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Balade dans les galeries du Caire

Najet Belhatem, Dimanche, 09 octobre 2016

Les surréalistes égyptiens, le monde de Gazbia Sirry de 1940 à nos jours, du Happy Art, de la calligraphie revisi­tée, des rêves en aquarelle, du col­lage pour pointer la réalité du doigt, et un Nil tout en couleur.

Balade dans les galeries du Caire

L’escale des surréalistes égyptiens
C’est un beau voyage que propose l’exposition tenue au Palais des qrts dans l’enceinte de l’Opéra du Caire. « Quand l’art devient liberté : les surréalistes égyptiens (1938-1965) » nous transporte dans le monde fantastique des icônes du surréalisme égyptien. L’intitulé de l’exposition fait référence à l’Association Jamaat Al-Fan wal Horriya (art et liberté) fondée en 1937 par le père du surréa­lisme égyptien, Georges Hénein, en réaction à l’immobilisme politique et aux carcans académiques et artistiques. Plus de 150 oeuvres dégagent une éner­gie intense, et provoquent un tour­billon de sensations diverses. La nature prend une dimension surnaturelle dans les tableaux de Ramsès Younan comme Landscape Totemic (1961). Les per­sonnages d'Ahmad Morsi sont plutôt des âmes que des corps. Notre coup de coeur va à son tableau Walking The Bird (1971). Devant l’oeuvre Man of Present Time (1966) d'Ahmad Moustapha, on se rend compte que la tourmente humaine qui en ressort est toujours d’actualité. Une grande partie de l’exposition est aussi consacrée à Samir Rafie, on retrouve ses chiens dans beaucoup d’oeuvres qui n'appar­tiennent pas à la mouvance surréaliste, mais on découvre également un superbe tableau intitulé Le Nid. C’est une superbe composition avec au centre un corps de femme dans une sorte d’enclos. Il faut également s’at­tarder devant le magnifique travail d'Ezekiel Barukh et Les Contemplations d'Inji Aflatoun. Juste un avant-goût d’un magnifique voyage artistique .

Palais des arts, jusqu’au 29 octobre. Voyage dans le monde de Gazbia Sirry

Balade dans les galeries du Caire
Ibrahim Khatab revisite l'art de la calligraphie.

Une rétrospective de l’oeuvre de l’artiste peintre Gazbia Sirry de 1940 à 2010. C’est l’autre grand évé­nement du début de la saison. Gazbia est une icône des arts plastiques égyp­tiens. Ses oeuvres ont été notamment exposées au Metropolitain Museum et dans plusieurs musées à travers le monde. La rétrospective traverse toutes les époques de l’artiste qui a consacré une grande partie de son tra­vail aux femmes. Durant son parcours artistique, elle diluait sur ses toiles, aux couleurs si maîtrisées, plusieurs époques de l’Egypte. C’est en cela que cette rétrospective est un point fort de la saison. C’est l’Egypte vue par l'une de ses femmes qui, de surcroît, est une artiste de renom mondial. A ne pas manquer
Galerie Zamalek, du 11 octobre au 7 novembre .

Mémoire vivante

Balade dans les galeries du Caire
Dina Al-Gharib joue avec les visages de la ville du Caire.

Ce sont les oeuvres d’un jeune artiste Ibrahim Khatab, qui explore les méandres de la mémoire à travers les détails de la rue. Il revisite également pour ce faire l’art de la calligraphie qu’il appose sur murs et troncs d’arbres. « Les pierres et les arbres gardent en eux les sentiments que les amoureux y ont gravés ». C’est comme si pour l’ar­tiste, ils devenaient les gardiens de la mémoire, des secrets et de la trace du temps .
Safarkhan, jusqu’au 10 novembre.

Les drôles de bonhommes d’Alex’n

Balade dans les galeries du Caire
Ahmad Morsi, plutôt des âmes que des corps.

C’est le Happy Art que propose la galerie Nile Art avec l’artiste peintre française Alex’n Nepele Pham. En 2002, elle crée les figures qui donne­ront un cachet à sa peinture : les bon­hommes cailloux. Son travail s’inscrit dans l’Art singulier. Dans cette exposi­tion, c’est l’Egypte qui est sa source d’inspiration. Elle peint ses impressions en usant de ces petits bonhommes à l’air jovial en jouant intensément avec les couleurs. Une belle échappée belle tout au long de 60 tableaux, où l’artiste a recours à plusieurs techniques dont l’acrylique, le collage et l’encre.
Nile Art, jusqu’au 13 octobre.

Les fenêtres de Dina Al-Gharib
C’est en usant de plusieurs tech­niques que Dina Al-Gharib jette son regard sur ce qui l’entoure. Des scènes urbaines, des images du quoti­dien, des symboles historiques elle tire l’inspiration pour prendre à contre-pied l’actualité. Des tableaux qui ressem­blent presque à des sketchs où déborde l’expression créative de l’artiste qui combine coups de pinceaux avec coups de ciseaux. Le collage est très présent pour donner à son style naïf toute sa profondeur. Elle joue avec les images visuelles de la ville du Caire, les tord et en ressort avec sa propre vision. Belle balade .
Galerie Misr, 4a, rue Ibn Zinki, Zamalek, jusqu’au 30 octobre.

Le Nil de Nadine Fievet

Balade dans les galeries du Caire
Gazbia Sirry, une icône des arts plastiques égyptiens.

L’artiste belge Nadine Fievet, qui expose depuis 1998, met toute son énergie dans la couleur. C’est ainsi qu’elle a abordé ses oeuvres qui ont constitué l’exposition Retour au Nil. De ce fleuve mythique elle a res­sorti des sensations véhiculées par des coups de pinceau aussi énergiques que l’eau qui y coule. Du vert, du bleu, du jaune. Les couleurs s’entre­mêlent puis se dégagent les unes des autres, créant un tourbillon visuel très actif. Les paysages sont là sans y être vraiment. Leur énergie dépasse leur présence matérielle. Un vrai tournis visuel tout en couleurs .
Galerie Cordoba jusqu’au 15 octobre, de 10h à 21h (sauf le vendredi).

Les tourbillons de Waguih Yassa
Pour les fans de l’art du portrait, c’est l’occasion de passer à la galerie Picasso qui consacre une belle exposition à l’artiste Waguih Yassa, maître incontesté de l’aquarelle. Pour lui, il ne faut pas considérer le portrait comme un art classique, car tout repose sur le regard de l’artiste et la touche qu’il veut bien y mettre. Mais Yassa est un artiste qui se renouvelle continuel­lement, et mis à part le portrait, il a une oeuvre riche en thèmes comme les natures mortes. Lors d’une exposition tenue il y a quelques années c’est les derviches tourneurs qui ont accaparé son intention. Pour cet artiste, ce n’est pas le sujet qui importe mais plutôt les couleurs et le mouvement qui s’en dégagent. L’exposition actuelle intitu­lée « Rêve » est pour lui une nouvelle exploration qui emporte dans un tour­billon de couleurs et de mouvements. (voir page Visages) .
Picasso, du 9 au 25 octobre, de 10h à 21h (vernissage à 19h, sauf le dimanche).

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