des mélodies profondément orientales. « Rum est un projet qui se suffit à lui-même. Il a déjà été bien mis en valeur dans les années 1990 et aux débuts des années 2000. Le groupe compte quelque 25 musiciens et chanteurs. On y trouve des joueurs d’instruments occidentaux et orientaux à la fois. La notion de troupe ne nous intéresse pas, mais nous cherchons plutôt à jouer, à dialoguer, de manière flexible et libre », explique Tareq Al-Nasser.
Jouer c’est communier
Durant les concerts, certains musiciens de Rum, dirigé par sa soeur Russl, peuvent s’absenter, alors d’autres nouveaux éléments peuvent les remplacer, etc. Al-Nasser ajoute : « La musique est une vraie incarnation de la paix et de la liberté. C’est là toute son originalité. Quand on joue, on part de l’individualité et de la spécificité de chacun pour interpréter une oeuvre unique. Selon l’orchestration existante, chacun fait de son mieux pour atteindre la meilleure forme. C’est le meilleur exemple de relations humaines qui puisse exister, des êtres en parfaite harmonie, au vrai sens du terme ».
Même si Al-Nasser est pris davantage par la composition de bandes sonores et génériques pour les drames télévisés ou cinématographiques, il est soucieux de retrouver le public de temps en temps. D’où l’importance de ses concerts en direct. « Ce qui compte pour moi et pour les membres de Rum, c'est d’offrir aux mélomanes des chefs-d’oeuvre, de graver notre projet musical dans les mémoires. Je m’intéresse à donner deux concerts par an avec les musiciens de Rum ».
Ces derniers cherchent souvent à partager leur expérience avec d’autres, à s’ouvrir à d’autres horizons. Ainsi ont-ils collaboré avec la troupe égyptienne Al-Nafikha pour les instruments à cuivre et avec le groupe alexandrin Massar Egbari, réputé pour son répertoire révolutionnaire. Le succès fut au rendez-vous dans les deux cas.
Concert avec Rum et Tareq Al-Nasser, le 2 août à 20h30, au Théâtre roumain à Amman (Jordanie), dans le Cadre du Festival Moussiqa Al-Balad (la musique du pays).
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