La comédie musicale Baghdaddy avait été présentée en 2015 sur le circuit dit « Off-Broadway », le circuit des comédies musicales plus modestes, mais elle trouve aujourd’hui une nouvelle urgence. Elle est donc présentée à nouveau jusqu’au mois de juin. Ce spectacle musical aborde la guerre en Iraq à travers le prisme du monde du renseignement et la grande tromperie sur la présence d’armes chimiques en Iraq, qui avait justifié les frappes américaines en 2003.
Le 5 février 2003, Colin Powell présente au Conseil de sécurité de l’Onu une petite fiole censée contenir des éléments chimiques. Cette histoire part d’une histoire vraie qui nous est racontée dans Baghdaddy, le titre de cette comédie musicale. Un Iraqien, en échange de l’asile politique, propose à l’Allemagne des informations confidentielles sur un programme d’armement supposé du régime de Saddam Hussein. Evidemment tout est faux. La CIA s’en rend compte assez rapidement. Mais des rivalités internes et la nécessité d’offrir rapidement une justification à une intervention américaine poussent la direction du renseignement américain à se taire. Au final, une guerre qui a causé la mort de plus de 4 500 soldats depuis 2003 et d’au moins 173 000 civils iraqiens.
L’ironie est que la présentation à la presse de la pièce a eu lieu le jour même où Donald Trump a lancé ses 59 missiles Tomahawks en Syrie suite à l’attaque chimique de Khan Chaikhoun. Et puis bien sûr, il y a aussi la menace d’une guerre de plus grande ampleur en Corée du Nord. Le message des producteurs à l’Administration Trump est donc assez simple : « Ne réagissez pas à l’instinct, mais écoutez au contraire les spécialistes, appuyez-vous sur des faits vérifiés avant de vous lancer dans une aventure militaire dont tout le monde connaît le potentiel dévastateur ».
Baghdaddy est une toute petite production avec seulement 8 acteurs-chanteurs, mais elle est recommandée par toute la presse new-yorkaise, qui voit dans cette comédie musicale une leçon édifiante sur les risques de dérapage de l’Administration Trump. Une administration qui, on le sait, s’est illustrée ces trois derniers mois par des discours très approximatifs, voire carrément faux, sur un grand nombre de sujets, notamment sur le nombre de personnes qui se sont déplacées pour l’investiture le 20 janvier 2017 jusqu’à l’invention d’attentats qui n’ont jamais eu lieu. « Ceux qui ignorent l’histoire sont condamnés à la revivre », pourrait être le sous-titre de cette pièce, comédie grinçante mais dramatiquement pertinente.
Lien court: