Al-Ahram Hebdo : Quelle est la nouveauté du festival Hakawi ?
Mohamad Al-Ghawi : Pour rompre avec l’idée qu’un festival pour enfants est forcément banal, ludique ou sans grande importance, Hakawi a voulu sélectionner des participants sérieux, parmi des troupes professionnelles, de l’étranger et de l’Egypte. Celles-ci sont capables de porter l’Art, avec un grand A aux enfants. D’ailleurs, la 1re édition de Hakawi est née juste après la révolution du 25 janvier ; elle était centrée sur les contes. La première édition s’est déroulée au collège du Sacré-Coeur d’Héliopolis, pour éviter la routine et la précarité sécuritaire. Pour la 2e édition, ayant eu pour thème Les Langues, nous avons réussi à obtenir le soutien du ministère égyptien de la Culture, et donc on a présenté Hakawi dans les différents théâtres de l’Etat. En outre, nous sommes devenus des partenaires avec plusieurs ambassades étrangères. Cette année, la 3e édition était plutôt basée sur la musicalité et la rythmique.
— Est-ce la raison pour laquelle vous avez invité des troupes étrangères du genre Aga Boom et Le Sultan Bachus ?
— Les enfants en Egypte manquent de joie. Aga Boom et Sultan Bachus ont choisi de participer avec des pièces dont le thème va de pair avec le thème principal du festival cette année. Les membres de Sultan Bachus sont des spécialistes de la comédie musicale, un domaine rare de nos jours. La pièce Le Petit Vampire, au titre choquant, est simple, amusante et musicale. Pour Aga Boom, il s’agit d’un théâtre qui se sert du corps, dans ses mouvements scéniques, danse, voix et surtout musique improvisée. Aga Boom a été nommée pour l’Ovation Award dans la catégorie du meilleur spectacle de tournée dans le monde, vu par plus de 500 000 personnes.
— A l’ombre des circonstances actuelles que traverse l’Egypte, comment êtes-vous parvenus à réussir le festival ?
— Nous avions l’intention d’inviter beaucoup d’autres troupes étrangères. Certaines ont accepté et d’autres ont eu peur de venir. De plus, notre intervention à Alexandrie a été annulée pour des raisons sécuritaires. Les organisateurs de Hakawi ont voulu relever le défi et organiser le festival à la date prévue. On s’est contenté alors de présenter Hakawi au théâtre Hanaguer, dans l’enceinte de l’Opéra du Caire, malgré sa proximité de Tahrir. Le pays traverse une période de transition, et seuls les enfants ou les générations à venir seront capables de changer l’Egypte pour le meilleur. Laissez la politique aux hommes de politique.
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