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Payer cher pour prouver son innocence

Lundi, 03 juillet 2017

Dans leur première oeuvre cinématographique, Horoub Edtérari (atterrissage forcé), le réalisateur Ahmad Khaled Moussa et le scénariste Mohamad Sayed Béchir signent un film choral mêlant drame, action et suspense. Le film a réalisé les meilleures recettes durant la fête du petit Baïram.

Payer cher pour prouver son innocence
Ahmad Al-Saqqa maintient le standing, avec un nouveau box-office.

Dans le monde du cinéma, il y des modes et des saisons. Elles vont, viennent et reviennent, parfois jusqu’à l’excès. Et il en est une en particulier qui devient de plus en plus marquante, sans cesse revisi­tée par les cinéastes : celle du film choral. Le nouveau long métrage Horoub Edtérari (atterrissage forcé) d’Ahmad Khaled Moussa, actuelle­ment en salle, en fait partie.

Baigné dans une atmosphère d’action super-tendue, Horoub Edtérari porte presque toutes les caractéristiques des réussites du genre. Le long métrage se concentre sur la fuite de trois jeunes hommes et d’une jeune femme, accusés injustement dans une affaire de meurtre, dans le but de prouver leur innocence. Ainsi, les comédiens Ahmad Al-Saqqa, Ghada Adel, Amir Karara et Moustapha Khater se trouvent du jour au lendemain inculpés et poursuivis par la police et par tout leur entourage, de quoi engager une suite d’aventures, menées par ces quatre personnages marginaux, en quête de justice. Ils cherchent à prouver leur innocence dans un monde vaste et injuste, de plus en plus féroce.

En tissant des fragments de vie déchirants, le tandem réalisateur-scénariste atteint le sommet de sa vision artistique et délivre, de manière vigoureuse, un grand film à géométrie variable où l’essentiel repose sur le contraste entre le bien et le mal.

Sans spolier davantage l’intri­gue — film choral oblige — le spectateur retrouve tout ce qu’il peut affectionner et savourer dans les thrillers et les films d’action modernes : poursuites, attaques, martyrs, un peu d’humour, avec des cataclysmes de haut vol.

Cette quadruple intrigue permet au réalisateur comme au scénariste de prouver leur virtuosité narrative, leur habileté à entrelacer réalisme syn­thétique, à diriger les acteurs et leur verve à produire de belles scènes d’émotion. Ils sont à l’aise dans la présentation des troubles les plus touchants, des intimités de malheur, comme dans certaines scènes mar­quées par un calme prudent. Ainsi, s’assemble un puzzle tant écrit que vu. Outre la description minutieuse, le film orchestre donc une cascade de drames. De plus, le scénario réserve jusqu’à la fin certaines muta­tions dramatiques bien écoulées, d’où une trame assez captivante.

Maestria d’un jeune réalisateur

Avec une sensibilité et une habile­té incontestables, le réalisateur Ahmad Khaled Moussa, à son pre­mier long métrage, excelle à se frayer une voie bien distincte dans ce monde de cinéma d’action, un goût à la fois assez hollywoodien mais bien égyptien, à travers les attitudes et les émotions des protagonistes. Le cinéaste exploite à merveille tous les éléments du décor, de l’éclairage et des natures tantôt différentes tantôt harmonieuses des protagonistes. Tout est filmé par des plans bien mesurés et loin d’être sophistiqués, au point qu’on se sent face à des aventures hollywoodiennes mais au sein d’une ambiance générale nette­ment égyptienne.

Il faut également le souligner : l’interprétation reste l’un des atouts de ce long métrage, à travers des comédiens offrant de bonnes presta­tions. Chaque personnage garde sa propre allure et son temps de parole, d’action et de réaction. Amir Karara vient en tête de liste, très en forme dans les scènes d’action comme dans celles basées sur les conversations humaines avec ses amis, également fugitifs innocents. Le jeune Moustapha Khater trouve ici la chance de prouver son talent d’acteur et non pas celui du farceur noyé dans les oeuvres de sketches pas toutes réussies. Fathi Abdel-Wahab, lui, a réussi à entrer dans la peau du poli­cier, un personnage qu’il a campé avant à plusieurs reprises. Seule Ghada Adel n’a rien présenté de nou­veau, à part le profit de participer à un tel film réussi et encensé par la critique et le public. Reste le premier vainqueur de la bande de comédiens, Ahmad Al-Saqqa qui, loin de cher­cher le rôle ultime de sa filmogra­phie, présente un personnage qui lui va comme un gant, différent peut-être par son aspect physique, mais baigné comme souvent dans l’action et le suspense. Il prouve encore une fois qu’il n’est pas obsédé comme beaucoup d’autres par la faim de garder sa position de star unique en tête d’affiche, mais partage ici l’af­fiche avec quatre collègues tout en gardant sa suprématie à travers son action et son leadership.

Mention particulière à la bande musicale composée par Mohamad Chafiq, qui a réussi à donner aux événements un teint de film d’ac­tion de grande valeur. Une autre mention spéciale est méritée par l’image très bien travaillée, signée Haytham Hosni, et surtout le mon­tage de Baher Rachid alternant dif­férents niveaux de narration et d’histoires, caractéristiques d’un film choral.

Bref, Horoub Edtérari (atterris­sage forcé) remplit brillamment toutes les caractéristiques qu’exige une oeuvre d’action de qualité.

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