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Cinéma: Comédie corrosive ... et ratée

Yasser Moheb, Mardi, 23 avril 2013

Dans son dernier film Fébrayer al-aswad, Mohamad Amin retrouve son sujet de prédilection : l’être humain face à ses angoisses du quotidien politique. Décevant, le résultat n’est pas à la hauteur des ambitions.

Cinema
Une comédie misant sur des situations et des personnages caricaturaux.

Fébrayer al-aswad (février noir) est dédié à tous les fans des fantaisies humaines sur fond politique. Mais ces fans ne vont malheureusement pas planer très haut ...

Quatrième long film de Mohamad Amin, Fébrayer al-aswad (février noir) retrace le parcours bigarré d’une famille à la recherche de sécurité et de paix sociale dans une patrie qui accorde peu de valeur aux savants.
Professeur universitaire de sociologie, Hassan (joué par Khaled Saleh) est choqué par la nonchalance gouvernementale. De quoi le pousser à chercher un stratagème pour avoir la paix et assurer la sécurité de sa famille.

L’idée de départ, originale, se perd en cours de route avec un scénario totalement caricatural. Le début nous met dans le bain, avec une introduction classique de film oscillant entre le réel et la fantaisie. Basé sur le style dramatique du cinéaste, mêlant des thèmes sociaux à fond politique à l’humoristique, Février noir laisse les fans de Mohamad Amin quelque peu dépités.
Moins prestigieux que Laylat soqout Baghdad (nuit de la chute de Bagdad), le film est néanmoins conçu comme une chorale où plusieurs personnages et histoires s’entremêlent.

Comme dans tous ses films à thème politique, Mohamad Amin reste fidèle à sa loi dramatique shakespearienne : être ou ne pas être face à un monde changeant et une politique qui ne broie que les pauvres. Sur une toile de fond fantastique, le cinéaste nous offre des affrontements spectaculaires et tisse des relations tendues, émouvantes, mais toutes drôles.
Film parabolique, il ne dit rien sur le sens du titre Fébrayer al-aswad : est-ce à cause de l’incident bouleversant la vie de la famille de Hassan, en février 2010 ? Ou bien parle-t-on de février 2011, au lendemain de la révolution ?

Une esthétique qui sauve

Les plans sont parfois intéressants, la réalisation travaillée, les décors très bien mis en valeur. Le film ne cloche pas à ce niveau-là. Par contre, au niveau du scénario et du rythme, c’est une toute autre histoire. Evidemment, Mohamad Amin sait tisser de bons scénarios et tourner de bons films, mais le sens de l’humour ne plaira pas à tous : le fait de vouloir toucher un tout-public peut amener à l’échec : on rate tout.
Ici, l’humour noir c’est la fantaisie excessive du film qui peut dérouter. On peut reconnaître l’effort du scénariste-réalisateur à nous embarquer dans une histoire complètement satirique, mais on n’arrive pas à prendre le train en marche dans certaines scènes. Surjoué, avec nombre de situations exagérées et grotesques, le film laisse une grande part des spectateurs sur leur faim.
Côté interprétation : un casting adéquat pour de tels rôles, surnageant quelque peu, mais offrant dans leur majorité de belles performances. Une brochette de comédiens tous gagnants et sans grandes stars, à part un Khaled Saleh en tête d’affiche, mais dont le rôle est peut-être le plus terne de sa carrière.

Une mention spéciale doit être adressée à la bande-son signée Amr Ismaïl qui, malgré sa simplicité, n’a manqué ni d’éloquence, ni de matching avec les événements.

Fébrayer al-aswad reste un film de récréation qui manque d’envergure.

Une comédie corrodante et très second-degré qui fait le choix du burlesque en misant sur des situations et des personnages volontairement caricaturaux plutôt que sur des gags.

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