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Des couleurs qui donnent un sens à la vie

May Sélim, Dimanche, 22 mai 2016

La galerie Al-Massar accueille deux expositions, qui mettent en avant la vie politique et sociale de l’Egypte Résurrection de Salah Anani et La Comédie politique de Saroukhan. La première marque le retour de Anani à la peinture après 16 ans d’absence, et la deuxième nous fait redécouvrir le père des caricaturistes égyptiens.

Des couleurs qui donnent un sens à la vie
Le Chanteur, en peinture et en sculpture. (Photo:Bassam Al-Zoghby)

Depuis décembre 2000, Salah Anani n’avait pas tenu d’ex­position personnelle. Aujourd’hui, il expose à la galerie Al-Massar, et nous revient enfin observateur de l’actualité sociopolitique du pays, réunissant des scènes quotidiennes sur ses toiles aussi bien que dans ses sculptures. Il présente 37 oeuvres réalisées entre 1995 et 2016, sous le titre de Résurrection. De quoi suggérer son retour au monde des galeries, toujours sur un ton fort expressionniste.

Les toiles et les sculptures récentes de Anani sont plus mou­vementées. Les corps sont plus crispés, musclés et entrelacés. Ses oeuvres ne s’éloignent pas de son monde favori : la ruelle égyp­tienne. Mais cette fois, c’est une ruelle plus étroite et plus peuplée que l’on retrouve. « L’idée de la résurrection remonte aux Anciens Egyptiens. Elle a donné sens à leur existence. Pour moi, l’idée ne se limite pas au fait que l’âme quitte le corps et ensuite le retrouve, mais comporte aussi une connotation morale beau­coup plus importante, résumant la nature et le cycle de la vie lui-même. Les pharaons ont excellé dans la peinture murale et la sculpture colorée. A chaque fois que leurs oeuvres palissaient, ils les repeignaient et les recolo­raient, comme pour les ressusci­ter. Aujourd’hui, nous sommes dans un état de confusion et de distorsion que l’on n’a jamais connu auparavant. C’est pour­quoi on a besoin d’une résurrec­tion », estime Anani, dans le cata­logue de l’exposition.

L’espoir, malgré tout
Les couleurs criardes et gaies constituent un souffle de vie. Les traits des personnages ressem­blent réellement aux petites gens que l’on côtoie au jour le jour. Impossible de trouver une oeuvre qui rompt avec la réalité du quoti­dien. Malgré leur air maussade, les protagonistes des toiles La Gare Centrale, Le Fonctionnaire, Al-Ghouriya et Les Voisins de Dongol ont quelque chose de caricaturale, de comique. Ils sèment l’espoir à tout va et pro­posent des perspectives nou­velles.

Dans Al-Acheq (l’amant), les couleurs s’avèrent encore plus éblouissantes. C’est un person­nage heureux, arborant un grand sourire et fumant son narguilé.

Résurrection est plutôt un bai­ser chaleureux entre un homme et une femme. Le couple reprend vie en s’embrassant, surmontant la dimension de leurs corps aux formes cubiques.

Le tableau représentant La Révolution a été retouché plu­sieurs fois par l’artiste durant l’année 2011. Anani y a reproduit, à sa manière, tous les événements survenus à l’époque : les manifes­tations, les attaques contre les révolutionnaires, le drapeau égyptien, les slogans affichés, l’émotion des jeunes ...

Le Tribunal montre une scène d’actualité. On y voit les regards des avocats, ceux des juges, des magistrats et de l’accusé. Dans un sens de lecture verticale, le tableau propose une hiérarchie juridique frustrante où l’accusé semble condamné à l’avance.

On retrouve certains person­nages présents sur les peintures à l’huile, dans les sculptures en bronze. C’est le cas de Le Chanteur qui revêt l’aspect d’un pauvre artiste qui chante l’amour, malgré sa détresse.

Anani nous propose ainsi un voyage dans la ruelle égyptienne, parsemée d’antennes parabo­liques, à l’aide d’une palette riche et un trait sensible qui s’accro­chent à la vie l

Jusqu’au 5 juin, tous les jours de 10h30 à 21h à la galerie Al-Massar. 157 b, de la rue 26 Juillet, Zamalek.Tél. : 27368537.

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