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Chanter et rire, en toute simplicité

May Sélim, Lundi, 23 novembre 2015

Avec beaucoup d'humour, les membres du groupe musical Bassata (simplicité) se défoulent en chantant. Ils parlent de la patrie, du changement, mais aussi de l’amour et du beau temps. En concert le 27 décembre.

Chanter et rire, en toute simplicité
Les Bassatas en concert : de la musique et du rire.

Durant les concerts du groupe musical Bassata, on s’amuse, parfois même on éclate de rire. Le slogan affiché par les membres du groupe est « le chant en toute simplicité », d’où le nom de la troupe Bassata, qui signifie littéralement en arabe : simplicité.

Les musiciens évoquent le quotidien non sans humour. « On chante ce qui se passe ici chez nous. On chante l’amour, mais aussi plein d’autres choses », disent-ils à l’unanimité.

En tout, ils sont 8 musiciens qui ont lancé leur groupe en 2008 : Ihab Abdel-Wahed (chanteur, guitariste et compositeur), Marise Lahoud (chanteuse), Ihab Samir (violoncelliste), Amir Samir (violoniste), Hani et Raed Sika (percussionistes), et Michael Fouad (joueur de qanoun ou cithare orientale). Ils signent tour à tour des chansons satiriques, romantiques, patriotiques, souvent assez provocantes, confondant les divers genres musicaux. On y trouve du tarab (chant arabe classique), du funk, et autres. « Nous cherchons à nous éloigner de toute classification. On présente juste une musique qui nous ressemble et qui porte notre voix, celle des jeunes. Notre musique se veut simplement égyptienne et contemporaine », souligne Ihab Abdel-Wahed, compositeur, chanteur et membre fondateur de la troupe. « J’ai rencontré Nabil Lahoud il y a une dizaine d’années. Malheureusement, il n’est plus de notre monde. Ensemble, nous avons réussi à lancer notre formation musicale, celle dont j’ai toujours rêvé. La fille de Lahoud possède une très belle voix ; elle a pas mal d’amis qui s’intéressent également à la musique. Petit à petit, notre cercle s’est élargi. Chanter et jouer de la musique ensemble fait un peu partie de notre mode de vie. Cela dit, notre groupe se compose d’amis, de voisins, etc. Certains de nos musiciens appartiennent à la même famille. Nous nous adressons au public comme si nous chantons entre nous, dans des rassemblements d’amis », explique Ihab Abdel-Wahed.

Et pour mieux se rapprocher du public, ces interprètes évoquent des histoires, des problèmes de tous les jours, avec l’aide des jeunes paroliers Islam Hamed, Sami Al-Refaï et Mohamad Sarhan, dont les chansons sont touchantes et parsemées d’humour.

Un ton plus positif
Avant la révolution du 25 janvier 2011, les chansons de la troupe étaient souvent remises en question par les autorités égyptiennes, car jugées assez provocatrices. Comme toutes les troupes underground, Bassata souffrait de l’ordre établi, de la stagnation. « Il faut préciser que les troupes underground se sont épanouies avec la révolution. Plusieurs d’entre elles ont par la suite connu une notoriété. Et l’étiquette underground a perdu sens », indique Abdel-Wahed. Et d’ajouter : « Avec la révolution, nos paroles et nos points de vue ont changé. Aujourd’hui, on ne se limite pas à critiquer la société. On ne cherche pas à en donner une vision pessimiste, bien au contraire, on a besoin de faire souligner les aspects positifs du pays, d’apprendre aux autres à mieux apprécier la vie, en réaction aux conditions difficiles ».

Tassahil (facilitation) est le tube récemment chanté par la star syrienne Assala, et les membres de Bassata. Il est signé par le compositeur du groupe, Ihab Abdel-Wahed, et s’inscrit dans cette même lignée de chansons qui ressemblent à la vie, oscillant entre joie et détresse. « C’est une expérience marquante dans le parcours de Bassata, parce qu’elle nous a permis de nous adresser à un public différent, beaucoup plus large que le nôtre », précise Abdel-Wahed.

Kaddab (menteur), Halna Hal (de mal en pis) sont deux autres chansons, à l’esprit moqueur. La première évoque l’état d’une personne qui ne fait qu’énumérer les tares du pays ; il en rit tout en jouant avec les mots.

Parfois, le groupe a recours aux paroles d’Ahmad Fouad Negm ou de Salah Jahine, deux grands poètes du dialecte, afin de présenter des sketchs délirants. Ainsi, le poème humoristique de Negm, Kalb Al-Sett (le chien de la dame), se transforme en un sketch chanté par Marise Lahoud et Ihab Abdel-Wahed. Ceux-ci nous transmettent, à travers d’autres chansons, la tendresse de l’amour, loin des clichés. Puis, les autres membres du groupe invoquent l’amour de la patrie sous toutes ses formes, dans Hila (allons-y), Ana Men Masr (je suis d’Egypte) et Agdaa Nass (ces braves gens). De temps à autre, ils font appel au changement, au lendemain de la révolution.

Pour leur prochain concert, Bassata a prévu un mini-show familial, regroupant les deux frères Raed et Hani Sika qui se prêteront à l’improvisation, faisant dialoguer les divers instruments de percussions. En 2016, ils comptent lancer un premier album, offrant leurs meilleurs singles, composés depuis 2008.

Le 27 novembre à 20h, théâtre en plein air, à l’Opéra du Caire.

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