Jeudi, 25 avril 2024
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Une comédie sans éclats

Yasser Moheb, Mardi, 11 avril 2017

Grotesque et sans enchaînement, Bank Al-Haz (banque de la chance), nouvelle comédie avec le trio Mohamad Mamdouh, Akram Hosni et Mohamad Sarwat, n’offre rien de vraiment nouveau. Le scénario n’a aucun intérêt et les personnages sont trop caricaturaux.

Une comédie sans éclats
Mohamad Mamdouh (à droite) n'a pas convaincu.

Il y a une grande différence entre un acteur comédien qui sait faire rire, et un autre qui cherche à faire rire. Le premier est capable de faire rire les spectateurs, tout en gardant la puissance dramatique de les faire pleurer, alors que le second ne fait que glousser pour faire rire les autres à tout prix. Mohamad Mamdouh appartient à cette première catégorie, celle des talentueux acteurs comédiens. Toutefois les bons chevaux, eux aussi, trébuchent parfois.

Alors qu’il partage actuellement avec la star Nelly Karim l’affiche de la comédie sociale Bachteri Raguel (je cherche un homme), encore dans les salles, avec des chiffres de plus en plus galopants dans le box-office, il porte de nouveau la casquette du comédien, et au cours de cette même saison cinématographique transitoire, avec Banque de la chance. Cependant, le même grand succès n’est malheureusement pas au rendez-vous.

En voyant le synopsis, on s’attend à une histoire intéressante avec un minimum de crédibilité. Il s’agit là de l’histoire de deux collègues qui travaillent dans une même banque, Saleh (campé par Mohamad Mamdouh) et Amr (joué par Akram Hosni), et qui font face à des problèmes avec la direction de la banque. Ils décident d’attaquer la banque à main armée à la date prévue du renouvellement du système de sécurité. Ils se servent d’un tiers – Mohamad Sarwat – mais, vu la malhabileté des membres du trio, ils n’arrivent pas à réaliser leur but.

Une petite histoire donc, apparemment riche sur le plan dramatique, mais malheureusement exécutée sans aucune saveur. Dès les premières scènes et les premières répliques du dialogue, on se rend compte que ce n’est pas la comédie tant annoncée, avec un Mohamad Mamdouh en l’absence totale de sa performance et de son aura.

Le scénario du film est trop simpliste, avec du déjà-vu assez piquant dans l’oeil ! Une trame qui tourne en rond pour devenir un simple enchaînement de facéties et d’effets verbaux qui cherchent à faire rire sans aucune originalité. Néanmoins, cette série excessive de gags ne suffit pas à masquer les profondes lacunes du scénario.

Tourner en rond
Tout le long de ces 50 minutes, le film condense le suspense feint et les aventures les unes plus ridicules et plates que les autres. On a du mal à saisir où l’oeuvre veut nous emmener avec cette histoire sans intérêt et débordante de clichés.

Les personnages sont grotesques, ils ne font jamais rire. Les dialogues sont aussi désavantageux qu’ennuyeux. Ce qui fait rire c’est l’absurdité des personnages, l’illogisme du scénario, ainsi que le reste. Il n’y a vraiment rien à sauver dans ce film. Les séquences bouffonnes s’enchaînent incessamment et les poncifs s’assument sans honte ni besoin dramatique.

Le réalisateur Ahmad Al-Guindi, connu pour ses comédies assez réussies avec Ahmad Mekki, dont les films Tir Enta (envole-toi), La Taragoe Wala Esteslam (pas de résignation ni soumission) et la série télévisée Al-Kébir Awi (le très grand), vient dans ce film sans aucun élément pour plaire à ses fans. Sa réalisation est trop simpliste au point qu’il prend le risque de tout rater. Seule la bande musicale signée Madi et la chanson principale composée et performée par le groupe musical Sharmouvers essaient d’offrir au film un ton d’action et d’aventures. Mais on s’attendait à une oeuvre plus compacte et plus plaisante par le réalisateur et le producteur doué Tareq Al-Eriane, qui a décidé bizarrement de produire le scénario de cette comédie terre à terre.

Attaquons-nous maintenant à l’un des gros problèmes de ce film : l’interprétation. Bien que les acteurs principaux aient presque tous prouvé qu’ils pouvaient être bien meilleurs que ce que laisse supposer le film, on a la sensation que tous se sont passés la réplique pour jouer plus mal les uns que les autres. Même les deux invités d’honneur du film, Bayoumi Fouad ou Ahmad Fathi, ils ne sont pas du tout en forme, surtout à côté de quelques rôles secondaires qui ne servent strictement à rien.

Si Akram Hosni est le gagnant de cette rigolade, étant donné qu’il signe là sa première grande expérience au cinéma après sa courte participation au film Kalb Baladi (chien bâtard), Mohamad Sarwat, lui, reste sur le même échelon dans son bond professionnel, faisant rire tout en gardant les ingrédients de ses anciens plats et personnages. Reste le grand perdant du film, qui n’est que Mohamad Mamdouh. Ce dernier n’a même pas réussi à garder la sympathie et le charisme qui étaient les siens au cours des dernières années au cinéma comme à la télé. Une leçon qui restera assez importante pour lui, puisque la faute du maître est toujours multipliée par dix !.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique